Les participants au 1er symposium international sur la sécurité en Afrique ont appelé, samedi à Marrakech, à la création d'un réseau international de centres de réflexion actifs dans les domaines géopolitique et sécuritaire et au renforcement de la coopération internationale en matière de lutte contre le terrorisme. Au terme de ses travaux de trois jours, le symposium, organisé par la Fédération africaine des études stratégiques (FAES), a insisté sur la coopération entre les instances relevant de l'ONU, chargées d'apporter une expertise dans l'élaboration et le suivi des politiques de lutte contre la drogue. Les participants ont également plaidé pour le développement de la coopération internationale en matière de lutte contre le terrorisme et la tenue d'un sommet international sur les problèmes de piraterie. Après avoir appelé à faire de ce symposium une rencontre annuelle, les participants ont souligné la nécessité d'œuvrer pour le renforcement de la coopération internationale dans les domaines de la justice et de la police. La paix au prix de la démocratie Initié par la Fédération africaine des études stratégiques (FAES), ce symposium international, organisé du 27 au 30 janvier à Marrakech, a ainsi mis l'accent sur la question de la sécurité en Afrique. 150 participants entre chercheurs, politiciens et experts ont focalisé sur les enjeux géostratégiques liés étroitement à la sécurité : terrorisme, pauvreté, piraterie, catastrophes naturelles,... Pour Mohammed Benhammou, président de la Fédération africaine des études stratégiques, «les concepts de paix, sécurité, défense, tout en se recoupant, recouvrent chacun des champs d'analyse distincts». Selon lui, le concept de paix fait ici référence à la paix civile à l'intérieur des Etats et non à la paix relative à l'absence de guerre entre Etats. «La paix civile est le fruit de l'application des principes démocratiques dans les Etats de droit. Elle est l'aboutissement d'un cheminement démocratique, parfois long, semé d'embûches et sans cesse remis en question par la vie politique», argumente-t-il. Cependant, les experts participant à ce symposium, affirment que l'Afrique est victime de conflits, d'insécurité et de menaces, tout comme elle cherche à s'affirmer sur la scène internationale pour lutter contre le terrorisme après les événements du 11 septembre 2001. Devant cette situation, il importe de s'interroger sur les capacités du continent africain à faire face aux enjeux de paix, de prévention, de gestion et de résolution des conflits et de défense commune. Des poches de conflits L'état des conflits dans le monde indique nettement que l'Afrique figure parmi les continents les plus touchés. La typologie des conflits répertorie les principales catégories, notamment des conflits internes (les plus nombreux: Angola, Burundi, Casamance, Rwanda, Somalie...), des conflits interétatiques (Ethiopie-Erythrée, Cameroun-Nigéria), et des conflits régionaux (pays du fleuve Mano et des Grands Lacs). Les ateliers de travail du 1er symposium sur la sécurité en Afrique ont d'ailleurs porté sur plusieurs questions liées à la gouvernance et au développement durable et leurs rôles dans la naissance des conflits. Les intervenants ont été unanimes à s'accorder sur le fait que la lutte contre la pauvreté est surtout une affaire de croissance économique, elle-même fonction de saines politiques macroéconomiques impulsées au niveau national. C'est grâce à l'adoption de politiques nationales organisant la diffusion progressive des effets de la croissance sur l'ensemble de la population que la lutte contre la pauvreté sera efficace. Equilibrer les approches La paix et les vulnérabilités sécuritaires en Afrique ont été au centre des débats de la première journée de ce symposium international sur la sécurité en Afrique. Les différents intervenants ont fait remarquer que le continent continue d'être le foyer d'un grand nombre de conflits majeurs auxquels se greffent des menaces d'insécurité d'envergure transnationale ou transrégionale : soulèvements rebelles, trafics illicites, criminalité organisée, etc. Face à ce large spectre de vulnérabilité, les intervenants ont appelé à «mieux cerner ces réalités identifiées certes, mais encore pas assez connues, et se pencher sur les causes internes de ces menaces, ainsi que sur les facteurs extérieurs qui conduisent à ces conflits». Le général major Richard Sherlock, directeur de la stratégie, des plans et des programmes de l'armée américaine et représentant du commandement américain en Afrique (Africom), a relevé dans une déclaration à la presse que certaines régions constituent encore des foyers de terrorisme, de trafic de drogue et d'êtres humains en Afrique, affirmant que «l'approche sécuritaire à elle seule ne peut aider à la réalisation de la paix dans la région». Autrement et selon lui, les pays africains devraient adopter une approche englobant la diplomatie, le développement et la consécration de l'Etat de droit. Dans une déclaration similaire, Jennifer Towson, de l'Administration africaine au ministère britannique des Affaires extérieures, a mis l'accent sur l'intérêt qu'accorde son pays à la question de la sécurité en Afrique. Pour elle, les défis de l'Afrique sont liés à des facteurs internes et externes, dont les menaces sur la stabilité politique et celles des réseaux de trafic de drogue. Elle affirmera surtout que le Maroc, malgré son absence au sein de l'Union africaine, peut jouer un rôle primordial dans le renforcement de la paix et de la stabilité dans la région, comme en témoigne sa contribution efficace à trouver une solution à la crise guinéenne.