Un mois après le séisme dévastateur d'Al Haouz, on assiste à un retour progressif à la normale dans certaines zones affectées, mais, au-delà de l'impact psychologique encore palpable, se pose avec urgence la question du relogement des sinistrés. Reportage dans la Commune de Sidi Bedahj, située dans le Cercle d'Amizmiz, de la province d'Al Haouz. Il est environ 15h30 à l'entrée de la ville d'Amizmiz, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Marrakech. En ce samedi 7 octobre 2023, jour de notre passage, le visiteur est surpris, sur plusieurs dizaines de kilomètres en direction de cette ville, par l'apparente normalité de la situation, un mois après le séisme dévastateur d'Al Haouz qui a fait près de 3.000 morts au Maroc. Un séisme dont l'épicentre n'est qu'à environ 150 kilomètres d'Amizmiz. Le premier constat qui se dégage, en cet après-midi ensoleillé, est que le séisme a surtout impacté les maisons construites en pisé (mélange artisanal de terre crue, de pierre, et de paille), alors que la plupart des bâtiments modernes ont été épargnés. Un mois après la catastrophe, il faut aller à l'intérieur de cette petite ville de quelque 21.000 habitants pour véritablement voir les traces du tremblement de terre. Au-delà de quelques édifices fissurés, et d'autres, démolis, c'est un autre décor qui renseigne émotionnellement sur le passage de ce séisme destructeur dans cette partie du Maroc, qui borde les montagnes du Haut-Atlas. Traumatisme En effet, des dizaines et des dizaines de tentes sont éparpillées dans plusieurs espaces de la ville. Des tentes très sommaires, déployées par la Protection civile, relevant du ministère de l'Intérieur, et par la Fondation Mohammed V pour la Solidarité. Sur place, ce sont encore ces images insoutenables de familles entières, qui sont logées dans ces abris de fortune et provisoires qui en disent long sur la suite de ce séisme. Sur le visage des rescapés, on lit la désolation, ils se sentent perdus et leur silence exprime leur manque de visibilité quant à leur avenir. Quand on les approche, leur réponse est la même : «Nous sommes heureux d'avoir eu la vie sauve et d'être abrités sous ces tentes, mais on ne sait pas de quoi l'avenir sera fait». On sent l'ennui faire son effet ici, car leur vie se limite désormais entre l'intérieur étouffant des tentes, et la porte de celles-ci pour regarder à longueur de journée les passants vaquer à leurs occupations. Grand froid «Avec le grand froid qui arrive, nous avons déjà saisi les autorités centrales. C'est une course contre la montre, car il faudra renforcer ces tentes et installer des palettes et durcir le sol, afin que les gens puissent supporter la baisse des températures», explique Kamil Abdelghani, président de la Commune de Sidi Bedahj, dans le cercle d'Amizmiz, dans la province d'Al Haouz. Ici, la commission de recensement a dressé un état des lieux du nombre de familles qui ont droit aux aides de l'Etat, soit 2.500 DH mensuels qui seront versés aux familles sinistrées pendant douze mois. «Cela permettra aux personnes qui sont relogées ailleurs d'avoir de quoi payer leur loyer», renseigne Kamil Abdelghani. Mais le vrai défi consiste à répertorier l'ensemble des maisons à reconstruire. Pour cela, une autre commission technique est attendue. Reconstruction Toutefois, il y a urgence, au regard du nombre important de bâtiments fissurés et menaçant ruine. Un nouveau séisme ou tout autre incident naturel comme des intempéries risquent de précipiter leur effondrement. Et c'est là, la nouvelle étape de travail qui attend les différents intervenants. Pour les familles sinistrées, chaque jour qui passe est chargé de questionnements sur la durée de ce séjour provisoire. C'est dire qu'un mois après le séisme, la question du relogement des sinistrés se pose avec acuité. Dans le cadre du programme d'urgence activité par l'Etat, des consignes fermes ont été données afin d'accélérer la phase de reconstruction. Et là aussi, c'est une vraie course contre la montre qui est nécessaire ! Abdellah Benahmed / Les Inspirations ECO