Ceux qui se posaient encore la question de savoir pourquoi Vivendi envisage de céder sa filiale marocaine, trouveront certainement un début de réponse dans les résultats financiers de Maroc Telecom au premier semestre 2012. De plus en plus à l'étroit sur le marché national, l'opérateur historique de télécoms a adopté une stratégie à l'international qui présente un fort potentiel de croissance. Toutefois, avant d'en récolter les fruits, il faudra injecter une enveloppe assez consistance en termes d'investissement, que Vivendi ne possède pas dans l'immédiat. Participez au sondage de la semaine : "Qui décrochera Maroc Telecom?" Cela fait de la filiale marocaine une filiale assez mature et présentant un assez intéressant potentiel de croissance pour être cédée. Par contre, pour des repeneurs potentiels, qui plus est assez «aisés», Maroc Telecom est une occasion à ne pas rater pour accéder par la grande porte au marché africain. A fin septembre, l'opérateur télécom affiche des réalisations, certes en ligne avec les perspectives au titre de l'ensemble de l'exercice 2012, à savoir une marge d'EBITA de plus de 38% et des flux nets de trésorerie opérationnelle stables à 11,5 MMDH, mais qui confirment l'exacerbation de la concurrence et la chute continue des tarifs au Maroc. En effet, au terme des neuf premiers mois de l'année, le chiffre d'affaires global d'IAM a régressé de 3% à 22,5 MMDH (deux milliards d'euros environ) suite à l'érosion du chiffre d'affaires au Maroc (-7,1%), dans un contexte de baisses successives des tarifs des terminaisons d'appels Mobile en janvier puis en juillet 2012, des reculs des prix dans le Mobile et du retrait du chiffre d'affaires dans le Fixe. Sur la même période, le résultat opérationnel (EBITA) s'est établi à 6,86 MMDH, en fléchissement de 21% par rapport à 2011. Hors charges de restructuration, le résultat opérationnel ressort à 7,66 MMDH, en recul de 11,2%, soit une marge de 43,5%. Les flux nets de trésorerie opérationnels au Maroc sont en retrait de 14,5% du fait de la baisse de l'EBITDA et du paiement des indemnités dans le cadre du plan de restructuration. Des tendances qui ont incité le groupe français, malmené sur son marché local, à catégoriser la filiale marocaine comme non génératrice de croissance. Ce dernier, qui ambitionne de se renforcer dans les pays émergents, aurait déjà reçu les offres de cinq opérateurs télécoms (le qatari Qtel, l'émirati Etisalat, le saoudien STC, le français France Telecom et le sud-africain MTN) pour la reprise de ses participations dans le capital d'Itissalat Al-Maghrib, qui pourtant s'en sort bien à l'international. Les ventes en Afrique (Mauritanie, Burkina Faso, Gabon, Mali) ont décollé au terme des neuf premiers mois de 2012 de 18,4% à taux de change constant à 5,2 MMDH. Cette performance s'attribue à la très forte croissance du parc Mobile (+45%), à l'enrichissement des offres et à la stimulation des usages des clients dans un contexte concurrentiel stable. Parallèlement, le résultat opérationnel (EBITA) s'est situé à 1,24 MMDH en bond de 42% par rapport à 2011 (+43% à taux de change constant). Les taux de marge d'EBITDA et d'EBITA enregistrent des progression respectives de 4,4 et 4,1 points par rapport à la même période de 2011. Les activités à l'international tirent profit des efforts d'optimisation des coûts, malgré la très forte croissance des trafics sur ses réseaux. Les flux nets de trésorerie opérationnels à l'international, sont, quant à eux, multipliés par un facteur 4,4 pour atteindre 909 MDH. Plus en détail, c'est le Gabon qui affiche la progression du chiffre d'affaires la plus importante avec +30% (à taux de change constant) à 958 MDH. Viennent après les marchés du Burkina Faso (+20% à 1,5 MMDH), du Mali (+18% à 1,78 MMDH) et de la Mauritanie (+11,1% à 1,01 MMDH). Une forte croissance qui désormais n'intéresse guère Vivendi, lequel semble renoncer à ses prétentions sur le marché africain pour se tourner vers les marchés émergents les plus générateurs de revenus. En attendant, le groupe français est engagé dans une dynamique de cession d'actifs dont ses parts dans Maroc Telecom seraient évaluées à près de 4 milliards d'euros. Selon les dernières informations sur cette opération, Qtel aurait proposé une offre financière alléchante estimée à quelque 5,5 milliards d'euros pour récupérer les parts de Vivendi dans IAM, qui au terme des neuf premiers mois de 2012, a vu son parc Mobile s'élever à 18 millions de clients, en hausse de 6,2% par rapport à septembre 2011 et ce, grâce à l'acquisition de 637.000 nouveaux clients au 3e trimestre. Le segment haute valeur postpayé confirme sa dynamique positive en affichant une croissance de 22% à 1,2 million d'abonnés, grâce aux efforts marketing d'enrichissement de l'offre et de migration des clients prépayés vers des offres d'abonnement. Le taux d'attrition global (churn rate) recule légèrement pour atteindre 22,7% (-1,5 pt par rapport à 2011). Avec la baisse de 31% des prix de Maroc Telecom ayant permis une hausse de 39% des usages sortants, le revenu des services Mobile ressort en baisse de 6,1% par rapport à 2011. Cette baisse traduit un recul de 3,9% du revenu sortant et de 14,5% du revenu entrant. Ce dernier étant consécutif à la réduction des tarifs d'interconnexion Mobile de Maroc Telecom avec deux baisses intervenues depuis le début de l'année, dont une de 30% le 1er juillet 2012, soit -56% sur 1 an. Cette baisse des prix n'est pas près de s'estomper. La concurrence non plus.