«Le festival de Khouribga, modeste lors de ses premières éditions, recueille déjà des encouragements sincères», s'excite Bouchaib El Messaoudi. En sa qualité de président de l'association du Festival international du film documentaire de Khouribga, ce spécialiste des maladies rhumatismales a déjà conçu sa propre motivation et celle de toute l'association pour voir ce festival voler de ses propres ailes. «Ce n'est pas moi qui le dis, mais des habitués des festivals du documentaire dans le monde qui nous ont comparé avec le prestigieux festival d'Ismaïlia... Sans doute pour l'énergie et l'ambiance bon enfant qui constituent notre première qualité», poursuit-il. Un évènement d'une telle envergure ne se réalise qu'avec la détermination et la persévérance des ses organisateurs. «Khouribga abrite déjà le festival du film africain. C'est dire que les composantes culturelles d'une manifestation de ce genre y sont bien représentées. Pourquoi pas alors un festival du film documentaire?». C'est la question que se pose aussi bien El Messaoudi que Habib Nasseri, le vice-président de l'association organisatrice. Un autre son de cloche, qui augure de la bonne volonté de faire de la province de Khouribga une assise du film documentaire. Mieux, ériger ce dernier - en plus du phosphate- en symbole qui représenterait désormais la ville de Khouribga. Un genre qui fait doublon! Le festival du documentaire de Khouribga (FIFDOK) et le festival international du documentaire à Agadir (FIDADOC) ont lieu tous deux en octobre, période de rentrée scolaire. Alors qu'il serait plus simple de collaborer, de meubler mutuellement une vie culturelle plutôt vide en films documentaires sur le reste de l'année, les uns comme les autres défendent leurs propres raisons de survie. «Ce serait effectivement une bonne idée d'agir dans la réciprocité en vue d'une plateforme intégrale destinée au documentaire. C'est tout de même une chose difficile à réaliser, à un moment où il est plus question de survie», admet avec une pincée de clanisme, El Messaoudi. Le temps de se retrousser les manches Les premières actions de l'édition 2010 sont déjà lancées. La compétition pour réaliser une affiche sur l'identité visuelle du festival, ainsi que l'appel à participation par l'envoi de films documentaires, viennent de commencer. Ouverte jusqu'au mois d'avril 2010 pour les affiches, la participation est accessible à tous pour peu que l'inspiration se base sur une idée de «rapprochement des civilisations», qui constitue le thème de cette édition prévue du 7 au 9 octobre 2010. En termes de participation, les deux compétitions sont ouvertes aux nationaux et aux internationaux «pour apposer différents regards, par l'image comme par la photo». Date limite de dépôt des films, le 31 mai 2010. «La tâche incombe ensuite à un jury, dont les critères de sélection sont de plus en plus exigeants sur le respect des conditions de participation, comparées à l'année dernière», explique El Messaoudi. Plus on grandit, mieux on fait les choses! «Des jurys, pour toutes les catégories de la compétition, sont attendus pour cette édition», se targue le duo organisateur. Les organisateurs du festival ont, en effet, convié dans la capitale du phosphate un jury pour la lecture du scénario, un autre pour la compétition officielle, un troisième pour la critique cinématographique et un dernier pour décider du prix supplémentaire à octroyer. Un genre pour tous ! Pour cette année, c'est la Syrie qui est honorée en tant que pays invité. Sans se cantonner dans une vision essentiellement puisée du monde arabe, (la Palestine était l'invitée de l'année dernière), le FIFDOK reste ouvert à toute participation et ne se limite pas à la seule projection passive de films documentaires. «Faire des projections itinérantes et partir à la rencontre de ceux qui n'auraient pas la facilité de se déplacer vers nous est notre cheval bataille. D'ailleurs, nous allons agir dans la continuité de la caravane cinématographique qui a été montée l'année dernière en faveur des villages de la commune de Ouled Issa», ajoute, pour plus de précision, le vice-président de l'association. Un volet académique que le festival tend, cahin-caha, à meubler par la tenue de colloques, d'ateliers de formation à la mise en scène du film documentaire, ainsi que par la projection d'un panorama de films hors compétition. «Le site Afifdok.org est déjà prêt à accueillir des demandes de participation ou de visite, que ce soit de la part des étudiants ou des réalisateurs marocains», informe El Messaoudi. Le festival attend également tout professionnel de l'image et de l'audiovisuel pour l'animation de colloques ponctuels, prévus à l'issue de chaque projection. Concurrence Le tout nouveau festival international de Khouribga vient (faire) vibrer une ville qui a déjà sa propre expérience dans le 7e art, sinon dans les arts en général. Des générations d'intellectuels du cinéma, du théâtre, de la culture, de la peinture ou encore du sport ont défilé dans la ville. Le ciné-club khouribgi est même parmi les premiers du pays. À la léthargie générale, le FIFDOK s'oppose et agit. L'année dernière, le festival a retenu avec peine 30 films candidats et 22 affiches. Pour le cru 2010, le festival s'y prend assez tôt et approche médias et institutions, d'abord pour véhiculer le message et de là, encourager une initiative à prendre forme. Enthousiastes, les organisateurs qui ont déjà reçu films et affiches pour cette année annoncent d'emblée une édition à l'image de leurs aspirations. Seul bémol, les moyens financiers de l'association ou encore les dotations de ses partenaires font encore défaut.