Le marché du travail est confronté à des défis multiples et complexes qui nécessitent une intervention active des pouvoirs publics pour promouvoir l'emploi et l'inclusion sociale. Dans son analyse des Politiques actives du marché du travail (PAMT), le think tank Policy Center for the New South met le doigt sur les points faibles et donne ses pistes d'amélioration. Les Politiques actives du marché du travail (PAMT) ont été mises en place pour répondre aux défis complexes du marché de l'emploi. Le récent rapport du Policy Center for the New South (PCNS), élaboré par Aomar Ibourk et Tayeb Ghazi, examine les principaux programmes, évalue leur efficacité et propose des pistes d'amélioration. Ses conclusions mettent en évidence les succès des programmes mais soulignent également les faiblesses et les défis à surmonter. Les PAMT ont joué un rôle important dans la création d'emplois et l'amélioration de l'employabilité des chercheurs d'emploi. Cependant, plusieurs défis persistent, notamment le ciblage et l'accompagnement des bénéficiaires, la couverture géographique ainsi que la coordination des acteurs. Enjeux complexes Le marché du travail local est caractérisé par un dynamisme démographique et économique, mais également par des défis majeurs tels que le chômage persistant, l'inadéquation entre les compétences et les besoins du marché, et une faible participation des jeunes et des femmes. «Pour y faire face, l'Etat a mis en place des PAMT à travers l'ANAPEC (Agence nationale pour la promotion de l'emploi et des compétences). Ces programmes visent à promouvoir l'emploi et à faciliter l'insertion professionnelle», expliquent les auteurs du rapport. Le marché du travail marocain est confronté à des enjeux complexes, notamment la mise en adéquation de l'offre et de la demande de travail, l'allocation efficace de la main-d'œuvre et la formation des compétences. Les questions de formation et de développement des compétences sont cruciales pour améliorer la productivité et l'adaptabilité des travailleurs. De plus, le marché du travail est marqué par des frictions telles que les coûts d'embauche et de licenciement ainsi que la flexibilité de la détermination des salaires. Par ailleurs, le rapport relève que l'intervention du gouvernement est justifiée par les dysfonctionnements du marché du travail et les insuffisances en termes de réalisation des objectifs politiques. Les formes d'intervention publiques incluent les services relatifs au marché du travail, les mesures actives pour accroître l'emploi et celles, passives, destinées à améliorer le bien-être des populations défavorisées. Les PAMT rencontrent plusieurs obstacles, notamment les effets sur la productivité, la réactivité des entreprises et la durabilité de l'impact. Pour améliorer l'efficacité des programmes de formation-insertion, il est essentiel que le contenu de la formation corresponde aux besoins du marché du travail, que la gouvernance des programmes soit de qualité et que les entreprises soient impliquées dans la conception des formations. De plus, il est crucial de développer un écosystème entrepreneurial et d'auto-emploi en fournissant des informations, des conseils, du coaching et du mentorat, tout en facilitant l'accès au crédit. Bilan des programmes de l'ANAPEC Les programmes classiques de l'ANAPEC, tels que Idmaj, Tahfiz, Taehil et Auto-emploi, ont contribué à la création d'emplois et à l'amélioration de l'employabilité. Cependant, des améliorations sont nécessaires pour renforcer leur impact. Le programme Idmaj a aidé plus de 663.500 chercheurs d'emploi entre 2016 et 2022, tandis que Tahfiz a soutenu près de 23.000 unités et plus de 65.600 salariés. Le programme Taehil, quant à lui, a aidé près de 51.100 chercheurs d'emploi à travers ses composantes FCE et FQR, et le programme Auto-emploi a accompagné environ 28.700 porteurs de projets, créant plus de 11.500 petites entreprises. L'évaluation qualitative des programmes classiques de l'ANAPEC révèle des succès significatifs mais également des domaines à améliorer. Le cadre d'impact RCEE (Relevance, Coherence, Efficiency, Effectiveness, and Impact) est utilisé pour évaluer la pertinence, la cohérence, l'efficacité, l'effectivité et l'impact de ces programmes. Les résultats montrent qu'ils ont un impact positif sur l'emploi et les revenus, mais des ajustements sont nécessaires pour maximiser leur efficacité. Pistes d'amélioration L'analyse des auteurs du rapport a permis d'identifier un certain nombre de recommandations clés pour optimiser l'impact des PAMT. Les programmes doivent être adaptés aux besoins de toutes les catégories de chercheurs d'emploi, y compris les jeunes en rupture de scolarité, les jeunes diplômés des petites villes, les chômeurs de longue durée, et les personnes en situation de handicap. Un ciblage plus précis et une meilleure compréhension des besoins spécifiques des différents groupes de chômeurs sont essentiels pour l'efficacité des programmes. L'accompagnement et le suivi des bénéficiaires doivent être personnalisés et adaptés aux besoins spécifiques de chaque programme. La coordination entre les différents acteurs institutionnels impliqués dans les politiques d'emploi est cruciale pour une meilleure cohérence et efficacité. Une approche décentralisée et mieux adaptée aux réalités locales est nécessaire pour répondre aux besoins spécifiques de chaque région. L'utilisation des nouvelles technologies peut améliorer l'accès à la formation et l'information sur le marché du travail tout en facilitant les processus de recherche d'emploi. En améliorant la conception, la mise en œuvre et l'évaluation de ces programmes, et en tenant compte des recommandations présentées, les auteurs du rapport estiment qu'il est possible d'accroître leur efficacité et de maximiser leur impact positif sur l'emploi et l'inclusion sociale. L'engagement du gouvernement et la collaboration de tous les acteurs impliqués constituent les piliers permettant de relever ces défis. Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO