10milliards de DH ! C'est le montant des financements autorisés que Finéa prévoit d'apporter à pas moins de 1.500 entreprises à l'horizon 2017. Ce qui représente plus que le double de l'activité de l'ex-Caisse marocaine des marchés (CMM) en 2012. C'est, en gros, la déclinaison que fait la société de son plan de développement 2013-2017. La société, qui a récemment opéré une augmentation de son capital de 50 MDH, pour le porter à 120 MDH, a procédé aussi à un changement de son nom et de son identité visuelle (de CMM à Finéa). Cela entre également dans le cadre de sa nouvelle vision stratégique. L'entreprise, dont la mission est de faciliter l'accès au financement et à la commande publique (essentiellement le BTP) des entreprises, notamment les PME, a clôturé l'année 2012 sur un PNB de 51,6 MDH pour un résultat net de 20,2 MDH. Les financements autorisés se sont établis par ailleurs à 4 milliards de DH et ont profité à quelques 600 entreprises pour des marchés nantis de 5 milliards de DH. «Répondre à la problématique du financement de la PME est un passage obligé pour assurer le développement économique du Maroc», relève Saïd Laftit, président de Finéa et secrétaire général à CDG, avant d'ajouter que «la Caisse de dépôt et de gestion, qui détient 99% des parts de Finéa, entend suivre le même modèle que la banque allemande de développement (KFW), qui a pour vocation la mise en œuvre des missions d'intérêt public telle que le soutien aux petites et moyennes entreprises». D'ailleurs, «la PME représente 95% des entreprises, 50% d'investissement, 40% de la production marocaine et 20% de la valeur ajoutée du pays», note Ali Bensouda, administrateur directeur général à Finéa. Selon Laftit, le secteur bancaire au Maroc est structuré et joue pleinement son rôle dans le financement de l'économie, mais il reste en revanche beaucoup de choses à entreprendre, afin de faciliter l'accès au financement pour les PME. «Quand il s'agit d'apporter le financement aux grandes entreprises, les banques étudient les dossiers au cas par cas, mais ce n'est malheureusement pas le cas pour les PME. Le traitement des demandes des petites et moyennes entreprises est souvent traité indépendamment de leurs secteurs d'activités», fait-il savoir. Finéa entend ainsi remédier à cette problématique en adoptant une logique de développement de niche quant à la conception de l'offre PME. Elle intervient en octroyant sa garantie intégrale aux banques pour le financement sous forme d'Avances sur marchés nantis (ASMN), au profit des entreprises titulaires de marchés publics et parapublics. Elle se matérialise par l'escompte d'effets avalisés ou par un système d'échange électronique. Concrètement, la société propose essentiellement le décaissement en cofinancement, la garantie à l'export et du crédit d'impôts TVA, ainsi que le financement sous forme de caution. Finéa contribue donc au développement de la PME sur le court terme, en intervenant dans son cycle d'exploitation. «Une grande entreprise ne peut périr à cause de la problématique du financement du crédit TVA, contrairement à la PME. C'est à ce niveau là que Finéa innove, en apportant des solutions concrète», soulève Laftit. Finéa est également gestionnaire du Fonds de garantie dédié à la commande publique (FGCP), dont les contributeurs sont l'Etat (50%), la CDG (25%), et quelques banques. Il bénéficie d'une dotation de 100 millions de DH, avec un coefficient multiplicateur de 8, soit une puissance de garantie de 800 MDH. Ceci étant, l'ex-CMM ne perd pas de vue l'importance de la gestion du risque, dans la mesure où elle est garante d'un tissu économique qui n'est pas totalement couvert. La société essaye dans ce sens d'équilibrer la balance entre mission d'intérêt général et rentabilité, pour ne pas tomber dans les mêmes erreurs que par le passé. En 2003, la Caisse marocaine des marchés avait failli périr sous le joug des créances en souffrance. Finéa affiche par ailleurs des ambitions pour le marché africain, qui est aujourd'hui en plein essor. Elle entend ainsi accompagner les PME qui veulent développer leur activité sur le continent.