La société de bourse tunisienne, Tunisie Valeur, conseille de conserver le titre sur 2 à 3 ans. Le doute plane sur le mode de calcul des quotas d'importations Après l'éclatement de la révolution du jasmin en Tunisie, le doute plane sur le concessionnaire automobile tunisien coté à Casablanca, Ennakl, dont le principal actionnaire n'est autre que le gendre du président déchu, Benali. En effet, lundi 17 janvier, première séance de cotation de l'action après la révolution du jasmin (vendredi 14 janvier), a connu l'affluence en préouverture d'ordres de vente portant sur 500.000 titres, soit à peu près 20% du flottant de l'action. Cette situation a abouti à une réservation à la baisse avant même l'ouverture de la séance. De ce fait, aucune transaction n'a eu lieu. Pour rassurer les investisseurs, Tunisie Valeur, société mère d'Integra Bourse, vient de publier une note d'analyse, conseillant de conserver l'action pour un horizon de 2 à 3 ans. Ce qui n'est pas sans surprendre le marché, vu le manque de visibilité sur l'avenir de l'entreprise. Mais la société de bourse se veut rassurante, expliquant que les fondamentaux d'Ennakl sont «solides». «Ceux-ci ne peuvent se détériorer du jour au lendemain», expliquent les analystes de Tunisie Valeur. Le concessionnaire dispose, en effet, d'une situation financière saine, d'une trésorerie excédentaire, qui devrait effleurer les 530 MDH en 2010, qui s'adossent à une forte rentabilité des fonds propres, estimée pour 2010 à 66% et une croissance maîtrisée des résultats (+25% du résultat net 2010 à 165MDH). À la lumière de ces résultats estimés, les niveaux de valorisation du titre sont bas. Le titre traitant à 65 DH la veille de sa suspension, mardi dernier, affiche un PER de 11,8 (contre 25,2 de toute la place casablancaise) et un rendement de 5,4% (contre 2,9%). Sur le marché boursier tunisien, l'action a fait les frais des évènements nationaux, affichant une baisse de 21,6% depuis le début de l'année. Nationalisation, peut-être ! Ceci-dit, le sort de la société du gendre de l'ex-président Ben Ali, n'est toujours pas connu. Le scénario le plus récurrent, selon Tunisie Valeur, demeure celui de «la nationalisation» du concessionnaire unique des marques Volkswagen, Volkswagen Utilitaires, Audi, Porsche et Seat. Outre cet élément, Tunisie Valeur évoque le mode de détermination des quotas d'importation, qui faisait la force d'Ennakl. Sous le régime de Ben Ali, ce quota dépendait de la contribution des constructeurs automobiles dans la coopération industrielle. «Plus le constructeur étranger importe des composants automobiles de Tunisie, plus son concessionnaire local est autorisé à importer des voitures», expliquent les analystes de la société de Bourse, ajoutant que «ces acquis ne peuvent être mis en doute», et que la grande interrogation concerne la politique qui va être adoptée dans le futur : les quotas vont-ils être dépendants de la règle de compensation, y aura-t-il une ouverture des quotas ou bien adoptera-t-on une nouvelle pratique pour la fixation de ces quotas ? Les détenteurs des 3 millions de titres sur le marché marocain doivent ainsi prendre leur mal en patience, en attendant que le politique vienne répondre aux doutes du financier.