La majorité parlementaire est en très mauvaise posture. Si la non démission des ministres de Chabat s'avère cruciale pour la marche normale de l'Exécutif, la situation semble être beaucoup plus compliquée sous la coupole, où les députés bénéficient d'une plus grande autonomie d'action et sont dotés d'une forte immunité politique, vu les règles de la Constitution. La discipline des députés de l'Istiqlal sera plus difficile à maintenir que celle du conseil national du parti de la balance, pour plusieurs raisons. D'abord, il y a le statut du président de la Chambre des représentants qui impose à l'occupant de ce siège de ne pas user de sa casquette partisane dans la gestion des affaires courantes de l'instance législative. Karim Ghellab, qui a entamé un chantier de mise à niveau des travaux parlementaires, risque fort de ne pas continuer ses missions à la tête de la Chambre, non seulement à cause du spectre de la dissolution du Parlement, mais surtout à cause de la perturbation attendue des travaux au sein du bureau de la 1e Chambre. Le soutien des députés du PJD lors de l'élection de Ghellab en 2011 faisait en effet partie d'un arrangement trouvé avec l'Istiqlal, afin que les deux instances constitutionnelles que sont le gouvernement et le Parlement soient présidées par les deux partis en guise d'équilibre entre les deux principales composantes de la majorité. Après la rupture de l'alliance, le blocage sera inévitable. La session du printemps ne sera pas facile à gérer par Karim Ghellab pour tout ce qui concerne la production législative qui ne pourra pas être poursuivie. La coopération entre les 4 groupes fera défaut durant le reste de cette session, qui risque fort d'être la dernière pour ce Parlement, si l'Istiqlal décide de rejoindre les partis de l'opposition. Jusqu'à présent l'agenda des commissions parlementaires indique que les députés n'ont pas l'intention de perturber les travaux avec 3 projets de lois qui seront votées demain, ainsi que la poursuite des missions de prospection et de contrôle des entreprises publiques. Au volet de la diplomatie parlementaire, la situation hybride provoquée par le parti de la balance influera nécessairement sur le poids du Parlement marocain face à celui de l'UE. La fragilisation des composantes de la majorité retardera plusieurs actions qui étaient programmées durant de 2e semestre 2013, que ce soit pour le soutien du plan d'autonomie au Sahara ou le partenariat stratégique et le modèle de la régionalisation avancée qui sont les axes de coopération de 2013.