Alors que le Maroc peut capter jusqu'à 4% de la demande mondiale en 2030, selon une étude du Conseil mondial de l'énergie, la feuille de route de l'hydrogène vert au Maroc prévoit une demande oscillant entre 13,9 TWh et 30,1 TWh d'ici 2030. Cette demande pourrait atteindre 132,8 TWh en 2040, ce qui consolide le positionnement actuel sur cette filière. Estimé à 20.000 térawattheure (TWh) en 2050, le marché mondial de l'hydrogène vert et ses dérivés offre de grandes perspectives de développement pour le Maroc. Ce dernier peut capter jusqu'à 4% de cette demande mondiale en 2030, selon une étude du Conseil mondial de l'énergie. En se référant aux estimations des potentiels de demande au Maroc réalisées dans le cadre de la feuille de route de l'hydrogène vert, l'industrie de l'hydrogène vert et de ses dérivés au Maroc pourrait faire face à une demande comprise entre 13,9 TWh et 30,1 TWh en 2030. Cette demande pourrait atteindre 132,8 TWh en 2040 et 153,9 TWh et 307,1 TWh en 2050 sur la base des calculs effectués dans le cadre de cette stratégie. En 2030, la plus grande partie de la demande concernera la matière première et proviendra probablement des exportations et de l'industrie. Dans le détail, les revenus annuels indicatifs associés à cette demande pourraient se chiffrer, dans le scénario optimiste, jusqu'à 22 MMDH en 2030 et 330 MMDH en 2050 en valorisant l'hydrogène vert et ses dérivés au prix de leurs alternatives conventionnelles. En termes de financement, le développement de l'industrie de l'hydrogène vert et ses dérivés au Maroc nécessiterait un investissement total de 140 MMDH jusqu'à 1.000 MMDH entre 2020 et 2050, dans le scénario optimiste, pour répondre aux potentiels de la demande à l'horizon 2050. Des investissements supplémentaires s'imposent Toujours selon la feuille de route dédiée à l'hydrogène vert, le développement de cette industrie nécessitera des investissements supplémentaires dans les infrastructures. Certains de ces investissements seraient transversaux afin de développer tous les potentiels de la demande, comme le renforcement éventuel des réseaux électriques. Ces infrastructures seront nécessaires pour développer des produits spécifiques, notamment des gazoducs et des stations de ravitaillement pour l'hydrogène vert, l'adaptation du gazoduc Maghreb-Europe existant ainsi que l'extension et l'adaptation de l'infrastructure portuaire actuelle pour les exportations ou l'investissement dans des installations de stockage de l'hydrogène vert et de dérivés sous forme de cavernes salines. En termes de potentiel annuel de réduction des émissions par application de l'hydrogène vert et ses dérives, les calculs présentent un total de 10 à 20 Mt CO2eq de potentiel de réduction d'ici 2050 en répondant à la demande en hydrogène vert et ses dérivés. Cela équivaut de 10% à 20% des émissions globales de GES attendues du Maroc à partir de 2019 (107 Mt CO2eq) et impliquerait un grand pas vers les futurs objectifs de réduction des émissions. Afin de faciliter la mise en œuvre de la feuille de route nationale de l'hydrogène vert et satisfaire la demande locale tout en optimisant l'exploitation du potentiel national à travers des exportations, cette feuille a identifié trois axes prioritaires, notamment le développement des technologies et des économies de coûts en plus de l'investissement et l'approvisionnement ainsi que le développement des marchés et la demande. Diversifier le bouquet énergétique du Maroc Pour accompagner la mise en œuvre de cette feuille de route, une Commission nationale de l'hydrogène a été créée en 2019 comportant toutes les parties prenantes afin de mettre en place des mesures réglementaires, législatives et fiscales favorables à ce secteur. Cette feuille de route ouvre des perspectives substantielles en matière d'industrialisation sur toute la chaîne de valeur, à savoir le dessalement de l'eau de mer, les énergies renouvelables (photovoltaïque et éolien), l'électrolyse et la chimie verte. Par ailleurs, l'introduction de l'industrie de l'hydrogène vert et de ses dérivés permettra au Maroc de diversifier son bouquet énergétique à travers l'intégration de sources d'énergie renouvelable dans des secteurs difficiles à décarboner. En effet, l'établissement d'une industrie nationale basée sur l'hydrogène vert permettrait, selon la feuille de route nationale, de remplacer les importations d'ammoniac par une production locale de cette importante matière première du secteur des engrais, chose qui a été déjà faite par l'OCP dans le cadre du nouveau programme d'investissement vert de 12 milliards USD pour la période 2023-2027. Yassine Saber / Les Inspirations ECO