Notre dossier emploi&carrières (les Echos du 22 février), a abordé la poussée féministe qui s'empare des entreprises en Europe. Qu'en est-il du Maroc ? Cette interrogation, les analystes du marché de l'emploi marocain, dont Younès Mouhib directeur de Positif conseil, expliquent que l'approche genre existe également au Maroc dans certains secteurs. Mais contrairement à la tendance observée en Europe, la féminisation des entreprises est plus marquée dans certains créneaux et métiers où prédominent encore une vision traditionnelle de l'organisation du travail, basée sur la répartition des tâches suivant le sexe. «L'emploi massif des femmes est souvent dicté par des traditions de travail, notamment de la main d'œuvre. Ainsi on va spécialiser les femmes dans certaines activités pour leurs supposées habiletés (fondées ou non) dans ces activités, comparativement aux hommes», explique Younes Mouhib. Cette tendance souligne cet observateur des pratiques RH, est plus courante dans l'industrie agroalimentaire, par exemple, où la tradition du secteur cantonne facilement les femmes dans des activités comme éplucher des légumes, nettoyer les poissons, etc... Ces activités sont considérées comme naturellement dévolues aux femmes et en conformité avec leur rôle social traditionnel. Autre facteur explicatif de l'emploi massif des femmes dans certains secteurs,c'est le coût de la main d'œuvre féminine qui est moindre que celui de la main d'œuvre masculine. Discrimination Cette approche genre est en fait plutôt discriminante, car contraire aux prescriptions de la législation du travail. Le code du travail consacre l'égalité des chances entre les hommes et les femmes et condamne la discrimination basée sur le sexe. Toutefois, selon Mouhib, «cette réalité commence à changer, non pas sous la contrainte des inspecteurs du travail, mais du fait des exigences des donneurs d'ordre internationaux, qui de plus en plus exigent à leurs partenaires (dont ceux des secteurs marocains), de respecter la norme SA 8.000». Celles-ci impose le respect de certains principes dont la question de l'emploi des femmes (équité dans les salaires entre les hommes et les femmes par exemple). Les indications relatives à la notion de RSE (responsabilité sociale de l'entreprise) et la norme ISO 26.000, relative à la notion de développement durable, vont également dans ce sens. Mais il reste encore beaucoup à faire, car les veilles habitudes ont la peau dure. S.S.M