Pour que la machine financière d'un pays tourne comme il se doit, certaines règles clés se doivent d'être observées. Entre autres, la bonne gouvernance, la transparence et la synergie positive entre les institutions ainsi que leur alignement avec des feuilles de route stratégiques de développement économique. Or, lorsque des entreprises publiques sont submergées par les dettes jusqu'à traîner une facture de plus de 42 milliards de dollars, soit 29% du PIB à fin 2020, c'est que quelque chose ne va pas. Pis encore, lorsqu'on sait que les deux tiers de cette dette sont assorties à des garanties de l'Etat et que les établissements étatiques sont dépendants des caisses publiques pour subsister, ceci prouve bien que chez nos voisins de l'Est, beaucoup de choses ne vont pas. Un état de fait établi, aujourd'hui, tant la corruption et la gestion frauduleuse ont gangrené le pays, plongeant la population dans la privation et la précarité. Le Fonds monétaire international n'y est, d'ailleurs, pas allé avec le dos de la cuillère, en décortiquant les finances publiques algériennes, et en statuant sur le fait que la gestion des investissements publics dans ce pays a de quoi susciter l'inquiétude. Selon l'institution internationale, l'Algérie a plus que jamais besoin d'une évaluation, une sélection et un suivi financier plus stricts des projets d'investissement publics. Mais plus désolant encore que la gestion brouillonne qui fait office de gouvernance chez nos voisins, la mémoire courte des dirigeants qui ont fustigé le diagnostic économique dressé à Bretton Woods a de quoi sidérer... Parce qu'il faut bien trouver un bouc émissaire et que l'option du «Maroc, qui est à la source de tous les problèmes internes de l'Algérie», semble être devenue la solution de facilité pour les dirigeants de ce pays. Maintenant que la Banque mondiale a tranché le sujet en rappelant aux commandeurs du Palais d'El Mouradia que les analyses de sa revue périodique sont basées «exclusivement sur des données publiques, dont la référence figure dans le document, ou sur des données fournies par les autorités des pays membres», il leur faudra trouver un autre argument à faire gober à la population pour éviter un nouvel embrasement social. Meriem Allam / Les Inspirations ÉCO