C'est peut être l'un des plus grands mérites qui feront que le Mouvement des jeunes du 20 février restera gravé dans les annales de l'histoire du Maroc. Celui d'avoir provoqué le débat sur les perspectives du Maroc de demain. Après la sortie de la CGEM, qui s'échine à trouver la recette miracle pour booster la croissance économique, jalon de tous les espoirs, et celle encore hésitante de la classe politique, interpellée pourtant au premier plan, c'est au tour des structures socio économiques d'entrer dans l'arène du débat public de l'après 20 février. Dernière en date, celle du Centre des jeunes dirigeants (CJD) est sur le point d'adresser une «lettre ouverte au futur gouvernement, aux acteurs socio économiques et à qui de droit». En marge de cette initiative, le directoire du CJD, a animé une conférence de presse, jeudi à Casablanca, en vue de décliner les principaux axes de leurs propositions. Dans une tentative de se démarquer pourtant du Mouvement du 20 février qu'il souligne avoir accueilli avec «confiance et sérénité», reconnaissant toutefois qu'il a été «impulsif», le CJD a plutôt lié le fil conducteur de leur initiative par la conjoncture du moment qui fait pression. Un contexte qui fait suite aux effets pervers de la dernière crise économique, qui a indirectement touché le Maroc en raison de la fragilité de son tissu industriel majoritairement dominé par les TPE/PME. Une manière prudente pour les jeunes entrepreneurs de se focaliser sur les aspects socio économiques des revendications exprimées par les jeunes du 20 février, plongés dans une «incertitude en raison de la conjoncture internationale actuelle». Certes, le CJD reconnaît les avancées significatives enregistrées par le royaume, ayant permis de contenir la situation, mais estime toutefois que le Maroc est encore à la traîne sur d'autres aspects sur lesquels il urge d'accélérer les réformes. C'est dans cette convergence que s'inscrit la contribution du CJD, qui préconise, selon son président national, Driss Belkhayat «une économie au service de l'homme pour une performance globale». Même si les 13 mesures que préconise le CJD ne sont pas toutes originales, celles mises en avant pour justifier leur pertinence se démarquent par certains aspects qui forcent le respect. Prônant une méthode qui procède plus d'une logique de la recherche de «solutions que de problèmes», le CJD s'est dit porteur «d'un projet concret et expérimenté ainsi que des réflexions nouvelles en conformité avec les nouvelles donnes, les possibilités et les réalités de notre pays». Une initiative assez ambitieuse à première vue et qui nécessite un partenariat entre tous les acteurs institutionnels, publics et privés afin d'apporter des solutions permettant de garantir une reprise économique pérenne, une progression de la croissance et une forte stimulation de l'emploi des jeunes. Une économie au service de l'homme Booster la croissance est une chose, la faire coïncider avec les aspirations des citoyens en est une autre. Et c'est là que se démarque l'approche de la recette concoctée par le CJD en perspective de l'émergence économique. Et pour converger les deux volets, les propositions du CJD ont été toutes marquées d'une volonté d'orienter la dynamique actuelle vers une performance globale «qui n'a de sens que lorsqu'elle est économique, sociale et sociétale». Parmi les mesures phares et innovantes, figure d'ailleurs l'instauration d'un label dédié à cette culture au sein des entreprises publiques et privées. Une mesure adossée à la mise en place d'un impôt sur la succession, hors actifs productifs, afin non seulement d'augmenter les recettes fiscales et les affecter à des investissements productifs «de forte valeur ajoutée et de forte dimension technologique». La stimulation de l'investissement est, en effet, l'un des aspects prépondérants des mesures préconisées par le CJD, afin de les orienter vers de nouvelles niches, capables de relever le défi de l'emploi, surtout des couches vulnérables et de la croissance économique. Le CJD, va même plus loin dans ce sens, en préconisant la mise en place de mécanismes nécessaires, encourageant le rapatriement de fonds à l'étranger «pour les réintégrer dans les circuits formels de l'économie nationale». En ligne de mire, les 1,6 milliard de dollars dévoilés par la Banque mondiale qui circulent hors du Maroc. L'autre aspect qui se dégage de la lecture de la lettre du CJD, c'est l'attention accordée à l'émergence économique, à travers le soutien au secteur des TPE/PME, afin qu'il puisse servir de tremplin à la création d'emplois pour les jeunes. Première promotion en ce sens, la validation et le lancement, avant la Loi de finances 2012, du statut de l'auto entrepreneur, un levier important pour la «libéralisation des énergies et la création immédiate d'emplois». Pour les TPE/PME, le CJD estime nécessaire de rédynamiser leur accompagnement à travers des mesures plus audacieuses, à l'instar de l'octroi d'un bonus pour toute création d'entreprise. Et pour susciter un engouement à la culture entrepreneuriale chez les jeunes principalement, sans quoi la mesure n'aura point d'intérêt, le CJD propose de généraliser au niveau de tous les échelons du cycle de formation, les méthodes de stimulation à l'esprit d'initiative et entrepreneuriale, dont les expériences pilotes menées par le CJD et d'autres partenaires, ont permis d'atteindre des résultats assez probants. En vue de pérenniser et d'assurer la viabilité et la compétitivité de ces initiatives, il sera nécessaire selon le CJD, de mettre en place des fonds d'amorçage, aux niveaux national et régionaul au profit des jeunes créateurs d'entreprises, instaurer et veiller au respect d'un «quota marchés publics» pour les PME/TPE. Et pour garantir le succès de ces mesures, le CJD n'a pas occulté la moralisation de la gestion du processus, notamment le renforcement de la lutte contre la corruption à travers l'adoption d'une loi qui protégera les dénonciateurs ainsi qu'un contrôle efficace de la déclaration de patrimoine. À cela s'ajoute l'éternelle question de la réforme de la Caisse de compensation afin, selon les jeunes décideurs de lui rendre sa fonction première, celle de «servir les plus faibles». Un joli paquet de mesures en somme qui ne manquera pas de susciter les débats aussi bien dans les cercles politiques et les milieux des affaires, en cette période où la recherche de «la recette miracle» est devenue l'une des priorités des pouvoirs publics.