Le débat autour du remaniement ministériel reprend de plus belle, depuis l'accession de Chabat à la tête de l'Istiqlal, mais en réalité, l'éventualité d'un recadrage de l'équipe aux commandes date de plus longtemps. Elle est surtout motivée par les couacs relevés dans l'exercice du pouvoir par le team Benkirane, mais aussi et surtout par le piètre degré d'efficacité de l'Exécutif dans ses deux composantes, politique et économique. On parlait de ministres pas totalement à l'aise par rapport aux décisions ou à la façon de faire du chef de gouvernement ou encore de guerres intestines ou d'ambitions électorales, qui empêchent l'équipe de viser un seul et même objectif, celui de l'efficacité. Parler d'un remaniement aussi tôt n'est autre que le signe d'un grand malaise, à tous les niveaux. L'arrivée, pas si surprenante que cela, de Chabat comme nouvelle donne dans l'équation, ne fait que confirmer les doutes et raviver les rancœurs, refoulées depuis quelques mois. Comment faut-il gérer tout cela et dans quelle mesure peut-on agir pour ne pas surdimensionner le débat et surtout ne pas transformer le gouvernement en un ring politique, où les partis alliés n'hésiteraient pas à se tirer dans les pattes ou à régler de vieux comptes ? Chabat est une bête politique et Benkirane aussi. Cela semble plaire aux citoyens et c'est tant mieux ! Qu'il y ait de l'animation sur la scène politique, c'est bien, à condition que cela ne nous détourne pas de l'objectif initial, qui est celui de servir les intérêts d'un pays, qui n'a pas une seconde à perdre pour arracher sa place sur la nouvelle carte mondiale, celle de l'après crise et de l'après printemps arabe. On avait déjà un show, on n'a pas besoin d'un deuxième. Il est temps de passer à l'acte et vite.