La prochaine radiation de Nexans Maroc pour raison d'illiquidité braque à nouveau les projecteurs sur les valeurs encore pensionnaires de la cote malgré leur manque de liquidité. Les questions concernant leur maintien à la cote s'intensifient, ainsi que sur le rôle de la Bourse de Casablanca dans ce type de décisions…. La prochaine sortie de Nexans Maroc de la cote casablancaise relance le débat sur la qualité du marché boursier marocain. Pour rappel, Nexans Maroc compte procéder prochainement à la radiation de ses titres de capital de la cote de la Bourse de Casablanca, invoquant la faible liquidité de son titre et la visibilité limitée de ses titres au sein du marché. «Des valeurs peu liquides, il y en a près d'une dizaine sur la place sur un total de 76 sociétés cotées», admet un professionnel de la place. Cela se reflète d'ailleurs sur la composition des indices phares de la cote. Depuis plusieurs années, le Masi traduit la performance de l'ensemble des titres de la cote, alors que le Madex représentait les valeurs les plus actives du marché. «Ce n'est pas pour rien que les performances des deux indices étaient quasi-identiques», commente l'analyste, affirmant au passage qu'une séance-type à la Bourse de Casablanca se limitait au traitement d'une trentaine de sociétés seulement. Ceci est dû en grande partie au fait que les institutionnels ne courent pas après ce type de valeurs, leur position leur imposant d'investir dans les Blue Chips. «Ce sont généralement les mêmes valeurs qui reviennent. De temps à autre, des transactions étaient enregistrées sur des valeurs peu liquides, mais cela ne sert généralement qu'à faire bouger artificiellement le titre et donner un semblant de vie à l'action. Mais de toute façon, il n'y a pas beaucoup de demandes dessus», souligne le professionnel de la place, avant de faire le distinguo entre différents types de valeurs illiquides. La différenciation se ferait selon notre interlocuteur, au niveau des fondamentaux. Dans la première catégorie, dite de valeurs saines, l'on retrouve les entreprises qui présentent une bonne santé financière, mais qui, du fait du très faible flottant en Bourse, ont des titres très peu liquides. «Cette très faible dilution du capital demeure la propriété d'une minorité de personnes qui, pour une quelconque raison, ne souhaite à aucun prix, les échanger sur le marché», explique le professionnel de la place. À cela s'ajoute, la frilosité des investisseurs envers les entreprises qui, avant les nouvelles dispositions de l'AMMC, communiquaient très peu. «Cette opacité et ce manque d'informations nous poussaient à écarter ce genre de valeurs de nos scopes d'analyses», explique un autre analyste. ce dernier poursuit : «Alors que les moyens et les outils ne manquent pas pour raviver notre intérêt et celui des investisseurs et ainsi doper la liquidité de ces titres». «La communication ne devrait pas se limiter aux seuls agrégats obligatoires, mais devrait s'étendre à toute action stratégique pouvant valoriser l'image de la société», commente un autre professionnel de la place. Outre l'amélioration du contenu des communications financières, ces sociétés pourraient refaire appel au marché pour le financement de leurs projets de développement, adopter des programmes de rachat pour réguler le cours de leurs actions ou autres. À l'opposé de ces entreprises «intéressantes mais illiquides», il existe des sociétés à qui le marché tourne complètement le dos et que les investisseurs boudent depuis longtemps. «Certaines entreprises ne remplissent plus aucun critère pour un maintien à la cote, et pourtant elles y sont toujours», fait remarquer un gestionnaire de portefeuille. Cela concerne des entreprises en très mauvaise posture dont le niveau de valorisation semble disproportionné et qui, de surcroît, ne font aucun effort pour rassurer leurs actionnaires. «C'est à se demander si la Bourse leur est toujours utile», se questionne un analyste. Pourtant, la Bourse de Casablanca a la possibilité, selon son dernier règlement, d'intervenir sur les règles relatives à l'admission à la cote des instruments financiers, à leur séjour et à leur radiation. D'ailleurs, l'article 19 de la loi n° 19-14, relative à la Bourse des valeurs, aux sociétés de Bourse et aux conseillers en investissement financier, octroie la possibilité à la société gestionnaire de procéder à la radiation de la cote. Celui-ci stipule que «la radiation d'un instrument financier de la cote de la Bourse des valeurs peut être décidée par la société gestionnaire après avoir préalablement informé l'AMMC». La société gestionnaire procède à la radiation d'un instrument financier au regard du non-respect des conditions de séjour à la cote de la Bourse des valeurs, du manque de liquidité de l'instrument financier concerné ou encore du non-respect de la résolution adoptée par l'assemblée générale ordinaire de mise en paiement de dividendes. Le Madex cède sa place au MSI 20 Conçu par la Bourse de Casblanca, le MSI 20 traduira la performance des cours des 20 entreprises les plus liquides de la cote. Il permettra ainsi de répondre aux attentes des investisseurs intéressés par les valeurs les plus liquides, de mieux refléter la physionomie de la cote à travers le mix capitalisation flottante/volume, et de représenter les principaux secteurs d'activité de la cote, expliquait la Bourse de Casablanca dans sa présentation. Un changement qui entre dans le cadre de son plan de développement lancé en 2018 afin de créer de la transparence sur la valorisation des actifs, d'assurer un meilleur partage de l'information, de promouvoir la liquidité pour accroître la profondeur des marchés et de libérer le potentiel d'innovation financière.