Le secteur de la santé au Maroc, en quête de plus d'efficience et d'inclusivité à même de garantir des services de qualité aux citoyens, aura tout à gagner avec son ouverture sur les investissements étrangers. Cette orientation s'est concrétisée dans le projet de généralisation de la protection sociale à l'horizon 2025. C'est un nouveau pas qui devrait constituer un véritable changement de paradigme. Pour Saad Zbiri, enseignant-chercheur à l'Ecole Internationale de Santé Publique relevant de l'Université Mohammed VI des sciences de la santé (UM6SS), « l'investissement étranger participerait, à coté du secteur national, public et privé, à l'effort de renforcement des capacités des services de santé ». Cependant, il existe un enjeu important, à savoir celui d'orienter ces investissements vers les activités déficitaires et/ou les territoires sous-dotés, a relevé le spécialiste des systèmes de santé et de l'économie de la santé, dans un entretien à la MAP. « Il ne s'agit pas d'une tâche facile, sachant que les investisseurs cherchent en premier lieu la rentabilité et sont donc incités à investir dans les activités à grand volume et à s'installer dans les grandes agglomérations où le manque est souvent le moins important », a expliqué Zbiri, notant que ceci peut engendrer une forte concurrence dans certains bassins de santé. La concurrence peut, certes, améliorer la qualité des soins proposés, mais elle ne doit pas mettre en difficulté le tissu sanitaire déjà existant, a tenu à souligner Zbiri. Selon lui, un système de santé doit aussi être solvable, mais pas forcément rentable. "C'est-à-dire qu'il doit pouvoir assurer le financement de la consommation des différents services de soins sans créer un réel déficit », a précisé l'expert. Par ailleurs, Zbiri a considéré que le financement du système de santé au Maroc est jugé encore insuffisant puisqu'il représente 5% à 6% du produit intérieur brut (PIB), selon les dernières données disponibles. Ainsi, « Il est alors important de consacrer des sources de financement supplémentaires pour accompagner la réforme actuelle liée à la généralisation de la couverture sanitaire universelle et ainsi faire face à l'ensemble des besoins", a-t-il préconisé, ajoutant qu'il ne faut pas simplement accroître l'utilisation des services de soins, mais plutôt « faciliter une meilleure consommation répondant aux réels besoins en santé". Même son de cloche pour Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, qui a estimé qu'un système de santé efficient permet l'accès de la population en temps utile à des soins de santé d'une qualité satisfaisante et à un coût abordable. Il faut opter pour un parcours de soins coordonnés afin de rationaliser les efforts des professionnels de santé, des dépenses de santé, de l'usage des infrastructures et d'améliorer la qualité des soins, a-t-il recommandé, précisant que cela nécessite une participation significative de toutes les parties prenantes en adoptant une vision stratégique basée sur la programmation, l'évaluation et le suivi. D'après lui, le système de santé marocain connaît un déficit marqué en matière d'offre de soins et sa répartition géographique inégale, et qui concerne les ressources humaines mais aussi les établissements de santé. Pour Hamdi, la généralisation de la couverture médicale nécessite de relever un ensemble de défis, dont celui de l'amélioration de l'infrastructure sanitaire sur l'ensemble du territoire national, afin de répondre à la demande qui augmentera à un rythme rapide avec la mise en place de ce grand chantier sociétal. Au delà de ces défis, le système de santé au Maroc doit aussi s'intégrer davantage dans un processus d'innovation. En effet, la recherche dans le domaine des technologies de la santé s'avère la voie idéale à même d'améliorer constamment la qualité et la sécurité des soins. Dès lors, l'investissement dans les nouvelles technologies de santé paraît plus que jamais une nécessité.