Les conflits sociaux s'enchaînent au sein de la destination Agadir, sur fond de conjoncture économique. Une situation qu'attribuent les professionnels à la crise qui frappe de plein fouet leur activité, ce qui entraîne parfois des licenciements et des conflits collectifs de travail. Quelle est la facture sociale de ces litiges à l'échelon de la destination ? Difficile à ce stade d'avancer des chiffres. Le seul recensement émane de la commission préfectorale d'enquête et de la conciliation d'Agadir Ida Outanane, instituée par l'article 557 du Code du travail. En détail, 33 conflits ont été examinés en 2011 et 18 pendant les 7 premiers mois de l'année 2012. Cependant, même si la commission a pu résoudre la majorité de ces conflits, d'autres restent à la traîne, notamment ceux où l'employeur refuse carrément le dialogue en optant pour la démarche judiciaire, ou ne prend pas part aux réunions. Durant cette saison touristique, la destination a été émaillée (le cas de Valtur, Tivoli, Palais des roses, Tildi et bien d'autres) par de nombreux conflits sociaux, dont les plus récents sont ceux de l'hôtel Golden Tulip Anezi et d'Holidays Services, filiale de TUI. À cause d'un retard de paiement, les employés de l'hôtel Golden Tulip Anezi, dirigé par la société immobilière EurAfrique, sont entrés depuis le mois d'août en grève. «Nous avons exigé le paiement de deux mois de nos salaires et le règlement des créances dues à la CNSS et à la CIMR», rapporte l'un des grévistes. De son côté, le propriétaire de l'hôtel, Tarik Abaakil, assure avoir répondu aux revendications des employés en versant leurs salaires des mois de juin et juillet. «Ces dernières années,nous avons constaté une chute de l'activité touristique et notre taux d'occupation moyen était aux alentours de 15%, ce qui a réduit nos recettes touristiques et notre chiffre d'affaires, qui ne couvrait plus la masse salariale estimée à 850.000 DH en faveur de 210 employés», explique t-il. Actuellement, le conflit a évolué jusqu'au licenciement des membres du syndicat CDT et d'autres employés au nombre de 45 subalternes. 14 ont été officiellement licenciés, 9 sont en attente de l'autorisation de l'inspection de travail, tandis que 22 sont en audience d'écoute. À l'issue de la réunion de la commission préfectorale d'enquête et de la conciliation, tenue le 4 septembre 2012, un comité a été constitué pour ouvrir les canaux de dialogue au sujet de ces 45 employés. «Le licenciement prononcé le 24 août a été fondé sur des motifs valables en vertu de l'article 39 du Code du travail. Les employés ont commis des fautes graves, notamment l'organisation d'une grève à l'intérieur de l'établissement, sachant bien qu'ils ont pointé. De surcroît, la grève a été effectuée sans préavis en plus du refus de la procédure d'audience à deux reprises», argue le propriétaire. Une solution a été soumise aux grévistes en leur proposant une réinsertion via une agence de recrutement avec l'octroi des avantages financiers pour la question de l'ancienneté. Une solution qui reste rejetée par les employés qui exigent la reprise de leur travail. Signalons que l'hôtel Anezi, dont la capacité d'accueil est de 512 lits vient de passer sous l'enseigne «Golden Tulip», marque de luxe du groupe basé en Hollande, après la signature d'un contrat de franchise de cogestion pour une durée de 10 ans, en bénéficiant d'un pourcentage sur le chiffre d'affaires avec un appui commercial et promotionnel. L'autre dossier en suspens depuis le début de ce mois, concerne la grève des subalternes de l'agence de voyages Holidays Services devant le siège de la société. La cause du conflit trouverait sa source dans le transfert sans indemnités de plus de 60 employés au siège de l'entreprise à Marrakech et dans la «dégradation du climat de travail». Ce qui suppose leur mutation à la ville ocre puisqu'ils ont déjà signé une clause de mobilité dans leur contrat. À l'heure actuelle, cinq employés auraient déjà déposé leur démission en attendant une issue favorable à cet autre conflit social qui a émaillé la destination.