Satisfecit général. Tel est le mot d'ordre du Conseil d'administration du CCM présidé avant-hier par Khalid Naciri, ministre de la Communication. Un Conseil classique ? Certainement pas. Il était question en effet du contrat- programme 2010-2012 portant sur le développement du secteur cinématographique. «Le principe est acquis par les départements des Finances et de la Communication. A l'issue de ce Conseil, un comité de suivi a été créé pour mettre en œuvre toutes les démarches administratives et techniques pour la concrétisation de ce contrat-programme», nous confient des sources bien informées au sein du Centre cinématographique marocain. Même son de cloche auprès du ministère de la Communication. Les mêmes sources précisent que «l'ensemble des Chambres professionnelles ont adhéré à ce projet». En d'autres termes, on s'achemine vers un véritable partenariat entre les principaux acteurs du champ cinématographique. Pour l'heure, nous sommes au stade des intentions. Pour les résultats, il faudra suivre de près ce dossier au niveau des ministères des Finances et de la Communication. Volonté politique Pas de doute, la volonté politique de booster ce secteur existe et Khalid Naciri met apparemment les bouchées doubles pour que ce contrat-programme puisse voir le jour le plus tôt possible. Du moins si l'on en juge par les confidences de son entourage. De même pour Salaheddine Mezouar, ministre des Finances. Ambitieux, ce contrat-programme, dont Les Echos a pu détenir une copie, définit clairement les engagements de l'Etat à travers le CCM et ceux des professionnels du secteur, à savoir les producteurs, les distributeurs et les exploitants. Création de multiplexes et salles de proximité, modernisation du parc existant, développement de la production nationale, soutien aux manifestations cinématographiques, formation aux métiers du cinéma, modernisation des infrastructures, lutte contre le piratage, protection des droits d'auteur... tels sont les grands axes de cette feuille de route. Une batterie de mesures En termes d'objectifs, force est de constater que la barre est placée très haut. Le contrat-programme table sur 15 millions d'entrées dans les salles obscures en 2012 au lieu de 3 millions en 2008. On prévoit également la création de 7 nouveaux multiplexes et 65 salles de proximité. A ce titre, l'Etat est appelé à débloquer une enveloppe budgétaire de l'ordre de 180 millions de DH pour les multiplexes et 54 millions pour la réhabilitation du parc existant. En matière de production, l'ambition est de passer de 14 longs métrages marocains à 30 à l'horizon 2012. Le CCM aspire aussi à séduire davantage les producteurs étrangers en multipliant par deux le nombre des films tournés dans les différentes régions. Toujours dans le registre de la production, il est prévu que le fonds d'aide soit doté d'un montant de 240 millions de DH répartis sur les trois prochaines années. Le Centre cinématographique aura également sa part du gâteau. Sa mise à niveau nécessite pas moins de 15 millions de DH. Au-delà de son apport financier, l'Etat est également invité à déployer un grand effort au niveau fiscal. Parmi les mesures, on peut citer la suppression de toutes les taxes et la mise en place d'une TVA de 7% récupérable. Un plan de riposte stratégique ! A peine un budget de 3 millions de DH est prévu dans le contrat- programme pour la sensibilisation autour de la piraterie. Au fait, cette petite enveloppe sera consacrée aux campagnes de communication. Etonnant, lorsqu'on sait les préjudices causés par ce fléau, notamment en ce qui concerne les droits d'auteur et la fréquentation des salles de cinéma. Etant un problème complexe, la piraterie mérite à elle seule un contrat-programme. Aux dernières nouvelles, le Centre cinématographique marocain planche sur «un plan de riposte stratégique».