Pour les analystes de CFG Bank, si la politique monétaire de Bank Al-Maghrib vise à stimuler l'activité économique et à insuffler une nouvelle vague de croissance, celle-ci devrait toutefois être accompagnée par des plans de relance et de soutien pour préserver les secteurs sévèrement touchés par les effets de la crise sanitaire. Elle devrait par ailleurs profiter des faibles pressions inflationnistes. Détails Aujourd'hui plus que jamais, Bank Al-Maghrib se doit d'assurer la stabilité du système bancaire et financier à travers une politique monétaire accommodante. Pour faire face aux effets de la crise sanitaire sur le tissu économique du royaume, la Banque centrale a même fait preuve d'audace en procédant à la réduction du taux directeur à 1,5% (deux baisses consécutives en 2020, dont la première de 25 points de base opérée en mars et la deuxième de 50 points de base en juin) et en libérant intégralement le compte de réserves au profit des banques. «À travers la mise en œuvre de ces deux politiques monétaires expansionnistes, la Banque centrale espère atténuer les effets négatifs de la crise sanitaire sur l'activité économique et renouer avec la croissance, en augmentant la capacité des banques commerciales à financer l'économie, et ce, à des conditions moins onéreuses», expliquent les analystes de CFG Bank. Ainsi, le niveau du taux directeur devrait in fine influencer la production de crédits, la masse monétaire en circulation et de facto l'activité économique du pays. Dans le meilleur des cas, les taux débiteurs devraient s'orienter à la baisse, sous l'influence de cette baisse du taux directeur. Toutefois, l'amplitude de la contraction sera tributaire du niveau de risque associé aux nouveaux crédits. La révision du taux directeur devrait contribuer à baisser mécaniquement les taux de crédits adossés aux taux directeurs, notamment ceux mis en place par les autorités en vue relancer l'activité économique, à savoir Damane Relance et Relance TPE. Toutefois, les taux débiteurs des autres catégories de crédits devraient, pour leur part, connaître des baisses différées dans le temps et dans des proportions moins importantes. A noter qu'en moyenne, seulement 10% des ressources des banques proviennent de la Banque centrale. Par ailleurs, la baisse du taux directeur devrait avoir un impact différé sur le coût des autres ressources rémunérées, tels que les dépôts rémunérés et les certificats de dépôts (près de 49% des ressources des banques) et cela en lien avec le renouvellement de ces ressources, ces dernières étant rémunérées aux nouvelles conditions de marché. Une disposition qui ne produirait aucun effet immédiat sur l'économie réelle, pour le Centre marocain de conjoncture (CMC). De leur côté, les analystes de la banque d'affaires, CFG Bank, soutiennent que cette décision «devrait contribuer à baisser le coût des crédits, et inciter les ménages et les entreprises à emprunter pour consommer et investir. Cela, devrait contribuer à relancer l'économie et à générer de la croissance dans le futur». Ils poursuivent, «la baisse du taux directeur devrait également se répercuter sur les taux primaires et secondaires des bons du Trésor, principalement sur la partie courte de la courbe avec un temps de latence sur la partie moyenne et longue. Ceci est en ligne avec nos prévisions d'une baisse des taux en 2020». À la date du 26 juin, la partie courte de la courbe a déjà marqué une baisse comprise entre 53 points de base et 78 points de base selon les maturités. Le soutien à l'économie a été renforcé par la décision de Bank Al-Maghrib de supprimer la réserve monétaire obligatoire. Celle-ci représente un certain pourcentage des dépôts que les banques commerciales doivent conserver de manière permanente auprès de la Banque centrale. En supprimant cette réserve obligatoire, Bank Al-Maghrib injecte indirectement l'équivalent de 12 MMDH de liquidité dans le système à travers le circuit bancaire. Ce qui, de facto, incitera les banques à octroyer plus de crédits, contribuant ainsi à atténuer les effets de la crise de la Covid-19 et à stimuler la reprise économique au-delà de 2020. Si la réduction du taux directeur aura un effet immédiat sur les produits de relance mis en place par le gouvernement, la suppression de la réserve monétaire, quant à elle, aura pour impact d'augmenter le niveau de production de crédits pour l'ensemble du secteur bancaire. Par ailleurs, ces mesures, mises en place par Bank Al-Maghrib, visant à stimuler l'activité économique et à insuffler une nouvelle vague de croissance, devraient impérativement être accompagnées par des plans de relance et de soutien pour préserver certains secteurs sévèrement touchés par la crise (notamment l'immobilier, le tourisme, le commerce, l'automobile, l'aéronautique ou encore le textile) et stimuler la création de richesse. «D'où notre prévision d'un déficit budgétaire de -80,6 MMDH en 2020, soit -7,5% du PIB contre -3,5% au titre de l'année dernière», estime CFG Bank. Du côté de la croissance économique, celle-ci dépendra essentiellement du niveau de l'investissement public et de la consommation des ménages. La loi de finance rectificative prévoit d'ailleurs de revoir le budget d'investissement de l'Etat. Ainsi, «nous pensons que le gouvernement ne devrait pas réduire ses dépenses en 2020 en vue de soutenir la croissance économique future», conclut la banque d'affaires. Aida Lo