Pour la première fois depuis 2003, le Japon considère de nouveau que quatre petites îles au nord de l'Archipel sont «occupées illégalement» par la Russie, alors que les relations russo-japonaises se sont sérieusement dégradées avec la guerre en Ukraine. Dans son «Livre bleu» diplomatique annuel publié vendredi, Tokyo a réemployé cette expression au sujet de quatre îles de l'archipel des Kouriles, voisines de la grande île japonaise septentrionale de Hokkaido. Appelées «Territoires du Nord» par le Japon, ces quatre îles avaient été envahies par l'armée soviétique dans les tous derniers jours de la Seconde Guerre mondiale en août 1945 puis annexées par Moscou. Ce différend territorial empêche la signature d'un traité de paix entre les deux pays depuis la fin du second conflit mondial. «La principale préoccupation entre le Japon et la Russie est les Territoires du Nord», a affirmé le ministère nippon des Affaires étrangères dans son dernier Livre bleu. Il les a qualifiés de «territoires japonais sur lesquels le Japon détient le droit de souveraineté, mais qui sont actuellement occupés illégalement par la Russie». Dialogue impossible Le ministère a, par ailleurs, estimé que le conflit russo-ukrainien empêchait désormais de poursuivre les discussions avec la Russie sur un éventuel traité de paix bilatéral. Moscou a déjà brusquement décidé en mars d'abandonner ces pourparlers avec le Japon, jugeant «impossible de discuter (…) avec un Etat qui occupe une position ouvertement inamicale et cherche à nuire aux intérêts» de la Russie. Tokyo avait protesté. Dès le début de l'offensive russe en Ukraine, le Japon s'est joint aux sanctions occidentales prises contre Moscou. Tokyo a aussi décidé début avril de cesser d'importer du charbon russe, tout en restant impliqué dans des projets pétrogaziers offshore près de Sakhaline, dans l'Extrême-Orient russe. À l'inverse, le Japon a plutôt ménagé la Chine vendredi. «Il est important d'établir des relations sino-japonaises constructives et stables», est-il écrit dans son dernier Livre bleu. Tokyo y a toutefois de nouveau exprimé ses inquiétudes concernant les «tentatives» par Pékin de «modifier de force le statu quo dans les mers de Chine orientale et méridionale». Sami Nemli / Les Inspirations ÉCO