Comment le Maroc évalue-t-il les politiques publiques qu'il met en œuvre ? La question s'invite à la deuxième édition de la Semaine marocaine de l'évaluation (SME12), qui se tient du 21 au 25 octobre à Rabat. Organisé par l'Association marocaine de l'évaluation (AME), l'évènement réunit plus de 150 participants nationaux et étrangers. Membres de la société civile, fonctionnaires des administrations publiques et des organisations internationales, chercheurs, étudiants et employés du secteur privé se pencheront également sur «l'institutionnalisation de la fonction de l'évaluation dans les pays en transition démocratique», au lendemain du Printemps arabe. Le but de la SME12, selon les organisateurs, est de proposer «un forum de discussion et des formations sur l'évaluation des politiques publiques au Maroc et à travers des expériences comparées dans le monde». Elle s'explique également par les fortes attentes en termes de besoins de sensibilisation à la thématique de formation et de renforcement des capacités dans les domaines du suivi et de l'évaluation. Six panels rythmeront ce rendez-vous et se focaliseront, entre autres, thématiques, sur les innovations méthodologiques en matière d'innovation. La SME12 abordera également le lien entre l'évaluation et plusieurs sujets transverses, comme la gouvernance, le design (conception) institutionnel et organisationnel de la pratique de l'évaluation dans le monde, les politiques publiques, la reddition des comptes, le genre, l'équité, etc. L'émergence de l'institutionnalisation de l'évaluation des politiques publiques dans quelques pays de la région MENA et en Afrique de l'Ouest sera le fil conducteur des débats de cette SME12. Passerelles Au Maroc, le débat se pose plus que jamais, après l'introduction dans la nouvelle Constitution du principe d'évaluation des politiques publiques. En effet, la loi fondamentale mentionne l'évaluation à neuf reprises, notamment dans ses articles 70 et 101. Une grande avancée pour un pays qui se distinguait jusqu'alors par sa faible culture de la fonction évaluative dans le paysage politico-institutionnel. «À l'exception de quelques dispositifs sectoriels de recueil d'information, les travaux d'évaluation dignes de ce nom sont, en effet, bien rares et ne sont quasiment jamais rendus publics», font savoir les experts. Toutefois, les nouveautés apportées par la Constitution de juillet 2011 ne précisent pas les instances auxquelles seront confiées les missions d'évaluation, ni les modalités pratiques d'exercice de l'évaluation des politiques publiques au Maroc. Or, s'il est vrai que le Parlement peut utiliser la «capacité d'expertise» de la Cour des comptes, le dispositif spécifique des liens entre ces deux institutions reste encore à imaginer et à mettre en place. Il s'agira donc, à travers ce forum, de définir des passerelles pour donner du sens aux nouvelles dispositions constitutionnelles, sachant que le texte interpelle l'ensemble des acteurs politiques, à savoir les parlementaires, les collectivités territoriales, l'administration publique, la Cour des comptes, l'Inspection générale des finances, ou encore la société civile. À l'heure où l'Etat focalise ses ambitions sur l'évaluation pour rénover la gestion des affaires publiques, cette initiative semble tomber au moment opportun.