Plus de 138 heures d'émissions religieuses en un mois. Voilà ce qui ressort du dernier rapport de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) concernant les programmes religieux diffusés sur les chaînes de télévision généralistes au Maroc. Normal que ce chiffre soit si élevé, puisqu'il s'agit spécialement de la période du mois sacré de ramadan. Ceci est bien connu car cette période est propice aux programmes de divertissement et surtout d'humour, elle l'est également pour les programmes à orientation religieuse, plus courants en cours de journée. En témoignent d'ailleurs les conclusions de la HACA qui avance qu'une «grande partie des émissions religieuses quotidiennes programmées en cours de journée le sont entre 12h et 17h pendant le mois de ramadan». Les rendez-vous hebdomadaires, quant à eux, s'adaptent plus à des formats de diffusion après 19h, lit-on dans ce rapport. La rediffusion bat son plein Sur les quatre chaînes de télévision observées au cours de ces trente jours de jeûne, c'est à Al Oula que revient la première place du podium. En effet, avec 14 programmes (7 quotidiens, 3 hebdomadaires et 4 spéciaux) et plus de 61h de diffusion, la chaîne de la rue El Bhiri devance Medi1 TV (5 émissions et plus de 34h de diffusion), Tamazight (6 émissions et plus de 29h) et 2M qui avait programmé 5 émissions thématiques pour un peu plus de 13h30 de diffusion. Dans leur rapport, les sages notent cependant qu'une «grande partie des programmes diffusés au cours de ce mois sur Al Oula étaient déjà des émissions diffusées sur la chaîne thématique de la SNRT, Assadissa, au cours du ramadan 2011». «C'est également le cas pour la chaîne Tamazight», signale le document, «mais dans une moindre mesure». Ce phénomène de rediffusion ne concerne pas uniquement ces deux chaînes, puisqu'à en croire le rapport de la HACA, en dehors des programmes religieux marocains qui sont essentiellement produits en studio, «les autres émissions, qui font appel à des techniques audiovisuelles plus sophistiquées sont des programmes moyen-orientaux et ont généralement déjà été rediffusés sur des chaînes étrangères». C'est surtout le cas de Medi1 TV, précise le rapport du régulateur qui, en dehors du programme hebdomadaire «Bidoune Haraj» (sans concessions), «étaient essentiellement des acquisitions de programmes diffusés précédemment sur des chaînes religieuses, arabes et étrangères». Notons au passage que les débats organisés sur «Bidoune Haraj» avaient été orientés au cours de ce mois sacré sur des thématiques religieuses, aussi bien d'un point de vue éducatif, psychologique que social. On notera ainsi la faible production locale en matière de programmes religieux, en dépit de la demande importante des chaînes de télévision nationales, en particulier au cours de ce mois. Une histoire de langue Si sur la trentaine d'émissions programmées spécialement au cours du mois de ramadan, au moins 50% étaient produites par des opérateurs marocains, le marché de la production nationale en profiterait sans conteste, favorisant par là même l'émergence de concepts originaux, mais également adaptés à la réalité locale. Et ceci tant au niveau du contenu que de la forme. On constate notamment qu'une grande majorité des programmes religieux diffusés au cours de cette période sont présentés en arabe classique sur l'ensemble des chaînes nationales, en dehors de la chaîne Tamazight qui, selon la HACA a diffusé ses programmes en amazigh (les trois dialectes) tout en mettant en place un sous-titrage en arabe. Néanmoins, lorsque l'on sait qu'une grande partie de la population marocaine, qui s'intéresse à ce type d'émissions n'est pas forcément alphabétisée, nous pouvons nous demander si les chaînes de télévision publiques, mais également les producteurs, ne devraient pas «adapter» leurs discours à leurs cibles de téléspectateurs. Une question qui devrait également être discutée au niveau des ministères de tutelle, notamment celui des Habous et des affaires religieuses.