Comment retisser le lien entre les jeunes et la politique ? C'est aux jeunes de répondre à la question. Ils ont trois jours, du 12 au 14 octobre, pour mettre au point un plan d'action concret, à l'occasion de l'Université d'automne jeunesse. Les organisateurs de cette Université espèrent redonner confiance aux jeunes vis-à-vis des institutions politiques. Avant, ils envahissaient la rue pour manifester leur colère contre leur exclusion des politiques publiques. Aujourd'hui, c'est par la réflexion qu'ils comptent agir. Près de 200 jeunes des différentes régions du Maroc se réunissent les 12, 13 et 14 octobre à Bouznika, pour participer à l'Université d'automne jeunesse. Initiée par le Forum des alternatives Maroc-Action jeunesse (FMAS), le bureau multipays de l'Unesco à Rabat et la coopération technique allemande (GIZ), cette manifestation s'articule autour du thème « Jeunesse Maroc et engagement politique... pour un monde alternatif ». Démocratie participative «Les jeunes vont réfléchir à une alternative à la démocratie représentative en corrigeant les carences avérées de celle-ci », annonce le secrétaire général du FMAS, Lahbib Kamal. Soulignant « la perte de confiance » vis-à-vis d'un « système représentatif corrompu », ce dernier affirme que c'est vers une démocratie participative que penche désormais la jeunesse qui, à l'occasion, devra mettre au point un plan d'action. « Nous constatons que la participation des jeunes dans la vie politique et dans la gestion de la chose publique dans les postes de prise de décisions est malheureusement faible et en deçà de nos aspirations », ajoute Chouaib Elazhar, chargé des programmes jeunesse au FMAS. Le plan d'action devra remédier à la situation en privilégiant des dispositifs et des procédures permettant d'améliorer l'implication des citoyens dans la vie politique et de leur garantir un rôle dans la prise de décision. C'est en tout cas par ce principe élémentaire que la démocratie participative comble les insuffisances de celle représentative. Parmi les carences reconnues à celle-ci, la non représentativité de la diversité sociale au sein du Parlement, l'écart entre le terrain et les élus, la rupture de tout lien entre citoyens et politiciens. C'est la démocratie représentative qui est donc à l'origine de l'abstention. Construire un plan Au moyen de séminaires et d'ateliers, les jeunes Marocains assistés par leurs pairs venus d'Algérie, de Mauritanie, de Tunisie et d'Egypte, entre autres, focaliseront leur débat sur six thématiques dont la première sera d'esquisser une vision du Conseil consultatif par rapport à la politique publique de la jeunesse. Les participants auront également à croiser leurs opinions et propositions quant au défi de la démocratie participative, les enjeux de la transition démocratique et l'engagement des jeunes dans l'égalité des sexes. Les jeunes estiment ainsi pouvoir construire un plaidoyer auprès des décideurs politiques. « L'important, pour nous, est de parvenir à promouvoir la participation active des jeunes à la vie publique au Maroc, en renforçant leurs connaissances et leurs capacités de plaidoyer », précise Chouaib Elazhar. En plus des débats, une vingtaine de « cafés libertés » ont été organisés à l'échelle régionale, dans le cadre des préparatifs à cette université qui n'est pas la première du genre. Une première a eu lieu en 2009 à Ouarzazate alors que la seconde s'est déroulée en 2011 à Harhoura. Des jeunes autonomes, acteurs dans la pratique et la gestion directe des affaires publiques, le but ultime de ces universités n'a pas encore été atteint. « Environ 6 millions de jeunes entre 18 et 25 ans ne figurent pas sur les listes électorales », rappelle Lahbib Kamal. A la recherche d'une conjonction, les jeunes continueront à tracer leur chemin. * Tweet * *