L'affaire de la liste des bénéficiaires des aides exceptionnelles octroyées par le ministère de la Culture n'a pas fini de faire parler d'elle. Après la colère de certains artistes qui se disent oubliés, l'opposition est montée au créneau pour demander des comptes à la tutelle. Othman El Ferdaous a encore du pain sur la planche. Dans un long post diffusé sur les réseaux, le 1er octobre, le ministre de la Culture, de la jeunesse et des sports a apporté quelques précisions concernant le soutien exceptionnel octroyé aux arts. Une opération qui a suscité des remous dans les milieux culturels. Et pour cause, de grands noms -mais pas que- de la scène culturelle marocaine se sont offusqués de la présence, dans la liste des bénéficiaires, de «non-ayants droit». Or, pour la dernière recrue du gouvernement El Othmani, «La transparence de l'action publique est toujours préférable et les citoyens ont un droit d'accès à l'information ; c'est pourquoi les résultats de l'appel à projet 2020 ont été entièrement publiés sur le site du ministère pour préserver la clarté sur l'usage des deniers publics». Un nouvel épisode Croyant ainsi avoir coupé court à la polémique, le ministre est de nouveau interpellé sur la question. Si les précédentes interpellations du membre du gouvernement ont eu lieu sur la toile, le débat s'est déplacé jusqu'au Parlement. «À la lumière de la polémique concernant les subventions du ministère de la Culture à un certain nombre d'artistes et de sociétés de production, Abdellatif Abdouh, membre du groupe Istiqlalien de la Chambre des Conseillers, a posé une question au ministre de la Culture, de la jeunesse et des sports, sur les critères adoptés pour la répartition des subventions aux artistes et sur la manière de les octroyer», annonce l'opposition dans un communiqué jeudi. En somme, le parti de Nizar Baraka se demande si la liste des bénéficiaires a été dressée à la demande des artistes ou si elle a été déterminée par le ministère de tutelle. Devant ses collègues députés, Abdouh a insisté sur le fait qu'une liste divulguée de cette subvention a provoqué un fort mécontentement sur les réseaux sociaux, «surtout que les pays du monde, dont le nôtre, connaissent une crise suffocante en raison des répercussions de la pandémie du coronavirus». Abdellatif Abdouh a affirmé que le point d'orgue de ce mécontentement est l'importance des sommes versées à certains artistes et pas à d'autres, en guise de subvention pour la période de cessation de leurs activités pendant le confinement. Ainsi, après avoir tenté de convaincre les artistes mécontents, Othman El Ferdaous va devoir éclairer la lanterne de l'opposition. Lors de sa précédente sortie, il a tout fait pour tenter de convaincre, détaillant les dispositifs transversaux mis en place grâce au Fonds Covid-19, lesquels ont certes permis à plus de 3.700 détenteurs de cartes d'artistes (anciennes ou nouvelles) de bénéficier des dispositifs Tadamon Covid (Ramed et informel), soit un taux d'acceptation des dossiers de 70%. Il est également revenu sur le nombre de projets candidats, multiplié par trois en 2020, passant de 327 en 2019 à 1.096. «Le nombre de projets bénéficiaires est passé de 155 projets en 2019 à 459 projets en 2020, également multiplié par trois», a souligné le ministre, ajoutant qu'une enveloppe globale pour les arts de 37 MDH a été débloquée, laquelle, bien qu'elle demeure en deçà du record atteint en 2016 avec 40 MDH, constitue une augmentation de 30% par rapport au soutien de 2019. Le ministère, qui dit également travailler «activement à la dématérialisation du processus d'appels à projets afin d'améliorer la communication avec l'ensemble des parties prenantes, de réduire le volume de papier échangé et de faciliter l'accès au soutien», affirme que la politique de soutien aux arts est perfectible et que son département demeure à l'écoute des propositions constructives. Mais, nuance El Ferdaous, «les appels à projets ne peuvent pas remplacer la généralisation de la protection sociale annoncée par le souverain le 29 juillet dernier». Khadim Mbaye / Les Inspirations Eco