Malgré les opportunités qui se présentent dans le domaine environnemental, le continent continue de subir douloureusement les effets du changement climatique, en plus de la conjoncture internationale marquée par les tensions géopolitiques. Des niches et des initiatives agricoles Les progrès réalisés dans le domaine de l'agriculture en Afrique sont assez encourageants, malgré les défis actuels. Le programme «Technologies pour la transformation de l'agriculture africaine» (TAAT) de la Banque africaine de développement, soutenue par la Fondation Bill et Melinda Gates, l'Alliance pour une révolution verte en Afrique, entre autres, commence à donner des résultats sur le terrain, dans des exploitations agricoles à travers le continent. Depuis son lancement en 2018, TAAT a contribué à fournir des technologies agricoles améliorées à près de 12 millions d'agriculteurs et a aidé à produire 25 millions de tonnes de nourriture. Les résultats obtenus au Soudan et en Ethiopie font date. En Ethiopie, les variétés de blé résistantes à la chaleur ont permis au pays de devenir autosuffisant en matière de production de blé. Selon la BAD, en seulement trois ans, les surfaces cultivées sont passées de 5.000 hectares en 2018-2019 à 645.000 hectares en 2021-2022. L'Ethiopie prévoit de devenir un exportateur net de blé vers Djibouti et le Kenya. Le Soudan a également cultivé les variétés de blé résistantes à la chaleur sur 317.000 hectares et a réduit de moitié ses importations de blé en seulement deux ans. Impact climat : Tirer les leçons du covid et de la guerre en Ukraine L'Afrique dépend encore des importations de denrées alimentaires alors qu'elle dépense chaque année plus de 75 milliards de dollars pour importer près de 100 millions de tonnes de denrées alimentaires. «L'Afrique ne devrait pas importer de denrées alimentaires. Elle devrait devenir une grande région productrice de denrées alimentaires et fournir ses excédents au reste du monde. S'il y a une chose que l'Afrique peut faire pour le monde, c'est de l'aider à se nourrir», s'insurge le président de la BAD. Et pourtant, la guerre russo-ukrainienne a affecté la sécurité alimentaire en Afrique. Elle a engendré une flambée des prix du blé et du maïs importés de Russie et d'Ukraine. En effet, l'Ukraine fournit 31% des importations de maïs de l'Afrique. En raison de la guerre, le continent n'est pas en mesure d'importer quelque 30 millions de tonnes de denrées alimentaires. Le continent, qui dépend également de grosses importations d'engrais en provenance de Russie et d'Ukraine, est aussi confronté à une crise des engrais, car les prix ont été multipliés par 2 à 4 depuis 2020, limitant fortement le pouvoir d'achat des gouvernements et des acheteurs privés. «Mission 1 pour 200» et «Sustain Africa» La Banque africaine de développement, l'Alliance pour une révolution verte en Afrique, le Sustainable Trade Initiative, le Fonds international de développement agricole (FIDA) et Sustain Africa ont lancé la «Mission 1 pour 200», qui vise à assurer la sécurité alimentaire à long terme. L'objectif est de mobiliser un milliard de dollars pour développer à grande échelle des technologies agricoles résilientes au climat, doubler la productivité alimentaire pour 40 millions de petits exploitants agricoles, produire 100 millions de tonnes de denrées alimentaires et nourrir 200 millions de personnes. «Songez à ce que cela signifie : cela veut dire que nous serons en mesure de réduire la faim en Afrique de plus de 80%», s'enthousiasme le président de la BAD. Pour sa part, l'initiative «Sustain Africa» vise à aider l'Afrique à produire des denrées alimentaires sur 7 millions d'acres, à soutenir 1,6 million d'agriculteurs, à produire des cultures vivrières de base et à lutter contre certaines répercussions de la guerre russo-ukrainienne sur la sécurité alimentaire en Afrique. Abdellah Benahmed / Les Inspirations ECO