Il a plu, pas mal plu, bien plu. Et comme il a bien plu, ça a plu, beaucoup plu. D'ailleurs, plus il pleuvra et plus ça plaira. Bon, maintenant que j'ai dit ça, j'ai tout dit. Je n'ai plus rien à dire. Si. Je dois apporter une précision fondamentale : il a plu, c'est bien, mais il faut qu'il pleuve encore, qu'il pleuve beaucoup, mais, attention, pas trop, juste ce qu'il faut. C'est le bled qui veut ça. Tout le monde le sait : nous sommes un peuple compliqué. Alors, ceci expliquant peut-être cela, notre terre, elle aussi, est compliquée. Pour nous faire plaisir, on va dire : elle est sophistiquée. Mieux : capricieuse. D'ailleurs, je vous avoue n'avoir jamais réussi à comprendre ses caprices. Oui, c'est vrai, je ne suis qu'un affreux citadin, mais je me soigne. Je vais souvent à la campagne. Histoire de me ressourcer et, entre nous, de revenir un peu à mes sources. Alors, j'en profite à chaque occasion pour essayer de me renseigner auprès des principaux intéressés : les agriculteurs. Pour eux, c'est très simple : «pas de pluie, pas de blé, pas de vie». Vous voyez, a priori, ça ne mange pas de pain. Pourtant, c'est la base de tout. Prêtez l'oreille : «Ecoute, mon fils, me disent-ils à chaque fois, la terre, comme toi, a besoin d'eau pour vivre. Et comme toi, elle ne doit pas boire que quand elle a soif, mais boire quand elle en a besoin. Et les besoins de la terre sont réglés comme une horloge. Quand arrive le moment d'être arrosée, elle n'a pas une minute à perdre. Alors si pas d'eau, pas de blé, pas de vie. Compris ?». Oui, bien sûr que j'ai compris, mais ce que je ne comprendrai jamais, c'est comment, avec ces aléas très aléatoires, on arrive quand même à, presque, s'en sortir. Oui, d'accord, Dieu merci, il y a encore les prières rogatoires lesquelles, soit dit en passant, même quand elles sont super bien programmées (Merci Monsieur Météo !), ne marchent pas à tous les coups. Et puis, vous imaginez bien qu'on ne va pas passer notre temps à lever la tête au ciel pour lui quémander – et lui commander – de nous arroser au gré de nos envies, pardon, de nos besoins. Sincèrement, je ne voudrais pas être à la place de notre débonnaire mais si débrouillard ministre de l'Agriculture, de la pêche (pour ça au moins, il n'a pas besoin d'eau). Tiens ! On aurait pu lui ajouter aussi l'eau potable. Je suis sûr que lui, au moins, il en aurait fait bon usage. Au lieu de la gaspiller, comme «l'autre», pour le gazon des terrains de foot pour des joueurs qui n'arrivent même plus à mouiller leur maillot car ils n'ont plus qu'un seul but, c'est de laisser les caisses à sec. Si Aziz, lui, la confierait volontiers à la campagne, et il ferait ainsi d'une goutte deux coups : il ferait son boulot d'arroseur institutionnel et, en même temps, ça donnerait un bon coup de fouet à sa campagne électorale. Et cerise sur le gâteau – ou sur la harcha si on veut être plus «authentique» - ça serait à la fois un bon petit clin d'œil et un bon petit coup de pouce à son ami «le tracteur». Hélas, tout cela reste une simple hypothèse d'école et un vœu pieux. En attendant, j'ai une très bonne nouvelle pour vous: il a plu avant hier, il a neigé hier, et, il va pleuvoir et neiger toute la semaine. Moi si j'étais, à Dieu ne plaise! l'actuel Premier ministre, j'aurais lancé tout de suite des prières rogatoires avec effet immédiat garanti. Et enfin, on pourrait dire : il sert à quelque chose. Pour une fois. Merci Monsieur Météo !