La volatilité des cours des matières premières à l'international risquent de peser sur les réalisations semestrielles des sociétés cotées. En effet, dans un contexte économique de faible croissance des volumes de vente, les fluctuations des prix des matières premières conditionnent sensiblement les niveaux de marge de plusieurs secteurs cotés plus spécialement les minières. Les derniers constats dressés par Attijari Intermediation (ATI) laissent apparaître que le secteur minier serait fortement impacté par la correction des cours de l'Argent, du Cobalt, du Plomb et du Cuivre. Ainsi, ATI anticipe pour le premier semestre de cette année une baisse des bénéfices pour l'ensemble des opérateurs miniers cotés. Cependant, pour d'autres secteurs cotés, cette instabilité des matières premières est tout autant bénéfique. Il s'agit essentiellement des secteurs du Ciment, de la Sidérurgie et de l'Agroalimentaire. Ces derniers devraient ainsi réaliser d'importantes économies sur leurs Achats de matières, particulièrement au niveau du Petcoke, de la ferraille et de la poudre de lait. Ces secteurs afficheraient une amélioration sensible de leur marge EBE/CA à fin juin 2012. Mines, après les pics... les creux Dans un contexte de baisse générale des métaux, les analystes d'ATI ont dû revoir à la baisse leurs prévisions semestrielles concernant les sociétés minières cotées. Toutefois, l'appréciation de la parité dirham/dollar US de près de 6,7%, ne serait pas en mesure de neutraliser l'impact de la baisse des prix de vente. Par opérateur, la Société Minière d'Imiter (SMI) a été fortement exposée aux fluctuations de l'Argent. Compte tenu des niveaux de couverture actuels, la quantité d'Argent spot accuserait une importante baisse soit 55% d'une année à l'autre. Par conséquent le Chiffre d'affaires spot afficherait un repli important de 58%, passant à 133 MDH à fin juin 2012. Dans ces conditions, ATI anticipe une baisse des revenus de 27,5%, limitée en partie par l'amélioration des niveaux de couverture qui s'établissent à 18,8 dollars/once au premier semestre 2012 contre 12,2 dollars/once à la même période de l'année dernière. Quant au résultat net, il afficherait une baisse de 24,5%, à 200 MDH à fin juin 2012. Si le recul des bénéfices de la SMI est du moins justifié, il serait évident que sa maison-mère en l'occurrence Managem verrait ses réalisations affectées. Pour ATI, le résultat net part du groupe (RNPG) devrait accuser d'un repli de l'ordre de près de 6% d'une année à l'autre. Parallèlement, la baisse de l'activité du Cobalt conditionnerait directement le CA du groupe minier de 15,2%, passant de 273 MDH à 231 MDH à fin juin 2012. Toutefois, il est à signaler que la bonne tenue de l'activité aurifère, notamment suite à l'entrée en production de la mine de Bakoudou, dégagerait un chiffre d'affaires additionnel de 174 MDH l'équivalent de 0,4 tonne d'or. Par ailleurs, dans l'hypothèse où la Compagnie Minière de Touissit (CMT) ne pourrait augmenter sa production à court terme et en l'absence d'une communication du management sur sa politique de couverture en 2012, les résultats de l'opérateur au premier semestre seraient fortement exposés à la volatilité de trois métaux que sont : le Plomb, l'Argent et le Zinc. Dans la foulée, ATI anticipe un recul des revenus de 7,7% à 324 MDH. Quant au résultat net, celui-ci afficherait une baisse plus prononcée de 10,6% à 176 MDH sur la même période. Le ciment sous performe le marché Au terme du premier semestre 2012, le secteur du ciment enregistre une croissance des ventes de 9,1% en comparaison à la même période de l'année précédente. Cependant, avec un nouvel entrant toujours en phase de positionnement, les opérateurs cotés devraient sous-performer la croissance du secteur. Toujours est il que l'allègement de la facture énergétique sur le premier semestre 2012 aurait été bénéfique à l'ensemble des cimenteries cotées qui verraient leurs niveaux de marge s'améliorer. Pour Holcim, ATI met en évidence l'hypothèse d'une quasi-stagnation du poste Achats adossée à une croissance soutenue du chiffre d'affaires à 5%. D'où une sensible amélioration de la marge EBE/CA. Celle-ci gagnerait 1,8 point, passant à 44,8% au à fin juin. Dans ces conditions, le RNPG progresserait de 13% à 483 MDH. Concernant Ciment du Maroc, ATI a pris compte d'une croissance des ventes de 4% au premier semestre 2012. Cette évolution devrait améliorer la marge d'EBE/CA de 2,6 pts à 46,5%. «Cette performance est liée essentiellement aux économies de charges réalisées sur les Achats de Petcoke», souligne les analystes. Au final, le RNPG pour le premier semestre croîtrait de 10,5% à 634 MDH Dans le même sillage, Lafarge profiterait d'une croissance de son chiffre d'affaires de 4% adossée à une stabilisation relative de ses Achats de matières. Par conséquent, l'opérateur devrait améliorer sa marge d'EBE/CA de 1,6 pts, passant à 53,5% à fin juin. Le RNPG, pour sa part s'apprécierait de 7,9% à 932 MDH sur la même période. Agroalimentaire, la baisse des cours profite aux opérateurs Les anticipations d'Attijari Intermédiation sur ce secteur ressortent relativement disparates. Si Centrale laitière et dans une moindre mesure Lesieur profitent de la baisse des principales matières premières agricoles, Cosumar, elle, devrait être pénalisée par une hausse sensible de ses importations en sucre brut. L'opérateur Centrale Laitière devrait profiter au premier semestre 2012 d'une part de la progression des ventes est soutenue par les efforts marketing du groupe déployés et d'autre part de la correction des cours de la poudre de lait à l'international de 16,8% au cours des six premiers de l'année. Selon les analystes, la croissance du chiffre d'affaires est estimée à 6,5% pour une progression de la marge d'EBE/CA de 3,4 points passant à 20,7%. Dans la foulée, le RNPG progresserait de 39,4% à 315 MDH sur la même période. Sur un autre registre, la baisse des cours de l'huile de soja de 5,4% au premier semestre 2012 ne devrait pas profiter pleinement à Lesieur. En effet, « l'appréciation du dollar de 6,7% par rapport au dirham sur la même période neutraliserait la baisse du prix de cet intrant à l'international», note les analystes. Dans ce contexte, l'amélioration relative des résultats du groupe serait soutenue essentiellement par la progression de ses ventes. Celles-ci devraient afficher une hausse de 6,6%. Pour le RNPG, les analystes anticipent un retour à l'équilibre, après le déficit de 42 MDH du premier semestre 2011. Dans la mesure où les cours du sucre brut ont un effet neutre sur les résultats de Cosumar, le rehaussement des volumes importés de 11,2% et l'appréciation de dollar de 6,7% seraient à l'origine du repli des résultats de l'opérateur. «Nous anticipons une hausse du poste Achats de 7,6% contre une croissance des revenus de seulement 4%». Au final, le RNPG accuserait un recul de 10,6%, passant de 364 MDH à 281 MDH sur la même période. Sonasid reprend du souffle Face à la stabilisation temporaire des prix de vente sur le marché marocain, les réalisations du groupe Sonasid durant les six premiers mois de l'année devraient tirer profit de deux principaux facteurs. Premièrement, la poursuite de la croissance des ventes du rond à béton de l'ordre de 5% au premier semestre, se voit en ligne avec celle du secteur des BTP. De ce fait, le chiffre d'affaires du sidérurgiste afficherait une progression de 4,1% à 2,8 MMDH. Second facteurs, le repli des cours de la ferraille au niveau international. Cette situation devrait permettre à la Sonasid de réduire le poids de ses Achats dans le chiffre d'affaires, passant selon les estimations d'ATI de 81,4% en juin 2011 à 79,6% à la même période de cette année. Dans ces conditions, la marge EBE/CA progresserait de 1,8 pts, passant de 9% à 10,8%. Au final, le RNPG croîtrait de 27 MDH, à 120 MDH sur la même période.