Où en sont les stratégies culturelles du pays ? C'est la question sur laquelle s'est engagé à répondre le ministre de la Culture, Mohamed Amine Sbihi, en début de semaine. Le ministre a en effet a présenté son bilan relatif aux deux plans stratégiques visant la pluralité et le développement culturel, en l'occurrence «Maroc culturel» et «Patrimoine 2020». Ces deux stratégies représentent deux chantiers majeurs ouverts par le ministère de la Culture dans la perspective d'asseoir les fondations de la gestion de la chose culturelle au Maroc, de valoriser l'identité marocaine et de lier la culture aux objectifs de développement fixés, comme expliqué par Sbihi. Ce dernier a aussi affirmé que ces deux stratégies constituent, aux côtés du chantier des industries culturelles et créatives, les axes majeurs qui ont encadré les efforts déployés par le ministère de la Culture et qui se sont reflétés dans le bilan annuel de l'action de ce département. C'est donc ce qui a alimenté le satisfecit du ministre quant à la réalisation des objectifs de son programme, et ce, «malgré un budget de financement modeste, mais stable de 580 MDH». Aujourd'hui, c'est une nouvelle ère que le département inaugure avec ses partenaires. Des résolutions ont en effet prises pour que les actions futures du ministère s'opèrent sur la base de la contractualisation, «ce qui permettra de consigner les engagements réciproques et de se fixer des objectifs et un échéancier précis», a tenu à préciser Sbihi. Stratégies Dans le cadre de la stratégie «Maroc culturel», de la promotion des industries culturelles créatives, de l'adoption d'une nouvelle vision de la coopération et du partenariat, le ministre de la Culture a souligné l'élaboration de deux documents importants. Le premier étant sous forme de rapport sectoriel sur l'état des différentes expressions culturelles et artistiques, ainsi que sur les voies de leur promotion. Le deuxième rapport équivaut quant à lui à un projet de Pacte national de la culture marocaine. Ces deux documents qui feront l'objet de débats, à la mi-décembre prochain, avec les acteurs de la scène culturelle et artistique, sont de nature à favoriser la mise en place de règles juridiques régissant la diversité et le pluralisme culturel et réglementant les rôles des différents intervenants dans la gestion de la chose culturelle. De son côté, la stratégie «du patrimoine à l'horizon 2020» s'articule autour des volets législatif, communicationnel et procédural. Il s'agit en premier lieu de réviser la loi relative à la protection du patrimoine culturel et de mettre en place la convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel. Il s'agit également de revoir le système des «trésors humains vivants» en tant que mécanisme voué à la préservation du patrimoine immatériel le plus répandu. À cette occasion, le ministre annonce la tenue, à la fin de ce mois ou au plus tard au début du mois prochain, d'une rencontre-débat sur la stratégie «du patrimoine à l'horizon 2020». Sur un tout autre registre, le ministère de la Culture mise sur la promotion des industries culturelles et créatives comme étant une notion moderne permettant à la culture de retrouver sa dimension capitale créatrice de valeurs et sa contribution indéniable au développement global et ce, à travers des circuits économiques à part entière. Le livre, là où le bât blesse Si les premiers aspects poussent nourissent l'optimisme de la tutelle, c'est par contre du côté du livre que la situation n'est guère reluisante. Les différentes tutelles qui se sont succédées n'ont attacher les Marocains au livre. «Un Marocain ne lit que deux minutes par an, contre deux cent heures pour un Européen», a déploré Sbihi en rappelant des chiffres qui, chaque année noircissent le score du Maroc en termes du culture générale. Pour autant, la tutelle semble être consciente des causes de cette frilosité à l'égard des livres et pointe d'abord du doigt le système scolaire. Ainsi, avec 30 heures d'enseignement hebdomadaire, les élèves ont peu de temps pour lire pour une moyenne mondiale se situant à 23 heures. Le ministre de la Culture a également pointé du doigt la politique budgétaire qui bloque l'édition et la production de livres dans le royaume. Comparativement, le Maroc produit annuellement 2.000 titres alors que la France en produit plus de 63.000. Dans ce contexte, Sbihi a rappelé l'apport que pourraient présenter les axes du Programme national pour le soutien de la lecture et du livre Artistes La condition des artistes a aussi été abordée par le ministre de la Culture. Ce dernier a annoncé que son département œuvrait pour la mise en place d'un mécanisme national visant à assurer la protection sociale des artistes. Il a également souligné que ce mécanisme a pour objectif de faire face à la situation sociale difficile dont pâtissent certains artistes, en particulier les pionniers, ajoutant que cet instrument sera opérationnel au début de l'année prochaine. Le ministère se penche actuellement sur les textes organisationnels relatifs à ce projet, même si la problématique du financement persiste encore. Ce mécanisme vise à garantir des revenus stables en faveur des artistes pionniers qui ne sont plus capables de poursuivre leur carrière, en raison de leur âge ou de soucis de santé.