Mardi soir, alors que je pédalais comme un dingue sans avancer d'un pouce, essayant de perdre en vain quelques grammes des kilos superflus que j'ai accumulés en me laissant aller, j'ai aperçu la bonne bouille de Laurent Ruquier sur l'écran de ma télé de mon vélo de ma salle de cardio. J'ai été surpris car on n'était pas samedi et on n'était pas couchés, puisqu'il était à peine 19 h 40. Mais qu'est-il venu faire à la télé à cette heure-ci ? Me suis-je interrogé, curieux comme je suis. En plus, Laurent – je l'appelle Laurent même s'il n'a jamais été mon petit ami – était accompagné de toute son armada de joyeux et géniaux tarés comme lui. Voulant en avoir le cœur net, j'ai placé mes écouteurs à la place prévue sur l'appareil et fixé les oreillettes dans mes oreilles. Et grâce à la combinaison magique de l'image et du son, ajoutée à mon côté futé inné, j'ai aussitôt pigé qu'il s'agissait d'une émission «Spécial Fin d'Année» appelée, vous allez bientôt savoir pourquoi, «On a tout révisé». Le principe est simple: l'animateur partage ses gais lurons en 4 équipes distinctes, qui vont se mesurer sur leurs connaissances de l'actualité de l'année écoulée : musique, culture, science et technologie, people, politique etc. Tout le monde en profite, car toutes les occasions sont bonnes pour tourner en dérision tous ceux qui prennent les décisions chez eux. J'ai trouvé l'idée hyper sympa, et tordu de naissance, j'ai tout de suite essayé de transposer, juste par l'imagination, le concept au Maroc. Dès le moment précis où j'ai eu cette peu coupable intention, j'ai eu la nette impression que j'avais gagné, d'un coup, plusieurs dizaines de calories, et perdu, une fois de plus, toute illusion d'avoir les abdos de Robert de Niro, ou, à la limite, la ligne de Brad Pitt. J'ai commencé à transpirer à grosses gouttes, alors que j'avais arrêté d'appuyer sur la pédale à l'instant même où j'avais aperçu Ruquier à la télé. D'ailleurs, je ne vois pas du tout le rapport, mais, passons... Cela dit, pourquoi donc le simple fait d'imaginer de plaquer chez nous un truc venu d'ailleurs me fait ce surprenant effet ? Pourtant, je n'ai pensé ni à importer France 2 ou Arte, ni à déménager la Pyramide du Louvre à Jamaâ el Fna, ni, encore moins, à ramener Rachida Dati à la place de Abbas El Fassi (quoique ça, ça ne serait pas une mauvaise idée). J'ai simplement essayé d'envisager si une telle émission pourrait un jour voir le jour chez nous. Rêvons un peu ! Jeudi soir, vous allumez votre télé, la Une ou la Deux, qu'importe, et vous découvrez, tiens, un revenant, Bziz, qui se moque - je dis bien «se moque» et non «caricature» car il vaut mieux y aller mollo – un de nos ministres, par exemple, prenons-en un, au hasard : (...) Ou, pourquoi pas une ministre ? comme par exemple : (... ) ou mieux : (...). Qu'est-ce que vous croyiez ? Que j'allais vous donner, comme ça, des noms, pour me retrouver là où je suis déjà : au ban de la (bonne) société ? Non, je vous l'ai dit : je suis un démocrate. Je ne choisis jamais à la place des autres. D'ailleurs, j'en profite pour remercier toutes celles et ceux, très nombreux qui m'ont proposé des noms pour le concours des rigolos. À ma grande surprise, il y a eu unanimité sur (...). Mais, comme j'ai horreur de tous les consensus, mous ou durs, j'ai décrété, du haut de Ma Haute Suffisance que s'il y a bien quelqu'un qui mérite le titre du «Plus Grand Rigolo de l'année», toutes catégories confondues, c'est moi ! Et vous savez pourquoi ? Parce que j'ai, tout le temps, tout faux. Je dois réviser mes leçons. Je crois que je vais commencer dès l'année prochaine. D'ici là, je vous souhaite la plus belle et la plus rigolote des années.