Trésorier général du Royaume Point de ralliement des acteurs de la finance publique, la 16e édition du Colloque international, tenue à Rabat par la Trésorerie générale du Royaume, les 1er et 2 novembre, a engagé une réflexion collective sur la cohérence des politiques de gouvernance. Dans une conjoncture marquée par de fortes pressions économiques, l'événement interroge les fondements théoriques de la stabilité budgétaire. Lors de la 16e édition du Colloque international des finances publiques, le président de la FONDAFIP, Michel Bouvier, a évoqué la nécessité de réguler le système financier public face aux chocs conjoncturels et exogènes. Comment comprendre cette nécessité de régulation aujourd'hui ? La régulation, comme l'a précisé Michel Bouvier, renvoie à une réorganisation des acteurs intervenant dans la sphère publique, tant au niveau central qu'au niveau local, mais également en intégrant les entreprises publiques. Elle implique une meilleure coordination des missions afin de garantir des services publics essentiels – santé, éducation, infrastructures – en mobilisant au mieux les ressources disponibles. Face aux défis contemporains, cette régulation devient cruciale pour harmoniser les actions et permettre une gestion qui allie efficience et équité. Pourquoi les dépenses publiques continuent-elles de croître alors même que les recettes peinent à suivre ? Les dépenses publiques sont soumises à une dynamique d'inertie budgétaire. Chaque année, les enveloppes allouées tendent à être reconduites, parfois même augmentées, pour répondre à une demande de service public en constante expansion. En revanche, les recettes, dépendent davantage des cycles économiques et de la capacité de mobilisation fiscale. Cette situation impose une gestion stricte et éclairée des priorités, pour s'assurer que chaque dirham public serve une finalité précise et cohérente. À quel niveau, le gouvernement et le Parlement partagent-ils la responsabilité de cette maîtrise des dépenses ? Selon la Constitution, le gouvernement et le Parlement ont, en effet, la responsabilité de maintenir un équilibre budgétaire qui assure la soutenabilité des finances publiques. Le gouvernement, majoritaire au Parlement, doit veiller à ce que le déficit public reste sous contrôle, pour préserver un environnement économique stable, propice aux emprunts et à la mise en œuvre des politiques publiques. Cette synergie institutionnelle vise à garantir une gouvernance des dépenses en ligne avec les engagements pris envers les citoyens, tout en maintenant une vision de long terme. Vous avez mentionné la transition vers un nouveau modèle de gestion des dépenses publiques. Qu'est-ce qui freine cette transition ? La volonté de réforme est bien présente, mais elle se heurte parfois aux logiques administratives et aux habitudes établies. La transition vers un modèle de gouvernance plus intégré nécessite une coopération accrue entre les administrations et les décideurs politiques, une gestion en rupture avec le cloisonnement des institutions. Ce modèle, tel que l'a défini Michel Bouvier, repose sur une «vue d'ensemble» du système financier public qui intègre non seulement les dépenses mais aussi les ressources, pour plus de cohérence dans l'action publique. Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ECO