Mohamed Taj, Directeur général de HP Maro nLes Echos quotidien : Quelle est aujourd'hui la stratégie de HP sur le continent africain ? Mohamed Taj : HP étant une multinationale présente dans tous les pays et sur tous les continents, nous percevons très clairement le potentiel du marché africain. Cependant, comme vous le soulignez, ceci entre dans le cadre d'une stratégie déterminée et qui s'est traduite par la présence d'HP dans 7 pays différents en Afrique. Le Maroc, l'Agérie, la Tunisie, la Libye, le Nigéria, l'Angola, l'Egypte et l'Afrique du Sud. En tant que leader mondial et multinationale de plus de 160 milliards de dollars de chiffre d'affaires, nous opérons dans de nombreux domaines, ce qui nous pousse parfois à faire des choix. Celui-ci s'est porté très rapidement sur les entités business, qui se focalisent sur les infrastructures. Nous sommes sur un continent qui en manque (télécoms, routes...) et nous devons donc combler ce besoin, tout en essayant de ne pas négliger le consommateur, qui malgré son faible pouvoir d'achat, reste au centre des priorités de HP. Quel état des lieux pouvez-vous dresser du taux d'équipement ? La disponibilité des produits enablers ou outils qui permettent l'accès à l'information reste relativement faible. Pour parler du Maroc, le pays fait exception en termes d'équipements informatiques et de téléphonie mobile, mais reste cependant largement sous-équipé en ordinateurs. Les initiatives du Plan Maroc Numéric 201 tendent justement à pallier ce déficit, bien qu'elle ne soient pas suffisantes. Aujourd'hui les universitaires et les étudiants marocains restent largement sous-équipés ce qui est inadmissible. Beaucoup de travail reste donc à faire dans ce domaine. La réponse est oui. Cependant, l'initiative doit provenir initialement de l'Etat. Nous attendons des initiatives très claires, avec des budgets rigoureusement déterminés, qui permettraient de subventionner des programmes destinés à des catégories de personnes prioritaires, telles que les chercheurs. Tout ceci est en cours, il faudrait juste en accélérer l'exécution. Dans le cadre universitaire, les professeurs sont largement sous-équipés comme je l'ai souligné auparavant et la qualité des réseaux Internet reste assez faible. Nous pouvons également développer un partenariat public-privé pour améliorer la disponibilité des compétences dans ce domaine, à travers des initiatives de formation d'ingénieurs spécialisés dans la gestion des données. Le contexte de crise a justement rendu certains marchés inaccessibles ou moins réactifs. Ne pensez-vous pas que ceci pourrait constituer un point de blocage ? Au contraire. Nous sommes principalement sur des projets structurants, source de création de valeur et qui vont rassurer sur le développement de l'économie. Dans le cas du Maroc, on peut parler de notre participation au programme e-gov, de notre travail de gestion effectué pour le compte de La Poste. Les systèmes d'informations sont au coeur de toutes les initiatives et le contexte actuel, notamment au Maroc, reste au contraire positif pour nous, d'autant plus que nous parlons d'un pays qui a beaucoup de choses à structurer dans un marché déjà très mature et assez grand pour être considéré indépendamment. Le choix qui a été fait par HP est vraiment de croire en un ensemble de pays déterminés, pour les aider à émerger. Parmi ces pays sur lesquels le choix d'HP s'est orienté, on compte donc le Maroc, mais également le Nigéria et l'Angola, où il y a beaucoup à faire dans ce domaine, avec 60 millions d'habitants. Le reste de l'Afrique est géré à partir de pépinières. Pour en revenir au Maroc, le pays a pris une grande importance dans la stratégie de développement international de HP. Preuve à l'appui, nos équipes ont atteint plus de 2.000 personnes, entre Technoplis et Casanearshore. Ces dernières entités opèrent dans tous les segments, des imprimantes télécopieurs, en passant par les ordinateurs de bureau et PC portables, pour arriver aux data centers. Nous nous positionnons aujourd'hui de plus en plus justement sur le volet services. À titre d'exemple, toutes les réservations qui sont aujourd'hui effectuées chez le groupe Accor à partir de la France sont gérées par HP. Tout le traitement BPO est effectué à partir des plateformes HP Maroc. Pour le traitement DPO, nous gérons énormément de comptes de clients européens à partir du Maroc. C'est plus ou moins le positionnement HP en Afrique et plus particulièrement au Maroc. Pour ce qui est du corporate, vous avez essayé de cibler les entreprises en tant que nouvelle stratégie de développement. Quel bilan pouvez vous faire aujourd'hui ? C'est une des gammes que nous commercialisons, via le département PPS. La campagne est claire en ce qui concerne tout ce qui est multifonctions imprimantes. Ce n'est qu'une suite logique dans la feuille de route des produits que nous avons. Nos partenaires et nos distributeurs sont d'ailleurs convaincus par le produit. Comment les ventes HP se portent-elles au Maroc ? Nous restons numéro un dans de nombreux segments, notamment les imprimantes, télécopieurs, PC portables, ordinateurs de bureau, serveurs... Sinon, nous sommes numéro deux sur le segment «réseaux». Comme vous le savez, nous venons de racheter 3 Com et nous intégrons donc ce nouveau créneau. Dans une approche plus globale, il convient de souligner que HP ne peut pas réussir seule. Le métier de l'information est très lié à l'écosystème dans lequel il opère. Nous opérons dans de nombreux domaines, nous ne pouvons donc pas prétendre avoir une force commerciale capable de cibler le travail sérieusement dans tous les domaines ou comptes nommés. J'entends par là les grandes entreprises, le gouvernement et les PME. Ce n'est pas notre objectif, ni notre ADN. Nous sommes là pour innover, créer de nouveaux produits pour répondre à la concurrence et surtout être proche de nos partenaires et distributeurs. En parallèle, nous essayons de focaliser sur les vraies opportunités dont le marché marocain a besoin. Quelles sont donc les premières conclusions de ce travail ? Sur le plan relation partenaires/distributeurs, le travail se passe relativement bien, même s'il reste quelques points à améliorer. Pour ce qui est des grandes structures, nous avons conclu qu'elles avaient besoin de solutions dans trois domaines essentiellement. Le premier, à savoir le cloud, devient une nécessité, dans la mesure où nous ne pourrons pas rester dans ce que nous appelons l'informatique traditionnelle. Les serveurs de stockage deviennet très vite hétérogènes en termes de marque, de stockage et de fonctionnalité, ce qui conduit 70% des entreprises à gérer l'opérationnel au moment où elle devraient se focaliser sur l'innovation et le développement. L'objectif de HP est donc de garantir cette liberté d'accès aux données de manière plus simple, pour libérer les énergies des entreprises, qu'elles pourront employer sur leur vrai métier. Dans un deuxième temps, nous nous focalisons sur la sécurité. Le troisième axe stratégique que nous développons est la gestion de l'information. Aujourd'hui, il y a une prolifération de données énormeq ui nécessite une gestion particulière. HP inverstit de nouveaux segments du business en plus des imprimantes et PC. Dans le CA global de HP, quelle est donc la part de chaque produit ? Chaque segment représente le tiers du CA. Cependant, il convient aussi de distinguer les métiers volumes des métiers valeur. HP opère notamment dans le conseil et nous avons énormément de consultants en systèmes d'informations pour accompagner les banques et les gouvernements dans leurs initiatives de création de data centers et ceci relève justement des métiers valeurs sur lesquels nous mettons l'accent. Quelles sont les nouveautés de HP dans ce marché là ? La nouveauté se trouve essentiellement dans les acquissions faites par HP. J'entends par là la récente acquisition de 3 Com il y a un an et demi. Nous sommes donc très présents sur le niveau réseau et nous nous rapprochons très rapidement du numéro un, qui est Cisco. Les décideurs aujourd'hui ont par là un deuxième choix dans ce domaine. Dans un deuxième temps, il y a aussi l'acquisition de 3 Par, spécialiste dans le stockage virtuel des données orientées vers les fournisseurs de services. Nous avons également acquis la société Authonomy, le leader mondial dans le traitement de l'information. Qu'est-ce qui a motivé ces acquisitions. Cela répond à une stratégie ou est-ce une question d'opportunités ? Tout cela ne relève pas du hasard. Nous avons pour objectif de développer une infrastructure convergente, en proposant des systèmes réseaux, des plateformes de stokage, etc. Pour nous donner les moyens de nos ambitions, faire des acquisitions de leaders dans ces domaines était donc nécessaire. Ce ne sont donc pas des opportunités d'achat qui se sont présentées à nous, mais plutôt une stratégie bien étudiée et opérationnelle depuis 2005. Tout ce qui a été fait depuis entre dans l'objectif d'offrir une infrastructure convergente qui répond au besoin des entreprises.