Les professionnels espagnols de la pêche ont poussé un «ouf» de soulagement. Leur mobilisation en faveur de la prorogation de l'accord de pêche a fini par donner des résultats. La ministre espagnole en charge du portefeuille, Trinidad Jimenez, espérait une prolongation d'un an, tout comme les professionnels d'ailleurs. La reconduction à laquelle sont parvenus les deux partenaires laisse entrevoir de bonnes perspectives pouvant conduire à un accord en bonne et due forme. Toutes les instances européennes se sont mobilisées et le lobby espagnol n'a épargné aucun effort pour que la décision tombe avant que l'accord ne prenne fin. La ministre espagnole de tutelle n'a pas caché sa satisfaction suite à cet heureux événement tant attendu par les professionnels espagnols de la pêche. Ces derniers ont remué ciel et terre pour que leur activité ne subisse aucune interruption et ont fini par avoir gain de cause. D'ailleurs, la Commission européenne a apaisé les doutes des armateurs européens en précisant que la loi a un effet rétroactif. De sa part, la ministre espagnole s'est voulue rassurante. Rosa Aguilar a déclaré que la flotte pourrait continuer à exercer tout en préparant le futur accord avec plus de «garantie» et de «tranquillité». «Nous avons devant nous un an pour conclure un bon accord de pêche entre le Maroc et l'UE qui sauvegarde les postes de travail et donne de la sécurité à notre flotte afin qu'elle puisse développer son activité professionnelle», a souligné Aguilar tout en promettant de travailler d'arrache-pied dans ce sens. Reste qu'au moment où le département marocain de la pêche maritime parle d'une reconduction de quatre ans, les Espagnols n'évoquent qu'une prorogation d'un an. Une décision «absolument positive» Le Maroc met en avant le renouvellement de l'accord alors que l'Espagne ne parle que de la prorogation du protocole lié à l'accord laissant ainsi entendre que rien n'est encore joué pour le grand deal. Car selon les dires des responsables espagnols, la flotte espagnole pourra pêcher dans les eaux marocaines jusqu'au 27 février 2012. Cela trouve son explication dans la décision des 27 de donner le feu vert à la Commission européenne pour négocier avec le département de Aziz Akhannouch une prorogation «limitée» et «temporaire», dans l'objectif de disposer de plus de temps permettant de négocier un nouvel accord entre les deux parties, rapporte la presse espagnole. Les déclarations des armateurs espagnols versent dans ce sens. Le vice-président de la confédération de la pêche, Pedro Maza, a expliqué qu'aucune interruption n'affecterait l'activité de la flotte. Maza s'est félicité de cette prorogation, en la considérant « très positive » et a espéré que ce premier pas soit une base de négociation d'un nouvel accord durant 2011. La fédération provinciale des pêcheurs de Tenerife a également applaudi la décision des deux partenaires. Son président, Vicente Rivero, a considéré cette action comme «absolument positive», vu la dépendance historique de la flotte des Îles Canaries des eaux marocaines. Selon sa déclaration, les pêcheurs considèrent cette nouvelle comme une bouffée d'oxygène qui pourrait déboucher sur un renouvellement effectif de l'accord en 2012. Certes, la nouvelle a fait plus d'heureux que de contestataires, contrairement à l'accord agricole, mais des voix se sont tout de même élevées pour dénoncer un accord qui ne respecte pas le droit international. L'événement est l'occasion bénie des pro-séparatistes pour remettre sur le tapis le conflit du Sahara. Le parti Union Progrès et Démocratie (UPyD) a déposé une proposition pour amener le gouvernement espagnol à rejeter tout accord incluant dans ses clauses les eaux des provinces du sud. Pour apaiser les tensions, la Commission européenne a assuré que cette prorogation d'un an est conditionnée par l'examen de la situation des ressources halieutiques marocaines et l'impact de l'accord sur la région du sud. Interrogée par les députés sur la question de la légalité de l'accord et ses retombées sur les provinces du sud, Trinidad Jimenez a tenu à préciser que le conflit n'a rien à voir avec l'accord de pêche, d'autant plus que l'accord de pêche est conforme au droit international. La chef de la diplomatie espagnole a rappelé que dans les rapports élaborés par l'Espagne et le Conseil européen à l'heure de la ratification, en 2007, de l'accord en vigueur, les experts ont reconnu l'absence de toute vulnération du droit international. «Ce qui a été légal il y a 4 ans est-il devenu illégal aujourd'hui ?», s'est interrogé Jimenez aux édiles pour couper court à la surenchère politique sous la coupole, sport favori des élus espagnols.