Afin d'assurer le bon déroulement de la campagne agricole, lancée officiellement vendredi dernier à Khémisset, le ministère a pris une série de mesures visant à accompagner les agriculteurs, en leur assurant la disponibilité des intrants agricoles, notamment les semences, les engrais et les produits de traitement. Dans l'attente fervente des pluies, espérées pour fin novembre et décembre, la campagne agricole 2021-2022 a commencé sur les chapeaux de roues, avec le lancement du Programme national de promotion du semis direct et l'annonce d'une série de mesures destinées à en assurer le bon déroulement. Une campagne agricole qui, faut-il le rappeler, est marquée par la hausse des prix des matières premières et des intrants agricoles. En présence de Mohammed Sadiki, ministre de l'Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, l'actuelle campagne a démarré dans la Région Rabat-Salé-Kénitra. Pour veiller à son bon déroulement, le ministère a pris une série de dispositions permettant d'assurer la disponibilité des intrants agricoles, notamment les semences, les engrais et les produits de traitement, outre l'accompagnement des agriculteurs. Parmi ces mesures, figure la mise à disposition d'environ 1,6 million de quintaux de semences certifiées de céréales qui seront commercialisées à des prix subventionnés. L'approvisionnement du marché se fera à hauteur de 490.000 tonnes d'engrais de fonds, en assurant la stabilité des prix des engrais phosphatés et la rationalisation de leur utilisation sur la base des cartes de fertilité des terres agricoles établies sur 7,8 millions d'ha. À noter, par ailleurs, la poursuite du Programme national d'économie d'eau d'irrigation (PNEEI), à travers l'équipement de 45.000 ha d'exploitations agricoles en système d'irrigation localisée et l'achèvement de la modernisation des réseaux d'irrigation collectifs sur une superficie de 107.000 ha et son extension sur une superficie de 48.000 ha. 4,49 MMDH de subventions pour 2022 Pour ce qui est de l'assurance agricole multirisque climatique, elle sera élargie aux céréales, légumineuses et cultures oléagineuses, et ce sur une superficie de 1,2 million d'ha, contre 1 million d'ha lors de la campagne précédente. Le programme d'assurance multirisques pour les arbres fruitiers sera étendu à près de 50.000 ha. Il est prévu, également, la poursuite de l'encouragement de l'investissement dans le secteur agricole, à travers l'octroi d'incitations dans le cadre du Fonds de développement agricole (FDA). Le montant prévisionnel des subventions, pour 2022, atteindra environ 4,49 MMDH, pour un investissement global de 9,2 MMDH. Concernant le volet financement, le Groupe Crédit Agricole du Maroc (GCAM) a pris les dispositions financières et réglementaires nécessaires, à l'instar des campagnes précédentes, pour répondre aux besoins de trésorerie de la campagne agricole. Une enveloppe financière de 8 MMDH est ainsi dédiée au financement de l'actuelle campagne contre 4 MMDH lors des précédentes, avec le lancement de nouveaux produits «Tasbiq FDA » et «Tasbiq Tasdi ». Quant au programme prévisionnel des grandes cultures d'automne, il sera mis en place en tenant compte des disponibilités hydriques dans les zones pluviales, sur une superficie de 5,5 millions ha dont 4,6 millions de céréales, 510.000 ha de cultures fourragères et près de 200.000 ha de légumineuses alimentaires. Dans les périmètres irrigués, un programme d'assolement rigoureux sera lancé sur une superficie de 114.000 ha de maraîchage d'automne et plus de 47.000 ha de betterave à sucre. Il sera réparti selon les régions sen fonction des réserves hydriques disponibles. Enfin, une superficie de 50.000 ha est programmée pour la multiplication des semences de céréales afin de garantir un stock disponible en semences certifiées de 1,5 millions de quintaux en vue de la prochaine campagne agricole. Semis direct : atteindre un million d'ha en 2030 Par ailleurs, le lancement de la campagne a été aussi marqué par le coup d'envoi du programme national de semis direct, qui couvre une superficie de 50.000 ha, au titre de l'actuelle campagne agricole 2021/2022. Cette surface est répartie sur les régions de Rabat-Salé-Kénitra, Casablanca-Settat, Fès-Meknès, Marrakech-Safi et Beni Mellal-Khénifra. À l'horizon 2030, ce programme national a pour ambition d'augmenter graduellement la superficie pour atteindre un million d'hectares de céréales en semis direct, partant d'une superficie de moins de 30.000 ha, actuellement. Rappelons que le semis direct, qui est un mode de production des céréales sans aucun travail préalable de préparation de sol, est un package technologique qui a démontré son efficacité dans les zones arides et semi-arides. Il s'agit donc d'une orientation majeure de la stratégie Génération Green, surtout avec le déficit hydrique aggravé par une sécheresse structurelle. Pratiquée par des semoirs spécifiques, la technique assure le maintien de la fertilité du sol et en conserve l'humidité. Elle se base sur la rotation des cultures et a enregistré des résultats probants en permettant d'améliorer la fertilité du sol, le taux de matière organique, et donc le rendement des céréales, de 30% en moyenne, ainsi que leur stabilisation, notamment en année sèche. À signaler, également, que cette technique permet de réduire les coûts d'installation de 30% à 60% et l'érosion du sol de plus de 50%. Elle vise ainsi à améliorer la résilience et l'adaptation de l'agriculture aux changements climatiques. Le Fonds de Développement Agricole apporte son appui Selon le ministère de tutelle, la mise en œuvre de ce programme sera accompagnée par un certain nombre de mesures. Il s'agit des incitations dans le cadre du Fonds de Développement Agricole (FDA) pour l'acquisition de semoirs de semis direct, à hauteur de 50% du prix d'acquisition. À cela s'ajoute le renforcement des actions de conseil agricole, à travers les plateformes de démonstration, les écoles aux champs, la formation des conseillers et des agriculteurs, en plus de l'encouragement et l'accompagnement à la création de sociétés de prestation de service. Parallèlement, le programme de recherche et développement se poursuivra, via la mise en place de plateformes d'innovation et la réalisation de cartes de viabilité du sol au semis direct. Est prévue, également, la création d'une entité dédiée, relevant du Centre international du conseil agricole (CICA) pour appuyer la mise en œuvre du programme national, à travers l'accompagnement des jeunes entreprises dans le domaine du semis direct, le transfert de technologie et de savoir-faire aux agriculteurs ainsi que la formation des agriculteurs et des conseillers. Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO