Telle une célébration de l'originalité et de la créativité, «The World is not as I see it» est un regard sur l'art contemporain et ses jeunes artistes marocains. Après avoir remporté un grand succès avec l'exposition «Senses and Essence» à New York puis à Casablanca en mai et juin 2011, Nawal Slaoui et «Cultures Interface» présentent à Casablanca une exposition collective de la scène émergente marocaine du 1er février au 9 mars prochains. Déjà forte d'une expérience parisienne, l'exposition de Nawal Slaoui réunit les œuvres de Zineb Andress, Arraki, d'Amina Benbouchta, de Hicham Berrada, de Simohamed Fettaka et du dramaturge Driss Ksikes. Une exposition rendue possible à Paris grâce à la coproductrice Dominique Fiat, ancienne danseuse et mannequin haute couture, diplômée en histoire et histoire de l'art, qui a créé sa galerie en 2004, après avoir collaboré à de nombreux projets et galeries liés à l'art contemporain depuis 1990. Séduite par le projet de Slaoui, elle accueille donc l'exposition dans ses murs, parce qu'il est difficile de refuser quelque chose à Nawal Slaoui, réelle militante culturelle. Diplômée de l'école américaine de Tanger en 1983, puis d'histoire islamique à l'université de Boston, elle retourne au Maroc où elle ouvre une galerie d'art nommée Meltem. Collaborant dans divers projets artistiques à Casablanca et notamment au Festival de Casablanca en 2005, elle crée «Cultures Interface» en 2010. Une fondation, qui quelques années plus tard réunira autour d'elle des jeunes talents marocains autour de l'art contemporain. Ces cinq jeunes créateurs aux profils différents apportent à cette exposition collective une certaine diversité et un mélange des genres. Cinq horizons En effet, Zineb Andress Arraki s'exprime avec des photographies traditionnelles. Son travail allie architecture, photographie, sculpture et vidéo, Amina Benbouchta est dans la peinture faussement figurative, transformant le quotidien en une «autre chose» et Hicham Berrada met un grain de sel scientifique dans ses œuvres pour faire de l'invisible quelque chose de bien concret. D'autre part, Simohamed Fettaka invite le spectateur à questionner ses convictions au premier degré à travers un langage riche en subtilité, en ironie et en dérision, en s'exprimant par l'appropriation et le détournement de personnages, d'images iconiques, de symboles, de tabous et d'objets culturels marocains aux côtés de l'écrivain dramaturge Driss Ksikes. Un cocktail artistique intéressant que propose «The World is not as I see it». L'exposition qui avait rassemblé plus de 1.000 visiteurs parisiens, est née à l'initiative de Nawal Slaoui. Grâce au soutien de ses sponsors et partenaires, cette exposition sera présentée au public marocain, au musée de la Fondation Abderrahman Slaoui à Casablanca, à partir du 1er février prochain. «The World is not as I see it» est une exposition qui va au delà de la limite des murs de l'évènement, puisqu'elle invite à méditer sur les perceptions qu'ont les Marocains de leur environnement direct. «Les œuvres exposées sont de l'ordre de l'expérience captive, des fragments du monde qui apportent la certitude rassurante que la sensibilité et l'œil, utilisés avec acuité, transforment notre regard. Il s'agit de faire une brèche dans la «vision consensuelle» provoquée par des archétypes, pour prendre possession d'un espace nouveau, d'une réalité autre et se prévaloir de droits sur elle». C'est dans le cadre des activités de Cultures Interface, que cette structure a pris le parti d'être une galerie itinérante à travers l'Afrique, l'Europe et l'Amérique. Ce choix lui permet d'avoir une multiplicité de propositions adaptées à des types de lieux et d'œuvres divers. Cultures Interface est ainsi entièrement dévouée à la promotion d'artistes à l'international à travers des expositions clé en main, avec le soutien du commissariat d'exposition, du conseil en gestion de collection et aussi de la production d'œuvres de commande pour l'espace public et privé. C'est une façon pour la structure de confirmer son engagement auprès de la scène artistique marocaine. Un engagement qui ne fait que commencer, encouragé par la promotion d'un art presque oublié. Le combat sera long mais lorsqu'il est noble et habité par la passion, il ne peut qu'être fructueux. En attendant, l'exposition vaut bien le détour à partir du 1er février prochain au musée de la Fondation Abderrahman Slaoui à Casablanca.