Comme à l'accoutumée, le conseil trimestriel de Bank Al-Maghrib est attendu avec impatience, et pour cause. Les orientations de la politique monétaire conditionnent les stratégies des professionnels, notamment, dans le milieu bancaire. Et les pronostics vont bon train : Abdellatif Jouahri, gouverneur de BAM, va-t-il annoncer une mesure fracassante concernant le taux directeur ou la réserve obligatoire des établissements de crédit? S'agissant du taux directeur, l'avis le plus récurrent chez les professionnels est celui du statu quo. Le loyer de l'argent (3,25%) n'avait pas subi de changement lors du dernier conseil, vu que BAM ne voulait pas donner de signal pour faire repartir les crédits, car après 2007 et 2008, qui restent des années exceptionnelles, étant donné que la frénésie en la matière commençait à s'atténuer. Une baisse est-elle un signe positif? En tout état de cause, la banque centrale devrait avoir plus de visibilité qu'auparavant. Et, en cas de révision du taux directeur à la hausse, la question de la répercussion par les banques au niveau des crédits à la clientèle se poserait encore une fois avec plus d'acuité.Concernant la réserve obligatoire, «Une nouvelle baisse ne serait pas perçue comme un signe positif pour le marché. D'autant plus qu'elle a déjà eu lieu à trois reprises en 2009. Je pencherais plus pour le statu quo», commente une source bancaire. En effet, lors du dernier conseil de la Banque centrale en septembre, le taux de la réserve monétaire a été ramené de 10 à 8%. Mais Jouahri, fidèle à son credo, avait annoncé que BAM injectera autant de liquidités qu'il faudra pour soutenir l'économie. Autrement dit, une nouvelle baisse n'est pas totalement exclue. On se souvient encore du «cadeau de fin d'année», accordé il y a un an par le conseil de BAM. La baisse de la réserve obligatoire avait permis d'injecter quelque 11 milliards de DH de liquidités. Les banques espèrent un relâchement L'équipe de recherche la Banque des Marchés d'Attijari va dans le sens du pronostic général. En effet, les montants injectés via les avances à 7 jours ont affiché une moyenne de 16 milliards de dirhams depuis la décision, alors qu'ils avaient atteint 21 milliards en moyenne sur le troisième trimestre de 2009. «À cet effet, nous prévoyons un statu quo de ce taux lors de la réunion d'aujourd'hui, compte tenu de l'allègement des tensions sur la liquidité sur le marché interbancaire» souligne l'équipe de recherche. Cependant, les analystes restent prudents, puisqu'ils estiment que les facteurs pesant sur la liquidité de marché sont toujours d'actualité. Ce qui peut obliger encore une fois la banque centrale à revoir ce taux «ou à utiliser d'autres instruments monétaires afin de combler les éventuels déficits de liquidité». S'agissant du taux directeur, plusieurs éléments peuvent être favorables à une baisse des taux à court terme. Notamment les tensions sur la liquidité pèsent de plus en plus sur le coût de financement des banques qui attendent un relâchement des conditions de la part de BAM. «Ainsi, nous estimons que la réunion de demain devrait aboutir à un statu quo du taux directeur avec une probabilité significative d'une baisse de 25 points de base», conclut l'équipe de recherche.