Lors de son intervention au forum de la MAP, Chakib Benmoussa a indiqué que l'un des objectifs de la réforme de l'école publique est la réduction d'un tiers de la déperdition scolaire d'ici cinq ans. Aujourd'hui, 300.000 enfants quittent chaque année les bancs de l'école sans achever leurs études. Si Chakib Benmoussa, ministre de l'Education nationale, du préscolaire et des sports a affirmé que l'éducation est une priorité au Maroc, il a aussi insisté, lors de son intervention lundi au Forum de la MAP, sur la longévité de la réforme de l'enseignement. Cette dernière s'inscrit, selon lui, dans une approche commune, à long terme pour les générations futures, mais aussi à court terme, à travers l'activation de mesures opérationnelles pour y apporter des réponses concrètes intégrant les spécificités des différents niveaux. Au cours de cette rencontre placée sous le thème «Quelle feuille de route pour une école publique de qualité ?», Chakib Benmoussa a expliqué que «la réforme en cours s'inscrit dans la vision stratégique 2015-2030». En ajoutant qu'elle «prend également en considération les orientations de la loi cadre n° 51.17 relative au système d'éducation, de formation et de recherche scientifique, en plus des orientations du Nouveau modèle de développement (NMD) et du Programme gouvernemental à moyen terme, qui constituent les principaux référentiels de cette réforme». Selon Benmoussa, «bien que la réforme soit inscrite dans un processus de continuité qui a permis une projection sur le long terme, notamment sur l'obligation de l'enseignement pour les enfants, l'acquisition des principales compétences et le renforcement de l'ouverture, la méthodologie et la mise en application des mesures doivent différer en fonction de chaque contexte, pour une meilleure efficience et efficacité de la mise en œuvre de la réforme». Sur ce dernier point relatif à la méthodologie, Chakib Benmoussa a rappelé la doctrine organisationnelle du NMD, basée sur la relation de complémentarité entre le rôle de l'Etat et la Société afin de libérer les énergies et renforcer l'intelligence collective. Le pilotage du changement basé sur cinq principes Selon Chakib Benmoussa, le pilotage du changement est basé sur cinq principes de conduite : la durabilité, l'efficience, le renforcement des capacités, la stimulation de l'autonomie et la responsabilité des acteurs. Il s'agit aussi d'adopter une approche coordonnée et participative axée sur l'obligation de résultats et l'impact sur l'apprenant. «Pour concrétiser nos objectifs, on s'est basé sur des indicateurs de mesure relatifs à la période 2022-2026», visant la réduction d'un tiers de la déperdition scolaire d'ici cinq ans. Aujourd'hui, 300.000 enfants quittent les bancs de l'école chaque année. À cela s'ajoute la nécessité de permettre aux enfants d'acquérir les principales compétences puisque les deux tiers des élèves ne parviennent pas à acquérir les principales compétences à la fin du cycle primaire. Dans ce sens, le but est d'atteindre les deux tiers d'ici 2026. Le troisième objectif consiste à donner de l'importance aux activités périscolaires pour renforcer les soft skills des élèves. Articulée autour de trois axes, la réforme de l'école publique est basée sur le socle principal qui est l'élève, outre l'enseignant et l'établissement scolaire, dans le cadre d'une mobilisation de l'ensemble des acteurs autour de ces axes. Dans ce sens, quatre objectifs stratégiques couvrent le parcours d'apprentissage de l'élève. Il s'agit de la généralisation du préscolaire à l'horizon 2027-2028 et de la préparation d'un cadre de référence afférent à chaque niveau et aux compétences nécessaires. Le tout devant être accompagné d'un système de suivi et de mesure, ce qui signifie un effort conséquent en matière de recrutement et d'investissement. Cette ambition passe également par la diversification des parcours de l'enseignement secondaire, l'amélioration de la question de l'orientation pédagogique et enfin l'élargissement du spectre de l'appui social (transport scolaire, réfectoires et écoles communautaires). La valorisation du métier d'enseignant Concernant l'enseignant, l'accent doit être mis sur trois axes: la valorisation de son métier, la formation continue et le renouvellement de l'approche pédagogique, à travers l'usage de l'outil digital. Pour ce qui est de l'établissement scolaire, le but est de permettre aux équipes pédagogiques de travailler main dans la main en offrant un environnement ouvert aux élèves, en partenariat avec les diverses parties concernées. Les facteurs conditionnant la réussite de cette réforme s'articulent autour de la mobilisation de l'ensemble des acteurs via la concertation, et le recours au financement. Jusqu'à présent, 73.176 acteurs de l'enseignement ont participé aux concertations nationales sur la réforme de l'école publique et 6.000 ateliers ont été organisés localement. Ces concertations visent principalement à écouter les acteurs du système éducatif, dont les élèves et les enseignants, afin de partager leurs avis et suggestions pour une école de qualité, d'ouverture et d'égalité des chances. Elles s'achèveront d'ici la fin du mois de juin, et les résultats seront communiqués en juillet. À partir de la prochaine rentrée, 10.000 élèves seront ciblés à travers l'approche TARL (Teaching at the right level), après la formation de plusieurs inspecteurs à cette approche, avec un objectif de 100.000 élèves d'ici 2026. En ce qui concerne le statut principal des enseignants, Chakib Benmoussa a fait savoir que la finalité est la conception d'un statut unifié de demain, valable pour les deux ou trois prochaines décennies, sachant que l'actuel statut date de 2003. Yassine Saber / Les Inspirations ECO