Faire le trajet Tanger-Casablanca en 2 h 10 mn, montre en main sera bientôt possible. La signature tant attendue du nouveau contrat-programme entre l'Etat et l'Office national des chemins de fer pour la période 2010-2015 s'est concrétisée lundi dernier, scellant ainsi le financement du projet de Train à grande vitesse (TGV). Un investissement conséquent de 33 milliards de DH a été consenti, dont 20 milliards de DH réservés au projet TGV. Un projet dont le choix ne s'est pas fait au hasard, comme l'a précisé Karim Ghellab lors de la cérémonie de signature du contrat-programme : «Nous avons réalisé une étude de rentabilité socio-économique qui a identifié le TGV comme meilleur choix possible, et c'est à partir de là que nous avons lancé une étude de faisabilité qui a donné ce schéma directeur». Une démarche bien réfléchie donc, qui a abouti à un montage financier dans lequel l'Etat participe à hauteur de 4,8 milliards de DH. Le reliquat est partagé entre le Fonds Hassan II pour le développement économique et social (1 milliard de DH), des dons européens (1,9 milliard de DH), ainsi que des prêts consentis à un taux préférentiel, dont le montant s'élève à 12,3 milliards de DH. Les 50% de ce budget iront aux infrastructures, contre 5,6 milliards de DH dédiés à l'équipement du réseau ferroviaire et 4,4 milliards de DH réservés au matériel roulant. «Les contrats de financement sont en cours de préparation, de même que le décret d'utilité publique», a précisé le ministre de l'Equipement et du transport. Cela devrait se faire dans les mois à venir, pour donner le coup d'envoi des travaux en juin 2010. La ligne sera opérationnelle dès décembre 2014, d'après le ministre de tutelle, mais ne sera ouverte au public qu'en décembre 2015, le temps de réaliser les tests de sécurité inhérents à ce type de projet. La dimension maghrébine n'est pas en reste L'ONCF table déjà sur un trafic de 8 millions de passagers dès la mise en service du TGV, pour atteindre 133 millions sur l'ensemble du réseau à l'horizon 2035. Car le projet s'inscrit dans la durée et anticipe sur les développements à venir. Si l'intérêt socio-économique de relier en 2 heures des pôles de compétitivité comme Tanger et Casablanca est évident, avec ce que cela représente en termes d'opportunités économiques et de création d'emplois, le projet se distingue également par sa dimension stratégique. Ainsi, en plus de l'axe atlantique, une seconde ligne à grande vitesse aura pour destination Oujda, «dans la perspective de s'intégrer dans le futur réseau maghrébin à grande vitesse», a signalé Karim Ghellab, pour qui le TGV est un moyen concret de développer un pôle économique maghrébin unifié. En attendant la concrétisation de cette «vision maghrébine», un département dédié à l'exécution du projet est en cours de création au sein du ministère de l'Equipement et du transport. Fait intéressant : ce département inclura une cellule d'accompagnement technique composée de 60 ingénieurs, 40 marocains et 20 français, dans le cadre d'un transfert de compétences permettant d'assurer la maintenance du projet dans des conditions optimales. Karim Ghellab n'a pas omis de rassurer les futurs utilisateurs sur le prix des tickets, qui «prendra en compte le pouvoir d'achat des Marocains», tout en signalant que le projet TGV permettra de dégager une rentabilité socio-économique de 12,8%. Nouveau train, nouvelles adaptations Le projet du TGV est certes le plus significatif dans ce contrat programme, mais un autre volet, portant cette fois sur la modernisation du réseau actuel de l'ONCF, n'est pas à négliger. 13 milliards de dirhams seront ainsi alloués au développement technique du réseau ferroviaire, avec notamment l'installation de nouvelles voies sur les lignes de TangerKénitra et de Rabat-Casablanca. À cela s'ajoute aussi deux nouvelles gares – une à Rabat et une seconde à Casablanca – spécialement dédiées au TGV. Ces projets viennent compléter ceux concernant la rénovation du parc roulant de l'Office, d'ici 2011. En effet, pour rappel, l'Office vient de se lancer dans un vaste programme de rénovation de 300 voitures qui assurent actuellement les longues liaisons vers Marrakech, Fès, Tanger et Oujda, soit la totalité des trains en circulation. Ce projet de rénovation coûtera à l'ONCF la somme de 2 millions de DH par voiture, soit un investissement global de 600 millions de DH pour les 300 voitures concernées.