Le Maroc ambitionne de mettre en place un système de santé solide à la hauteur du chantier de généralisation de la protection sociale. La loi-cadre a déjà été adoptée en Conseil des ministres. Son contenu présente des axes de réformes profonds du système de santé national. Suite aux instructions royales sur la généralisation de la protection sociale, le système de santé national va changer de visage. Des chantiers importants sont ainsi prévus dans ce sens. Le premier jalon qui acte ce changement est le projet de loi-cadre n°06-22 relatif au système national de santé, adopté récemment en Conseil des ministres. Il faut dire que la crise sanitaire a mis à nu les différents dysfonctionnements qui entravent l'efficience et le bon fonctionnement du système. Les principaux objectifs de cette réforme traitent notamment le développement des infrastructures de base, l'accès équitable des citoyens aux services sanitaires de qualité, en plus de l'obligation de remédier à la pénurie des ressources humaines dans cette activité vitale pour le développement du pays. Les quatre piliers de la réforme D'ailleurs, quatre piliers représentent le socle de cette réforme. Le premier porte sur l'adoption d'une bonne gouvernance visant le renforcement des mécanismes de régulation de l'action des acteurs, la consolidation de la gouvernance hospitalière et la planification territoriale de l'offre sanitaire à tous les niveaux. Le deuxième traite de la valorisation des ressources humaines, notamment à travers l'élaboration de la loi sur la fonction publique sanitaire, en vue de motiver le capital humain dans le secteur public, réduire le manque actuel en ressources humaines, réformer le système de formation, en plus de l'ouverture sur les compétences médicales étrangères et l'encouragement des cadres médicaux marocains résidant à l'étranger à retourner exercer dans leur pays. Le troisième axe de la réforme concerne la mise à niveau de l'offre sanitaire en vue de répondre aux attentes des Marocains en matière de facilitation de l'accès aux services médicaux, l'amélioration de leur qualité et la répartition équitable des services hospitaliers à travers le territoire national. Pour sa part, le quatrième s'intéresse à la digitalisation du système de santé, via la mise en place d'un système informatique intégré pour le regroupement, le traitement et l'exploitation des principales informations ayant trait au système de santé. Il est important de noter, par ailleurs, que pour assurer la réussite de ce chantier de réforme faramineux, il faudra d'abord assurer la mobilisation de toutes les parties prenantes du système, ceci à travers une vision inclusive et intégrée. Cette dynamique, qui devrait s'opérer dans les mois à venir, devrait tirer sa force de la réussite du modèle suivi par le Royaume, sous le leadership du Roi Mohammed VI. Rappelons que notre pays a été un modèle à suivre dans le monde, au vu des mesures prises par les autorités publiques pour lutter contre la propagation du virus et atténuer son impact sur les plans économique et social. La politique du médicament du Royaume représente un axe important de la réforme du secteur de la santé. La gouvernance du secteur sera renforcée à travers la création de l'Agence nationale du médicament et des produits de santé, qui coordonnera le processus de développement de la politique pharmaceutique nationale et contribuera à sa mise en œuvre, en plus d'accompagner les mutations et de relever des défis liés à ce domaine. Ceci permettra de garantir l'indépendance de la souveraineté en matière de médicaments. Les ressources humaines, pilier du secteur Concernant le pilier des ressources humaines, la loi-cadre ambitionne de motiver le capital humain dans le secteur public, réduire le manque actuel en ressources humaines et réformer le système de formation. Le but étant aussi de s'ouvrir aux compétences médicales étrangères et d'encourager des cadres médicaux marocains résidant à l'étranger à retourner exercer dans leur pays. Des mesures ont déjà été engagées, notamment, la loi 33.21 qui a levé les restrictions imposées à l'exercice des médecins étrangers au Maroc. «L'objectif est d'attirer les médecins étrangers et marocains installés à l'étranger et d'inciter à l'investissement médical étranger au Maroc, en soutien aux efforts de l'Etat dans ce domaine», explique le ministre. Dans ce cadre, le gouvernement s'est aligné sur les recommandations du Nouveau modèle de développement en fixant un objectif de 23 cadres médicaux pour 10.000 citoyens à l'horizon 2025, et de 45 cadres médicaux pour 10.000 citoyens à l'horizon 2030. Le ministère et les syndicats s'accordent sur la vision royale Rappelons que le ministre de la Santé et de la protection sociale, Khalid Ait Taleb, a entamé une série de consultations avec les partenaires sociaux afin d'asseoir les bases de la mise en œuvre du projet de loi-cadre n° 06.22. Ces rencontres viennent ainsi concrétiser la volonté royale appelant à une réforme radicale du système national de santé dans une optique participative visant l'ouverture et la concertation avec les acteurs sociaux et leur implication dans les efforts entrepris à ce niveau. Les rencontres d'Ait Taleb se sont déroulées avec les secrétaires généraux des centrales syndicales les plus représentatives. Il s'agit de l'Union marocaine du travail (UMT), l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et la Confédération démocratique du travail (CDT). De plus, le ministre a tenu d'autres rencontres au ministère à Rabat, avec l'Union nationale du travail au Maroc (UNTM), la Fédération démocratique du travail (FDT), l'Organisation démocratique du travail (ODT) et le bureau national du Syndicat national de l'enseignement supérieur (SNESUP). Les réunions se sont poursuivies avec le Syndicat indépendant des infirmiers et techniciens de la santé (SIITS) et le Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP), au cours desquelles le ministre a remis une copie du projet de loi-cadre, relatif au système national de santé, aux secrétaires généraux de ces deux syndicats. En outre, les leaders de ces centrales syndicales ont exprimé leur implication et leur disponibilité à contribuer à la réussite de ce nouveau chantier, ce qui promet une «révolution dans le secteur de la santé au Maroc» au profit de l'ensemble des usagers, qui seront couverts par le système d'assurance maladie obligatoire. Toutes les conditions sont donc réunies pour l'émergence d'un système de santé solide s'appuyant sur des institutions stratégiques capables de relever les défis actuels et futurs avec beaucoup d'efficacité et de résilience. Usine de fabrication de vaccins
En janvier 2022, le Roi Mohammed VI a présidé, à Benslimane (Région de Casablanca-Settat), la cérémonie de lancement des travaux de construction d'une usine de fabrication de vaccins, anti Covid-19 et autres, un projet structurant qui, à terme, contribuera à assurer la souveraineté vaccinale du Royaume et du continent africain. Cette unité industrielle s'inscrit dans le cadre de la Vision du Roi destinée à positionner le Royaume en tant que hub biotechnologique incontournable en Afrique et dans le monde, capable d'assurer les besoins sanitaires du continent à court et à long terme, en y intégrant la recherche pharmaceutique, le développement clinique, la fabrication et la commercialisation de produits biopharmaceutiques de grande nécessité. Elle doit mobiliser, à terme, un investissement de 400 à 500 millions d'euros. Le projet de Benslimane consiste en la mise en place d'une usine de fabrication et de mise en seringue de vaccins (anti-Covid et autres vaccins), disposant de 3 lignes industrielles dont la capacité combinée de production atteindra 116 millions d'unités en 2024. Sanae Raqui / Les Inspirations ECO