Les agences de notations cassent l'optimisme affiché par Abdellatif Jouahri. Après S&P qui a maintenu le rating du secteur bancaire, chose qui a déplu au gouverneur de la Banque centrale, c'est au tour de Moody's d'aller encore plus loin. L'agence de notation a, en effet, dégradé d'un cran la notation de deux banques marocaines, à savoir BMCE bank et Crédit du Maroc (CDM), principalement en raison de la montée du coût du risque chez ces établissements, d'une part, corrélée à un resserrement des liquidités d'autre part. C'est dire que tout l'optimisme, à travers lequel le gouverneur se targuait des banques marocaines comme étant un «benchmark» pour la région, tend à s'évaporer. Ceci étant, l'approche des agences en matière de notation reste un sujet à débattre. Tantôt l'une maintient la note des banques, tantôt une autre la dégrade. Une situation qui sème la confusion. Pour le cas de Moody's, la revue à la baisse des notes de BMCE et de CDM est liée aux réalisations des deux banques au terme du premier semestre de cette année. Principaux griefs retenus contre CDM : l'insuffisance des liquidités et la montée du risque. Pour l'agence, que les dépôts soient financés à hauteur de 67% par la collecte n'a pas empêché CDM de recourir à d'autres sources de financement telles que les injections de la Banque centrale. Moody's tient à préciser dans ses conclusions que ce type de financement est moins stable que les dépôts de la clientèle. Pour BMCE, Moody's justifie sa décision par la qualité des actifs, la montée des risques opérationnels, la baisse des dépôts collectés par la banque et l'insuffisance des fonds propres. L'agence émet également des réserves quant à l'expansion africaine de la banque. Mais la banque n'a pas hésité à réagir à cette notation en apportant les précisions qui s'imposent . Déficit de liquidité Mais au delà des deux banques, c'est tout le secteur qui semble inquiéter les observateurs internationaux. Il faut dire que le niveau du déficit des liquidités du système bancaire atteint 72,3 MMDH à fin septembre. Un nouveau record ! C'est désormais un déficit qui tend à devenir structurel. Or la liquidité reste l'un des principaux critères d'évaluation des agences internationales du secteur bancaire. Dans sa dernière appréciation de celui-ci, S&P a bien fait savoir que la liquidité du système bancaire marocain s'est détériorée ces dernières années, en raison d'une augmentation rapide des prêts sans une augmentation proportionnelle de la base des dépôts. La bonne nouvelle dans ce panorama est que le ralentissement attendu de l'économie freinera la demande de crédits et par conséquent, limitera les déséquilibres économiques. Pour l'heure, la situation des liquidités bancaires en septembre est principalement attribuée à l'effet conjugué de la baisse des avoirs extérieurs nets ainsi qu'à l'amélioration du compte du Trésor auprès de la Banque centrale. Cela dit, l'institut d'émission ne se lasse pas pour autant d'injecter du cash sur le marché monétaire. En septembre, elle a augmenté le volume de ses injections en le portant à 72 MMDH, dont 57 MMDH à travers les avances à 7 jours et 15 MMDH par le biais des opérations de pension livrées à 3 mois. Il est à noter que le besoin actuel en liquidités des banques intervient dans un contexte de diminution de 6 MMDH du montant minimum de la réserve monétaire, en relation avec la décision de la Banque centrale de réduire le ratio y afférent de 6 à 4%.