La sortie de crise dans le tourisme serait-elle imminente ? L'embellie qui se dessine dans le secteur depuis le mois de juin dernier serait-elle annonciatrice d'un début de reprise dans une industrie qui pâtit depuis l'année 2011 des effets de la crise économique internationale ? Des questions qui demeurent posées à la lecture des dernières statistiques du mois d'août, telles que publiées par le ministère du Tourisme. Il s'en dégage en effet une amélioration des principaux indicateurs de cette activité au point de rattraper le retrait enregistré en termes de nuitées dans les hôtels classés et en termes d'arrivées aux postes frontières. Les recettes touristiques, elles, ont augmenté, sur une année, de 4% en août 2012. Elles se sont établies sur la période janvier–août 2012, à 38,4MMDH. À en croire le ministère du Tourisme, les arrivées aux postes frontières se sont appréciées de 42% sur une année. De même, les nuitées dans les établissements d'hébergement touristique classés ont enregistré une hausse de 39%. Par marché émetteur, ce sont les marchés français, espagnol et belge qui ont fait état des meilleures performances avec +48% +47 et+ 42% respectivement. Par ville, les plus importantes hausses sont principalement à l'actif d'El Jadida (+110%), Tanger (+107%), Ouarzazate (+86%) et Essaouira (+61%). Les deux pôles touristiques de Marrakech et d'Agadir ont affiché des progressions respectives de 32% et 41%, en termes de nuitées. Une tendance confirmée auprès des opérateurs touristiques. «Nous avons noté une légère reprise au niveau des nuitées touristiques et nous espèrons redresser la barre fin 2012, début 2013 par l'arrivée de Transavia.com. Si les négociations avec cette compagnie aérienne aboutissent, elle devra commencer la commercialisation à partir du mois de mars et ce sera une bonne chose pour le marché français», a indiqué cet hôtelier de la ville d'Essaouira. Et d'ajouter, «pour l'accessibilité, la route expresse Marrakech-Essaouira est un des points forts de la destination dont le positionnement repose sur le culturel, le loisir, la détente et le sport. Nous avons plusieurs sous-produits, autres que le golf. D'ailleurs, nous aurons le deuxième golf pour bientôt. Ce sera un plus pour la ville». Idem pour la ville d'El Jadida qui semble renaître de ses cendres grâce au coup promotionnel assuré continuellement par la station Mazagan dont le complexe touristique, Mazagan Beach&Golf Resort, affichait en août dernier un taux d'occupation supérieur à 80%, relevant ainsi le taux d'occupation moyen à 72% durant les mois de juin, juillet et août. À savoir que ce Resort adopte un positionnement axé sur les loisirs, la famille, le golf et le MICE, et non plus sur le luxe accessible comme à son ouverture. «La région d'El Jadida, qui était connue pour son industrie et son agriculture, doit se développer désormais en tant que destination touristique de choix, surtout avec la station Mazagan qui a donné un coup de pouce à la région, laquelle recèle d'énormes atouts», souligne Abdellah Bakrim, président du CRT de Doukkala-Abda, qui a annoncé le lancement prochain d'un nouveau circuit touristique. Celui-ci prendra pour point de départ la ville de Casablanca, en passant par Azemmour, El Jadida, Oualidia, Safi, en arrivant à Essaouira et le retour se fera de Marrakech, ou l'inverse. À Marrakech, une amélioration des nuitées est enregistrée depuis mai dernier, permettant de juguler la tendance baissière des quatre premiers mois de l'année courante. «Jusqu'à la fin de l'année 2012, certains hôtels devraient afficher complet, essentiellement grâce aux vacances de la Toussaint et au Mice», a affirmé cet opérateur de la ville ocre, qui devra abriter, à partir du 6 octobre prochain, le congrès international de la Fédération espagnole des journalistes et écrivains du tourisme, événement qui se tiendra pour la première fois au Maroc et dans un pays arabe. En attendant, une délégation a entamé depuis samedi dernier, à l'initiative de la Fédération nationale des agences de voyages du Maroc (FNAVM), sa visite à Marrakech pour des voyages de presse à Essaouira, Ouarzazate, Kelâat M'gouna, Erfoud et Zagora. L'objet étant de reconquérir le marché espagnol fortement impacté par la crise économique internationale. Ce marché est classé en 4e position en termes d'arrivées, alors qu'il était en seconde position il y a trois ans. Il est à rappeler qu'en 2011, le Maroc a reçu 700.000 touristes, dont 10% sur Marrakech, où les professionnels insistent toujours pour le renforcement de la desserte aérienne de la ville et l'augmentation du budget dédié à sa promotion. Une requête que ne cessent, d'ailleurs, de formuler les professionnels de toutes les destinations marocaines. Il faudrait dire que d'ici la fin de l'année 2012, le secteur devrait compter essentiellement sur les touristes étrangers. Certes, le marché français, premier marché pourvoyeur de touristes, a donné des signaux positifs de reprise en faveur de la destination Maroc. Néanmoins, cela demeure insuffisant. Les nuitées des nationaux, elles, après la rentrée scolaire, devraient se réduire. Même l'opération Kounouz Biladi n'a pas donné les résultats escomptés. Ce qui dénote une nécessité de multiplier les efforts de promotion et de communication pour pouvoir boucler l'année 2012 sans grands dégâts. L'ONMT (Office national marocain du tourisme) promet des actions marketing agressives d'ici fin décembre 2012. Seulement, ces actions marketing se heurtent à une insuffisance des moyens financiers mis à leur disposition. Son budget pour 2012 est de 550 MDH. Parviendra-t-il à obtenir une enveloppe plus étoffée pour l'année 2013 vu la situation dégradée des finances publiques ? Le gouvernement a manifesté, à maintes reprises, son appui pour le secteur, qui est le premier pourvoyeur de devises pour le pays. Pourrait-il alors aller jusqu'au bout de son engagement ? Point de vue Hamid Addou, Directeur général de l'Office national marocain du Tourisme (ONMT). Grâce à une action tactique promotionnelle que nous avons lancée au mois de juin dernier pour vendre des packages sur Marrakech, et ceci en partenariat avec des hôteliers de la ville et des TO, nous avons réussi à réaliser de belles ventes sur les mois de juillet et août, deux mois difficiles en général, car il fait très chaud. C'est ce type d'actions ciblées que nous allons essayer de déployer rapidement pour pouvoir générer des ventes importantes sur tout le Maroc. Nous avons un plan d'actions ambitieux d'ici la fin de l'année. De nombreuses campagnes de communication sont d'ailleurs programmées, dont une destinée au marché européen et qui sera lancée incessamment sur le Web. Pour l'aérien, nous sommes en train de conclure des partenariats. Nous aurons plus de visibilité dans les semaines qui viennent. Je tiens à préciser aussi que sur le plan du financement des actions promotionnelles pour l'année prochaine, nous attendons qu'une augmentation de budget soit validée par la loi de finances 2013.