Mettre en place un appui technique à même d'accompagner l'opérateur agricole marocain est un des principaux points focaux du Plan Maroc vert (PMV). Vendredi dernier, Aziz Akhannouch, le ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime, a semé les nouvelles graines de ce qu'il faudra désormais désigner sous l'appellation de Conseil agricole. Il s'agit en effet d'une nouvelle stratégie d'accompagnement des agriculteurs et de transfert du savoir-faire agricole sur le terrain. Trois grands axes, définis par le département de l'agriculture, constituent ce plan d'action. Le premier porte sur le développement du conseil agricole privé. Il est en général assuré par des cabinets spécialisés au secteur et qui interviennent auprès des opérateurs agricoles, sous forme de prestations de services. Par développement, faut-il comprendre la mise en place d'un cadre légal réglementant cette profession, ainsi que le financement par l'Etat d'une partie des prestations de ces structures auprès des agriculteurs. L'idée est de favoriser la pluralité des acteurs du conseil agricole, afin de stimuler leur performance et d'en améliorer les services. «Nous comptons ouvrir le champs aux opérateurs privés, pour qu'ils puissent dispenser une expertise adaptée à chaque projet», explique Akhannouch. La «main» de l'Etat Le deuxième pilier de cette nouvelle stratégie repose sur «la redynamisation des services de l'Etat. Cela devrait se faire à travers la modernisation des structures, la restructuration du réseau autour de 16 centres régionaux, ainsi que le renforcement et la formation des effectifs de conseillers agricoles sous tutelle du ministère. À cela s'ajoute aussi un important effort de communication et de gestion des connaissances dans le domaine agricole», précise le ministre. L'objectif est de redéfinir l'importance et la place du service public de l'Etat, dans l'encadrement des agriculteurs. «Des moyens technologiques nécessaires pour y parvenir seront déployés, avec un appui financier assuré par le Fonds de développement agricole (FDA)», ajoute le ministre. Last but not least, en troisième lieu de cette nouvelle stratégie, figure la responsabilisation des instances représentatives des agriculteurs, en l'occurrence les Chambres et interprofessions de filières. Le ministère proposera ainsi à chacune de ces structures, une feuille de route bien définie, sous forme d'un engagement contractuel. «Cet engagement devrait mener ainsi, à termes, au renforcement de la coordination globale du dispositif», comme le souligne Akhannouch. En résumé, ce plan d'action devrait permettre, d'une part, à l'Etat de continuer à garantir un service public de proximité et d'autre part, à réguler et inciter le développement du conseil agricole privé. Optimisme réservé Evidemment, le lancement de cette nouvelle est loin de déplaire aux représentants de filières et de Chambres d'agriculture. Mais cet optimisme est bien mesuré, voire très réservé, avec un air assez partagé de wait and see. Faut-il en effet savoir que ce plan d'action est proposé pour apporter des corrections à plusieurs dysfonctionnements qui caractérisaient le système de vulgarisation. On va devoir attendre la mise en place de tous les moyens et actions que le ministre vient de nous proposer, pour en juger l'efficacité. Cela devrait de toute façon permettre une réorganisation de la vulgarisation et cesser la déperdition de temps et de moyens. «Il y a beaucoup de lacunes de coordination, de financement et de moyens humains et matériels à combler», nous confie Khaïr-Eddine Soussi, le président de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (Fisa). C'est une nouvelle façon de voir, une nouvelle méthode de faire les choses, surtout concernant le fait d'inciter au développement du conseil agricole», commente un représentant de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural (Comader). On ne refuse pas un conseil, encore faut-il savoir bien l'administrer. S.F