Oui à la pêche, non à l'agriculture. C'est le slogan qui résonne actuellement en Espagne. Au moment où des associations des professionnels de la pêche se livrent à une course contre la montre pour convaincre la Commissaire européenne à la Pêche, Maria Damanaki, de proroger l'accord de pêche, les associations agraires campent toujours sur leurs positions en fustigeant l'accord agricole. Pour ce qui est de l'accord de pêche, tout porte à croire que Damanaki se pliera à la demande des officiels et des professionnels espagnols à propos de la prorogation. Selon l'agence espagnole EFE, la Commission européenne proposera ce vendredi un projet dans lequel il est question de prolonger l'accord durant «un temps limité» pour permettre à la flotte européenne de continuer de pêcher dans les eaux marocaines. L'information, si elle se confirme, fera des heureux en Espagne. Le pays fait des mains et des pieds pour trouver une issue favorable à ce sujet. L'Espagne a officiellement demandé à Damanaki une prorogation immédiate de l'accord de pêche qui expire le 27 février dernier. Lundi, la ministre espagnole de la Pêche, Rosa Aguilar, s'est réunie avec la chargée du dossier au sein des instances européennes pour évoquer la nécessité de prolonger le plus tôt possible le pacte, du moins durant un an de plus. «Tenant compte du peu de temps qui reste, la prorogation est très importante pour l'Espagne et pour l'UE aussi, et ce dans une perspective globale et non seulement maritime», a-t-elle déclaré à l'issue de cette réunion. Rosa Aguilar a estimé que si l'accord est prorogé pour deux ans, cela serait beaucoup mieux. «Cette prorogation donnera de la tranquillité et un temps nécessaire pour un dialogue suffisant dans l'objectif d'atteindre un nouvel accord satisfaisant pour toutes les parties», a-t-elle jugé. Concernant le sujet de discorde, la ministre a nié avoir abordé avec Damanaki l'exclusion des eaux des provinces du Sud de l'accord. Aguilar a indiqué que Damanaki travaillait à une vitesse de croisière pour arriver à une proposition au sein des institutions de l'UE. La fièvre anti-accord agricole résiste De son côté, Damanaki avait annoncé qu'elle planchait sur un document qui permet la prorogation comme option probable. Une fois le projet sur le devenir de l'accord présenté par la CE, le texte doit être approuvé par le Conseil des ministres de l'UE et le Parlement européen. Rosa Aguilar est persuadée que le bout du tunnel est proche, n'excluant pas l'obtention de quelques résultats positifs sous peu. Parallèlement à cette mobilisation très active en faveur de l'accord de pêche, la fièvre anti-accord agricole ne tombe pas. Des groupes parlementaires ont déjà manifesté leur volonté de ne pas le ratifier. Cette position est intervenue après la diffusion d'un rapport d'un groupe de juristes du PE qui ont montré leur scepticisme quant à l'impact de l'accord sur les populations des provinces du Sud. Les responsables de la CE, eux, balayent d'un revers de main ces propos et préfèrent s'attarder sur les avantages du pacte agricole. Lundi, le directeur général de l'agriculture à la Commission européenne, l'Espagnol Silva Rodríguez, a déclaré que le nouvel accord agricole offrait des concessions aux produits européens, citant à titre d'exemple comment l'Espagne profite d'une position avantageuse pour ses exportations de conserves dans le cadre de ce traité. Le responsable européen a loué les efforts du Maroc lors des négociations, précisant que l'UE a pu obtenir de Rabat d'importantes concessions concernant des produits transformés européens, qu'ils soient agricoles ou maritimes. «Des concessions qui profitent à tous les pays de l'Europe et surtout les zones proches du Maroc comme l'Espagne», a-t-il soutenu. Sur une éventuelle révision du système de prix d'entrée, le responsable européen a signalé qu'à l'heure actuelle, la CE ne comptait rien modifier. Il n'empêche que la CE est en train d'étudier des possibilités dans ce sens, comme l'a précisé le responsable européen. Pour couper court aux doléances des agriculteurs espagnols, Silva Rodríguez a mis l'accent sur les efforts de la Commission européenne pour améliorer le contrôle des prix d'entrée à travers un processus instauré depuis des années déjà, ayant commencé lorsque l'Espagne ne faisait pas encore partie du club des Européens. Le Commissaire au commerce de l'UE n'a pas dérogé à cette tendance rassurante. Réuni à Bruxelles avec des représentants de l'association Asaja, laquelle regroupe les jeunes agriculteurs espagnols, Karel De Gucht s'est prononcé en faveur de l'accord agricole avec le Maroc en faisant référence à ses retombées positives sur l'économie des deux partenaires. Le voisin du Nord s'active pour proroger l'accord de pêche, mais fait de son mieux pour barrer la route à l'accord agricole.