Les patrons marocains demeurent prudents, mais confiants en un climat économique favorable. Ebranlés, certains plus que d'autres, par le climat de récession économique, ils restent pourtant optimistes quant aux perspectives d'avenir. Telles sont les conclusions du dernier sondage de la Confédération générale des entreprises marocaines (CGEM), réalisé par l'Institut français d'opinion publique (IFOP). Un sondage périodique, sous forme d'évaluations prospectives des trois prochains mois et réalisé auprès de plus de 600 patrons d'entreprises affiliés à la Confédération patronale. Ils sont, ainsi, 83% des patrons marocains à être optimistes quant au climat général des affaires au Maroc. Les pourcentages sont presque les mêmes quant il s'agit de questions spécifiques, relatives aux perspectives de leurs propres entreprises ou à leur secteur d'activité. Pour Mohamed Horani, président de la Confédération patronale, il est clair que la crise n'est pas parvenue à entamer le moral des dirigeants d'entreprises marocains, «malgré les effets réels de la crise sur l'économie nationale». Ce sont les secteurs de l'agriculture (91%), des services (87%) et de l'industrie qui déclarent des tendances positives. Le textile, lui, affiche toujours grise mine (48%). C'est d'ailleurs au niveau du textile habillement que le sondage a révélé une forte crise : plus de 50% des chefs d'entreprises y envisagent une baisse de leur chiffre d'affaires. Quant à la confiance dans la politique économique du gouvernement, ils sont 60% à y croire. Les effets de la crise ont la peau dure Le sondage de la CGEM révèle aussi que malgré l'optimisme des patrons marocains, ils demeurent toujours inquiets, en pensant à la crise actuelle (59%). Le secteur du textile revient encore en force en totalisant 74% des sondés inquiets quant à la conjoncture actuelle. Sur l'échelle régionale, Marrakech (68%) et Tanger-Tétouan (67%) sont celles où les patrons d'entreprise sont les plus inquiets. Autres faits marquants révélés par le sondage, un léger bond concernant les difficultés à trouver les bons profils à recruter. En effet, même si les dirigeants font preuve d'un certain attentisme en matière de recrutement, les difficultés rencontrées pour trouver les profils recherchés sont plus ressenties à fin octobre 2009 (10% au lieu de 9% à fin juin 2009). Ces difficultés concernent en premier lieu les techniciens et les managers de proximité. Par ailleurs, les chefs d'entreprise du Maroc entrevoient majoritairement une amélioration de la situation économique courant 2010 (+50%). Toutefois, près d'un sur quatre (+23%) juge que la crise ne se résoudra pas avant 2011. Un sondage de canapé ? La représentativité de l'échantillon du sondage d'opinion de la CGEM a été assurée par la méthode des quotas après stratification par taille d'entreprise et région. Une méthode «beaucoup plus fiable» selon la présidence de la CGEM. Les résultats présentés ci-dessus représentent ainsi la troisième vague de l'étude réalisée par l'Institut français d'opinion publique (IFOP) pour le compte la confédération patronale. L'IFOP s'est engagé à fournir 4 jets qui devraient coûter 240.000 euros. Le dernier jet devrait voir le jour prochainement. À terme, l'échantillon des entreprises à sonder sera porté à 1.800. Dans une précédente déclaration à la presse, un membre de l'équipe dirigeante de la CGEM avait dit, que le sondage de la CGEM a ceci de particulier qu'il n'est pas un «sondage de canapé», pour le différencier du classement «doing business». «Il s'agit plus d'un outil inédit pour suivre dans le temps l'état de l'opinion des patrons marocains sur l'activité et le climat économique au Maroc», a-t-il déclaré. Les éléments à surveiller Malgré cette tendance à l'optimisme, trois gros indicateurs doivent être surveillés selon l'IFOP: la concurrence déloyale et l'informel, l'aggravation de la crise ou encore le climat social. Les craintes par rapport à la concurrence déloyale sont plus ressenties dans le secteur du BTP et des transports. Et bizarrement, les difficultés de financement ou de resserrement de crédits n'ont pas été ressenties par la majorité des patrons. Seulement 10% (toujours dans les secteurs du BTP et du transport) ont déclaré que oui. Sur un autre volet, 52% des sondés disent ne pas être satisfaits de l'adaptation de la fiscalité aux besoins des entreprises, 56% sont mécontents de la réforme de la justice et du système judiciaire. Les chiffres grimpent à 63% des sondés insatisfaits quand il s'agit des aides et subventions en direction des entreprises et 67% pointent du doigt la lutte contre la corruption (notamment dans les secteurs du commerce et de l'agriculture). Parmi les résultats avancés par l'étude IFOP, il y a le fait que les patrons sondés ne sont pas satisfaits des syndicats patronaux (53%) et des syndicats des salariés (65%). Quant au dialogue social entre l'Etat, les syndicats patronaux et les syndicats de salariés, 53% des sondés disent qu'il «fonctionne mal».