Pas encore de propositions concrètes, mais un processus de discussions est en cours. Les tractations entre le gouvernement et les professionnels du secteur des produits pétroliers et du gaz butane n'en sont apparemment qu'à leurs débuts. Car cette fois, Mohamed Najib Boulif, ministre des Affaires générales et de la gouvernance, a opté pour une concertation globale avec l'ensemble des acteurs du secteur de l'énergie, plutôt que de mener les négociations au cas par cas. Ce qui confirme ainsi le choix d'une approche globale dans le cadre de la réforme de la Caisse de compensation. Une importante rencontre a en effet réuni, plusieurs départements gouvernementaux avec les représentants des différentes entités du secteur énergétique. Parmi elles, la Fédération nationale du transport affiliée à la CGEM, l'Association interprofessionnelle des dépositaires de gaz, ainsi que le Groupement des pétroliers du Maroc. Elle fut l'occasion pour Boulif de présenter les actions déjà entreprises dans la réforme graduelle de la Caisse de compensation. Dans le court terme et après la récente hausse des prix des carburants, vont suivre d'autres mesures comme la suppression de la subvention dans certains secteurs, la restructuration des prix des produits subventionnés (www.lesechos.ma), ainsi que l'allègement des arriérés des opérateurs. À moyen terme, le gouvernement envisage la libéralisation progressive des prix des produits, le soutien aux catégories professionnelles impactées par cette opération et la mise en place d'un système de soutien aux couches défavorisées. L'objectif est donc de libéraliser les prix tout en préservant le pouvoir d'achat des citoyens, ainsi que la compétitivité des secteurs productifs bénéficiant des subventions de l'Etat. Notons à ce titre, que le montant des subventions des produits pétroliers et du gaz butane est passé de 10 MMDH en 2007 à près de 44 MMDH en 2011. Il est impossible donc, de faire face à cette cadence. Le gouvernement, comme annoncé depuis des mois, entend réorganiser le système. Dilemme Toutefois, face aux nombreuses doléances propres à chaque secteur, l'Exécutif aura à faire des choix difficiles. «Ils vont privilégier certains secteurs par rapport à d'autres», assure une source, qui a pris part à la rencontre de ce lundi. Ceci ne permet pas à Boulif de se mettre à l'abri du courroux de certains professionnels, dont une partie brandit de temps en temps différentes menaces. Alors que les attentes de la Fédération nationale du transport sont plutôt liées à la récupération d'une partie de la taxe intérieure à la consommation (TIC) sur le gasoil, ainsi qu'à l'augmentation de la TVA appliquée sur la TIC, les dépositaires du gaz, eux, exigent toujours la révision de leur marge bénéficiaire, au point mort depuis quatorze ans. Pour le moment, Boulif se donne le temps de réfléchir. Son département est toujours à l'étude, dans l'optique de trouver des solutions qui feraient le moins de mécontents possibles. Seulement la tâche est loin d'être facile. Il faudra pour le gouvernement, trouver le juste milieu dans sa logique de libéraliser les prix des produits et de soutenir en même temps les catégories professionnelles impactées. Le tout, dans une maîtrise des prix, afin d'éviter de fâcher les catégories qui ne seront plus concernées par le système de compensation.