La Banque centrale d'Ethiopie (NBE) a annoncé lundi une réforme majeure de son régime de change, autorisant les banques commerciales à fixer librement le taux de change de la monnaie nationale, le birr, qu'elle encadrait jusqu'ici, et levant les restrictions sur l'accès aux devises. La NBE fixait jusqu'ici chaque jour le taux de change du birr, monnaie non convertible et non exportable et qui le reste malgré la réforme. La valeur du birr au marché noir – très dynamique en Ethiopie en raison d'un accès étroitement contrôlé aux devises – était avant la réforme de plus de 50% inférieur au taux de la banque centrale. Lundi, la Commercial Bank of Ethiopia (CBE), principale banque commerciale d'Ethiopie détenue à 100% par l'Etat, a d'ores et déjà abaissé de 30% la valeur du birr face aux principales devises. Cette réforme majeure intervient dans l'attente de la conclusion imminente d'un programme d'aide financière âprement négocié depuis des mois avec Fonds monétaire international (FMI), sur fond de pénurie de devises. Le Fonds a réclamé de nombreuses réformes de l'économie encore largement dirigée de l'Ethiopie. Parmi celles-ci, la flottabilité du birr était l'un des points d'achoppement des négociations selon des analystes. Dans un communiqué publié lundi, la NBE annonce «le passage à un régime des changes basé sur le marché, au sein duquel les banques sont désormais autorisées à vendre et acheter des devises étrangères à leur clients et entre elles, à des taux librement négociées». La NBE précise qu'elle ne procédera qu'à «des interventions limitées pour soutenir le marché dans les premiers jours et en cas de conditions de marché anarchiques». La réforme contient également «la levée totale des règles régissant l'allocation de devises par les banques, basées sur un système de liste d'attentes pour diverses catégories d'importation», ainsi que l'autorisation de «bureaux de change non-bancaires désormais libres d'acheter et vendre du numéraire en devises aux taux du marché». Cette réforme «va soutenir l'étape actuelle de développement de l'Ethiopie et son intégration croissante au reste du monde», assure la NBE, reconnaissant qu'elle «est exigeante» mais «en même temps crucialement nécessaire». Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ECO