Une première au Maroc, Sonasid a déniché une filière pour s'approvisionner en ferraille de bonne qualité. L'opérateur sidérurgiste a racheté aux enchères le bateau le Remora, long de 150 m et de 1.700 tonnes qui était immobilisé au port de Dakhla depuis 2008, pour le découper et recycler l'acier qu'il contient. Le Remora a dans un premier temps été vidé de tout son fuel recyclé dans le four du laminoir de Jorf Lasfar. Toutes les ouvertures du bateau ont ensuite été colmatées pour éviter toute entrée d'eau et les éléments mobiles fixés pour garantir la stabilité du bateau et sécuriser son transport en mer. Une opération dite de toilettage qui a été auditée par un bureau de contrôle agréé (Veritas). Après son avis favorable, le bateau a pris le large, remorqué jusqu'au port de Jorf Lasfar après une traversée de 7 jours. Le bateau a permis de produire dans les 1.500 tonnes d'acier liquide. En sachant que l'aciérie de Jorf Lasfar traite de 2.500 tonnes à 3.000 tonnes de ferraille par jour. Sonasid a donc pris l'orientation d'explorer de nouvelles sources d'approvisionnement, notamment celle du démantèlement de navires industriels en fin de vie. Le leader national sur les produits longs pour la construction et l'industrie, aura été le premier opérateur marocain à investir dans la filière amont en démarrant son aciérie électrique à Jorf Lasfar en 2005. Depuis, deux nouvelles aciéries (Univers Acier et Maghreb Steel) sont entrées en activité. Ce qui a contribué à la forte hausse de la demande en ferrailles sur le marché local, une matière première stratégique pour les sidérurgistes. Ces aciéries ont porté la capacité nationale de production de billettes à 1,4 millions de tonnes par an et de brames (acier plat) à 1 million de tonnes. La sidérurgie est une industrie qui présente l'avantage de produire un matériau qui se recycle indéfiniment. L'acier récupéré sur les épaves des bateaux est directement réintroduit dans le cycle de production. Ce qui contribue à nettoyer les côtes marocaines. «Il y a dans certains ports des bateaux en attente de destruction qui peuvent représenter une source alternative de ferrailles à coûts optimisés, un approvisionnement sur le marché local qui permet de réduire la sortie de devises du pays», indique Mohamed Moukassi, directeur achat matières premières et valorisation. L'opérateur importe 65% de ses besoins dans un marché international soumis à de fortes fluctuations. Le gisement existe au Maroc. «Des bateaux sont immobilisés dans des ports et n'ont plus l'autorisation de naviguer et d'autres sont abandonnés sur les côtes marocaines», ajoute pour sa part Ali Bamrim, responsable stratégie ferraille et valorisation. Sonasid a aussi organisé la gestion de ses coproduits de manière à maximiser les profits de cette activité. La commercialisation de la scorie noire, résidu du four électrique, est valorisée comme matière de substitution aux granulats utilisés dans la construction des routes. Une route expérimentale de 2 km a été réalisée fin 2012 pour relier le douar Lakouacem (commune de Moulay Abdellah à El Jadida) à la route nationale n°1 (El Jadida-Safi) pour un budget de près de 2 MDH. Selon le directeur, le résidu du four électrique est utilisé avec succès depuis plus de 20 ans en Europe et en Amérique du Nord comme stabilisant dans la construction des routes et autoroutes. 125 MDH pour un broyeur La ferraille locale est légère et nécessite ainsi une préparation pour un meilleur rendement de l'aciérie. Sonasid a donc décidé d'investir dans un broyeur de ferrailles avec un investissement de 125 MDH, le broyeur est d'une capacité nominale de 300.000 t/an avec un débit de broyage de 80 à 100 t/h. La ferraille broyée ou celle stockée dans le parc à ferraille est ensuite introduite dans le four de l'aciérie avec une phase de fusion de ferraille à 1.650 °C via (le consteel) qui assure un approvisionnement en continu de ferrailles préchauffées. Le niveau de qualité de l'acier est ensuite analysé dans le four poche. La poche d'acier liquide est enfin transportée au dessus du répartiteur pour assurer l'alimentation continue des lingotières et former les billettes, matières premières des laminoirs.