L'ONG américaine Human Rights Watch (HRW) a présenté hier à Rabat son rapport annuel sur le Maroc. Selon l'ONG, l'état des droits de l'homme s'est détérioré d'une façon générale au Maroc en 2009, même si le pays dispose d'une société civile dynamique et d'une presse indépendante. L'ONG avance que les «pouvoirs publics utilisent la justice pour corriger ceux qui transgressent les lignes rouges». Le rapport de 2009 sur le Maroc consacre une partie au Sahara et se focalise sur les activistes pro-Polisario. HRW a énuméré dans son rapport plusieurs aspects liés notamment à certaines «dérives de la lutte antiterroriste, le dépassement des délais de garde à vue des personnes soupçonnées de liens avec des groupes terroristes». Human Rights Watsh relève aussi «la non-application par le gouvernement des recommandations de l'Instance équité et réconciliation (IER), le comportement des agents d'autorité, l'attitude de la justice et les limites de la liberté d'association». Liberté de la presse Concernant le volet de la liberté de la presse, l'ONG juge que cette dernière est en régression en 2009, donnant comme exemple les derniers procès des supports Akhbar Al Yaoum ou Al Michaâl. Le rapport de HRW cite notamment l'affaire de Chakib El Khayari, le président de l'Association Rif des droits de l'homme, qui a été condamné à trois ans de prison «pour avoir dénoncé les réseaux mafieux de la drogue dans le Rif». HRW, impartiale ? Selon Eric Goldstein, directeur adjoint Moyen-Orient et responsable de HRW-Maroc, cette dernière ne prend pas parti pour les activistes pro-Polisario. D'ailleurs, l'ONG ne peut cautionner les actes de violence ou de vandalisme perpétrés par des activistes pro- Polisario. «Nous dénonçons de tels actes», précise Eric Goldstein. Le mois d'octobre dernier, plusieurs ONG du Sahara avaient vivement critiqué, dans une conférence de presse tenue dans la capitale, le rapport publié par HRW sur la liberté d'association au Maroc et notamment au Sahara. A en juger par les propos de Brahim Laghzal, sociologue et membre du CORCAS, «le rapport de HRW souffre de lacunes au niveau de la méthodologie, les outils de collecte des données n'obéissant pas au principe de la pertinence». Autre son de cloche du côté du politologue Abderrahim Manar Slimi. Selon lui, «le rapport sur le Maroc commence toujours par le Sahara, alors que celui sur l'Algérie ne mentionne pas les camps de Tindouf, d'où la pertinence de la question : est-ce que HRW est indépendante dans l'affaire du Sahara ?». Eric Goldstein se défend et souligne qu'«en 2008 nous avions publié un rapport sur les droits de l'homme à Tindouf et nous allons organiser une visite en 2010». Lors de la même conférence de presse, plusieurs représentants d'ONG marocaines ont critiqué le rapport de HRW. Des critiques refusées par Sarah Leah Wilson, directrice de HRW pour le Moyen-Orient, qui affirme : «Dans d'autres pays, on nous refuserait d'organiser une conférence comme celle-ci!». Human Right Watch a au moins le mérite de le souligner.