S'il y a bien un pavillon qui ne passe pas inaperçu à la «Semaine verte internationale de Berlin», une foire dédiée aux denrées alimentaires dans l'espace germanophone, qui se tient du 18 au 28 janvier 2013, c'est bien celui réservé au Maroc. Aménagé à l'image d'un souk traditionnel marocain avec une ambiance festive, ce pavillon implanté sur une superficie de 500 m2 est conçu, cette année pour répondre aux ambitions des vingt quatre producteurs et groupements de producteurs marocains qui prennent part à cette manifestation. Ils sont tous animés par l'envie de faire la promotion de leurs productions représentant les produits du terroir, l'industrie agroalimentaire et les fruits et légumes, lors de cet événement qui signe la 78e édition de Green Week et la deuxième participation du Maroc, après celle de 2011. Ce sont en fait les exposants des produits du terroir qui y participent en masse. Ils sont 17 groupements (six groupements d'intérêt économique, neuf coopératives de producteurs, une union de producteurs et une association) à mettre le cap sur cette foire rassemblant quelque 1.600 exposants provenant de 55 pays et accueillant près de 420.000 visiteurs, spécialistes de la branche et consommateurs, en grande majorité en provenance d'Allemagne et des pays voisins. Représentant les 9 régions agricoles du Maroc, ces exposants, opérant dans le cadre de groupements et coopératives se distinguent, pour la plupart, par leurs produits labellisés, à savoir que trois signes distinctifs sont retenus : l'indication géographique (IG), l'appellation d'origine (AO) et le label agricole (LA). À ce jour, 15 produits jouissent de cette distinction qui sera élargie cette année à d'autres produits. C'est pour dire qu'un grand pas a été franchi dans la mise en œuvre de la stratégie des produits du terroir, dont la plupart sont vendus sur le marché local, plus précisément dans les grandes surfaces (Acima, Carrefour Market, Marjane...). Les producteurs se réjouissent déjà de cet acquis en attendant que les efforts engagés par la direction pour le développement agricole (ADA) donnent leurs fruits et génèrent de l'élan à l'intérieur de cette niche agricole. «Au Maroc, les différentes variantes de notre couscous sont très prisées sur le marché local. Par contre, l'accès aux marchés étrangers demeure difficile. On a besoin que les problèmes de distribution et de commercialisation à l'extérieur soient réglés», a lancé Chaffai Hamdaoui Zhor, présidente de l'Association des femmes sans frontières, active à khouribga et encadrant une coopérative de production de couscous reconnue par son produit «El Hadga Mfassis Couscous», distribué aussi par les enseignes de grande distribution au Maroc. D'autres producteurs ont par contre franchi le pas de l'exportation et ambitionnent de monter en puissance dans l'ouverture sur les marchés étrangers. C'est le cas notamment de «Sahara Cactus», une société marocaine spécialisée dans la production, le conditionnement, la transformation et l'exportation du cactus. «Notre groupement, grâce au partenariat avec l'ADA et la direction provinciale de l'agriculture ainsi que l'appui de la coopérative Adrar, a réussi à exporter vers le Canada. En 2011, nous avons commencé timidement avec l'exportation de 100 tonnes. La même quantité était exportée en 2012, qui n'était pas une bonne année pour notre groupement», a indiqué, Kaltouma Achahour, présidente du groupement d'intérêt économique (GIE), Subbar Aït Baamrane et directeur général de Sahara Cactus, dont une partie de la production transformée est orientée vers la Russie, la Roumanie et la Pologne. Pour dire que les produits de terroir sont voués à un bel avenir. Il suffit que l'accompagnement des acteurs de l'agriculture solidaire soit au rendez-vous pour une meilleure valorisation des produits et donc pour un retour sur investissement satisfaisant pour toutes les parties prenantes dont les agriculteurs. Tout laisse croire aujourd'hui que le ministère de l'Agriculture et de la pêche maritime, via l'ADA soit bien déterminé à relancer ce chantier prometteur pour le développement de l'agriculture solidaire. «Nous avons entamé une nouvelle génération de partenariats dans le cadre du pilier II, qui porte sur l'accompagnement solidaire et durable de la petite agriculture», a tenu à préciser Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime, lors du forum maroco-allemand, tenu le 19 janvier dernier à Berlin, en marge du salon. Ainsi, dans le cadre d'un partenariat avec l'Allemagne par exemple, il sera question de mettre en relation les compétences marocaines formées en Allemagne avec les producteurs locaux pour une meilleure valorisation du produit et une parfaite maîtrise des circuits de la distribution sur ce pays, dont les relations de coopération avec le Maroc, notamment dans les domaines de la formation et l'encadrement, sont appelées à se multiplier. «Dans le cadre de cette approche, l'ADA devra évaluer les besoins des coopératives et les communiquer à notre réseau en Allemagne. La Chambre allemande de commerce et d'industrie au Maroc étant l'interlocuteur pour toute la diaspora marocaine en Allemagne», a précisé Moha Ezzabdi, conseiller en ressources humaines et à la réintégration à la Chambre allemande de commerce et d'industrie au Maroc. Bref, toute l'importance aujourd'hui est de pouvoir réussir le challenge de l'amélioration du positionnement du produit de terroir marocain. La direction du développement des produits de terroir, mise en place en 2011, en fait son cheval de bataille. «Nous avons commencé en 2012, l'accompagnement des producteurs pour la valorisation de leurs produits, en adoptant les pratiques appropriées en matière de packaging et marketing. Nous avons aussi commencé à explorer des marchés européens dont la Belgique où des acheteurs ont déjà confirmé l'achat des produits tels les dattes, la safran et l'huile d'argan», a tenu à préciser Idriss Ettabaa, directeur du développement des produits de terroir, lequel aura du pain sur la planche en 2013. La mise à niveau des groupements et leur appui en matière de développement de plans d'actions marketing sont les deux principales priorités de l'année...