La croissance enregistrée par Attijariwafa bank au cours du premier semestre confirme la solidité du modèle du groupe. D'ailleurs, il maintient un rythme de croissance similaire à celui observé en 2011. Le groupe hisse son produit net bancaire à 8,6 MMDH, en progression de 9,4% sur un an. Les bénéfices suivent puisque le RNPG ressort en hausse de 4,3%, à 2,3 MMDH. Un léger ralentissement du trend justifé par l'impôt dit de la cohésion sociale, appliqué à l'ensemble des filiales au Maroc, de 1,5 % quand le résultat net dépasse 50 MDH et de 2,5 % quand il dépasse 100MDH. L'impact de ces éléments sur le RNPG se monte à 60 MDH. Deux autres éléments ont légèrement plombé les bénéfices du groupe au terme du premier semestre, à savoir l'OPV au profit des salariés, ainsi que le niveau des provisions au Mali. Pour la première, la décote sur le prix de souscription à l'augmentation de capital a influé à hauteur de 24 MDH, tandis que la provision au Mali a plombé le résultat de 14 MDH. Sur le marché domestique, Attijariwafa bank, comme l'ensemble du secteur, est attendue sur la mobilisation de l'épargne et la bancarisation, d'autant plus que la pression sur les liquidités est remontée d'un cran au cours des six premiers mois de l'année. La petite forme des crédits, même si l'encours est en légère hausse au premier semestre pour le secteur, est peut-être le reflet de la tension sur les liquidités bancaires. D'un autre côté, la vulnérabilité de certains segments pourrait également expliquer le ralentissement de l'octroi de crédit. Il n'empêche qu'Attijariwafa bank a distribué au total 249,5 MMDH de crédit à fin juin, en hausse de 14%. Parallèlement, elle a collecté 300,9 MMDH. Il est à noter que le nombre de clients de la filiale de SNI s'élève à 6 millions au premier semestre et couvre désormais 22 pays. Il s'agit d'une autre confirmation de la dimension internationale du groupe bancaire qui s'appuie sur sa stratégie consistant à relever le niveau de ses ressources avec une diversification géographique. Les moteurs du groupe Avec 64%, c'est toujours la banque au Maroc qui a la plus importante contribution dans la croissance du groupe. En effet, elle a vu son PNB avancer de 10,7% à 5,1 milliards de DH, au terme du premier semestre. En outre, le résultat brut d'exploitation s'est amélioré de 11,5% à 3,4 MMH. Dans ces conditions, le résultat net de la banque gagne 10,6%, pour s'établir à plus de 2 MM DH. Le second contributeur dans la croissance du groupe est Wafa Assurance. En effet, l'assureur a réalisé un bon cru lors de ce premier semestre, avec un résultat net de 440 MDH, en hausse de 11%. En matière d'expansion, la compagnie commence à réagir. Elle a récemment obtenu l'agrément pour une nouvelle compagnie d'assurance Vie en Tunisie, détenue à hauteur de 55% par Attijari bank Tunisie et à 45% par Wafa Assurance. Une façon de capitaliser sur les synergies du groupe. Au niveau de la société de financement Wafa Salaf, la production est en croissance de 20%. Le résultat net semestriel de la société de financement ressort à 173 MDH, en progression de 2,6% par rapport à juin 2011. Pour ce qui est des filiales à l'international, le management de la banque se montre assez confiant pour les réalisations de ses filiales subsahariennes, quoique la crise malienne a poussé le groupe à provisionner pratiquement toute son activité dans le nord du pays. En effet, le management a donc procédé à un traitement prudent et anticipatif au niveau des comptes consolidés pour les deux agences touchées (Gao et Tombouctou). C‘est donc 100% des encaisses (billets de banques disponibles dans les agences) qui on été provisionnés. La même dotation a été mise à disposition pour les immobilisations corporelles et les encours de crédit portés par les 2 agences. Dans ces conditions, l'impact sur le RNPG de la banque se monte à quelque 14 MDH. Le groupe entend poursuivre le recouvrement des crédits aux particuliers par les 2 agences parallèlement aux transferts de l'activité des principales entreprises du Nord vers Bamako. Pour les autres filiales africaines, le management se montre confiant quant à l'essor de leurs activités et principalement la CIB, la filiale ivoirienne qui a connu un premier semestre 2012 de relance. En effet, comparé à 2011, la situation a beaucoup évolué. Le PNB et le résultat net de la filiale ont évolué respectivement de 35 et de 82 %, démontrant ainsi la reprise économique dans le pays. De facto, la contribution au RNPG marque un bond de 146% d'une année à l'autre. Même constat en Tunisie. Attijari bank Tunisie a connu une croissance considérable des dépôts et crédits, dans un contexte de normalisation de la situation politique et de reprise économique. La filiale a enregistré un PNB en hausse de 20% à 596 MDH. Les bénéfices eux, s'élèvent à 155 MDH (+6). Concernant CBAO, la filiale sénégalaise qui contribue à hauteur de 2% au RNPG, elle voit son PNB augmenter de 0,4% à 394 MDH, pour un résultat net de 65 MDH, en hausse de 15%. «Le cycle économique actuel est défavorable» : Ismaïl Douiri,Directeur général du groupe Attijariwafa bank. Les Echos quotidien : Comment appréhendez-vous la notion du coût du risque futur pour l'activité au Maroc et en Afrique subsaharienne ? Ismaïl Douiri : C'est une tendance assez lourde. Le coût du risque est par définition la charge qui est imposée au résultat rapporté aux encours. Au Maroc, les coûts du risque ne varient pas d'une manière brutale. Le groupe dispose de 80% de son bilan au Maroc avec un coût du risque situé à des niveaux relativement bas. Cela dit, le reste ne représente que 20% et donc pas un grand changement. Toutefois, le cycle économique actuel est défavorable. Il faudrait s'attendre donc à ce que les coûts du risque se dégradent très légèrement sur certains aspects. C'est aussi un effet mix vu qu'il y a de plus en plus de crédits octroyés aux particuliers qui sont par nature plus risqués, contrairement aux entreprises. Donc, tendanciellement la situation risque de se dégrader légèrement. En Afrique subsaharienne, si l'on se penche sur notre activité marché par marché, l'on constate un coût du risque inférieur à nos concurrents sur ces marchés, mais en parallèle nous avons une croissance inférieure. Cependant, cela n'est pas notre vision à long terme. Investir dans un pays, c'est accompagner son économie et donc engager nos fonds et nos risques en fonction de la rentabilité globale. Par contre, il y a des pays où la situation s'est nettement améliorée, à l'instar de la Tunisie, le Sénégal ou encore de la Côte d'Ivoire, mais cela est plus lié à la situation de l'année dernière. Dans ce sens, comment évaluez-vous le risque lors de vos acquisitions africaines ? La méthode privilégiée de croissance dans ces pays est d'utiliser la réglementation de la zone UEMOA. Cette dernière permet à toute banque opérant dans la zone à demander le droit d‘ouvrir une succursale dans un autre pays. Nous sommes aussi en train de regarder des opportunités d'acquisition qui peuvent nous donner des positions de marché assez confortables. Une démarche que le groupe ne fera pas aux prix de risques inconsidérés. S'il y a des opportunités d'acquisition, nous nous penchons sur la qualité de l'actif qui détermine le prix à payer. Quoique nous ayons affaire à des processus concurrentiels, l'alternative qui se pose est d'ouvrir simplement une succursale, chose qui permet au moins d'avoir une offre régionale pour nos clients. C'est le cas au Burkina Faso. Au final, notre objectif est de réaliser un investissement dont la rentabilité est connue et prévisible, ainsi que de protéger le patrimoine du groupe. Sur un autre registre, comment se positionne Attijariwafa bank vis-à-vis de la finance islamique ? Nous avons été les premiers, voire les seuls à dédier une filiale de financement spécialisé uniquement à la finance alternative. Aujourd'hui, la réglementation est en train de changer avec une nouvelle dénomination. Notre filiale, Dar Assafaa, sera parmi les premières à demander une transformation. Concrètement, nous injecterons tout simplement plus de capitaux. Néanmoins, la finance islamique reste méconnaissable du grand public, ce qui induit pas mal de spéculations un peu théoriques. C'est un compartiment d'activité financière et nous pensons réellement qu'il y a un segment de marché auquel il faut donner le meilleur service au meilleur coût. L'offre est-elle exportable en Afrique ? Dans certains pays seulement. Il faut savoir que ces marchés sont individuellement tellement petits qu'ils peuvent ne pas justifier un investissement lourd. Pour l'instant, il s'agit de l'exploiter à plein régime au Maroc.