«Le 5e sommet «Africités» est une grande chance pour l'Afrique». Ces mots sont ceux de Jean-Pierre Elong Mbassi, le secrétaire général de Cités et gouvernements locaux unis d'Afrique (CGLUA). Et il a certainement raison. Les 5 journées de Sommet, qui se tiendra du 16 au 20 décembre 2009 à Marrakech seront, sans conteste, des moments forts pour l'ensemble des participants à cette la manifestation d'envergure internationale. «Nous avons réussi à mobiliser la majorité des cités et villes africaines», a souligné, pour sa part, Omar Bahraoui, président de l'Association nationale des collectivités locales du Maroc (ANCLM). «Africités», dans cette 5e session, se tiendra en fait cette année sur le thème «la réponse des collectivités locales et régionales d'Afrique à la crise globale: Promouvoir le développement local durable et l'emploi». Ces journées panafricaines des collectivités locales devraient réunir quelque 5.000 participants représentant une cinquantaine de pays d'Afrique et d'autres régions du monde. Pour Adnane Benabdellah, le représentant de la ville, en l'occurrence Marrakech et son maire, Fatima-Zahra Mansouri, «cette rencontre mondiale associe les efforts des ministres, des élus et des partenaires économiques pour trouver des solutions à travers les collectivités locales». D'ailleurs, ces dernières jouent un rôle majeur dans la politique de proximité et le développement durable. Des rencontres tripartites Le Sommet «Africités», qui se tient tous les trois ans, constitue à plus d'un titre la plus importante plateforme de dialogue et de réflexion sur la décentralisation, la gouvernance et le développement des collectivités locales en Afrique. Espace de débat sur les politiques de décentralisation et de gouvernance locale en Afrique, et lieu d'échange des expériences et du savoir-faire, cet événement réunira cinq jours durant, ministres, maires, autorités locales et gouvernementales, responsables des associations nationales et représentants d'organisations internationales. Le sommet connaîtra aussi la participation des délégués des institutions et agences de coopération de financement, ainsi que des représentants de la société civile et du milieu professionnel, académique et universitaire. Les différentes sessions du sommet s'articuleront autour de trois volets, à savoir «quelles réponses locales à la crise mondiale ?», «comment construire une action conjointe avec les autres parties prenantes pour mettre en œuvre ces réponses ?» et «comment traduire ces réponses en stratégies locales ?». Pour rappel, l'organisation Cités et gouvernements locaux unis d'Afrique est, officiellement, née en mai 2005 à Tshwane (Prétoria), en Afrique du Sud. Ses membres sont les associations nationales de collectivités locales et les villes. Le CGLUA est le chapitre africain de Cités et gouvernements locaux unis (CGLU) qui rassemble les villes et collectivités locales du monde. C'est, depuis novembre 2008, que Rabat est le nouveau siège permanent de cette organisation. Les sommets «Africités», organisés tous les trois ans alternativement dans les différentes régions d'Afrique, constituent une opportunité pour impulser le processus de décentralisation en Afrique. Un volet politique ambitieux Les sessions politiques du Sommet «Africités» sont considérées à plus d'un titre comme le rendez-vous incontournable. Dédiées aux ministres, maires et autorités locales et régionales, ces rencontres politiques évalueront d'abord la mise en oeuvre des résolutions et recommandations des quatre précédents sommets, et examineront les propositions émises par les sessions thématiques et spéciales de cette 5e session. Un dialogue tripartite entre les représentants des ministères, des mairies, des autorités locales et des partenaires au développement, évaluera alors les possibilités et conditions de définition d'un programme stratégique de coopération pour la mise en oeuvre des résolutions et recommandations de ce sommet. Les sessions politiques, qui se tiendront tout le long des deux derniers jours, seront inaugurées par une séance plénière au cours de laquelle sera organisée une table ronde sur le thème «La crise de la globalisation vue d'Afrique». Cette table ronde fera appel à des panelistes africaines et non africaines de réputation mondiale. La rencontre des maires et des autorités locales et régionales débutera, quant à elle, par un rapport introductif sur le mouvement municipal africain et sa participation au mouvement municipal mondial. Elle discutera ensuite de la situation du CGLUA et des conditions du renforcement de son action. La rencontre des ministres sera plutôt consacrée au développement local dans les alternatives à la crise globale. Elle discutera ensuite les 10 recommandations proposées par les sessions thématiques et spéciales du sommet et désignera la délégation des ministres à cette rencontre de dialogue tripartite. Une solidarité encore à l'épreuve C'est pendant la dernière journée de cette manifestation mondiale que se tiendra, enfin, la rencontre de dialogue tripartite des ministres, maires et partenaires. Elle focalisera son attention sur les partenariats et les coopérations à établir par rapport aux réponses locales à la crise. Les participants prendront connaissance d'un rapport préliminaire sur l'adaptation des programmes de coopération face à la crise. Les conclusions du sommet seront prises sous forme d'une stratégie d'appui financier qui sera discutée par l'ensemble des participants. L'objectif est d'aboutir à une coopération Sud-Sud plus efficace et plus efficiente en matière de développement local. D'ailleurs, le premier but du CGLUA est de contribuer à la réalisation d'une plus grande solidarité entre les peuples d'Afrique, ainsi qu'à l'intégration politique et socio-économique du continent. Chose qui n'a pas encore aboutie au regard de ce qui se passe aujourd'hui un peu partout en Afrique... Les affaires aussi ! En marge des grands débats sur les politiques et la gouvernance des collectivités locales, le 5e Sommet Africités de Marrakech prévoit aussi l'organisation du salon Citexpo (Salon international des affaires des villes et régions d'Afrique). Ce dernier est un espace dédié aux «entreprises», où les exposants, comme les visiteurs, peuvent nouer des relations d'affaires. Organisé dans le cadre du Sommet, Citexpo offre un espace exposition d'un minimum de 3.000 m2 pouvant accueillir quelque 500 exposants. Les exposants venus d'horizons divers présenter leurs produits, savoir-faire et meilleures pratiques. Ces exposants viennent aussi bien du secteur privé que du secteur public. Le salon attire également des associations, des ONG, des villes, des institutions de formation et de recherches, des bureaux d'études désireux de faire partager aux délégués et aux visiteurs leurs expériences en matière de décentralisation et de développement local, ou , simplement, désireux de faire découvrir leur organisation ou de faire apprécier les charmes de leur localité d'origine. Des ambitions «sommistes» sur 15 ans Le CGLUA (cités et gouvernements locaux unis d'Afrique) a élaboré un ensemble d'objectifs confinés dans un programme générique étalé sur 15 ans. Ce programme est en fait divisé en 3 phases sur des périodes de 5 ans. La première phase se rapporte au plaidoyer et à l'interaction avec les institutions panafricaines et internationales. Pour le secrétaire général du CGLUA, Jean-Pierre Elong Mbassi, «il est impératif de faire entendre la voix de l'Afrique au niveau de l'organisation mondiale, cités et gouvernements locaux unis». Pour lui, il s'agit surtout de défendre les intérêts des collectivités locales africaines au niveau du continent et à l'échelle internationale. Parmi les recommandations du CGLUA, la reconnaissance de cette dernière par l'Union africaine et l'élaboration d'une charte africaine de la gouvernance locale afin que la décentralisation se fasse en Afrique dans une optique de convergence. Le plaidoyer de cette instance mondiale vise à ce que les collectivités locales aient un accès direct aux marchés financiers... Le deuxième pilier majeur prône l'assistance des membres du CGLUA par le renforcement de leurs capacités, sachant que la formation reste une priorité pour l'organisation. L'idée est d'apporter une aide aux membres pour qu'ils puissent intervenir dans les problématiques de paix et de sécurité en mettant l'accent sur la coopération transfrontalière décentralisée. «Les collectivités locales situées le long des frontières seront les briques de base de l'intégration régionale», explique Elong Mbassi... Le lien entre ces deux premiers piliers est donc nettement identifié : l'organisation d'évènements, de dialogues entre les institutions nationales, continentales, panafricaines et les collectivités locales. Le troisième et dernier volet concerne le développement institutionnel. Pour le secrétaire général du CGLUA, le fonctionnement de ce dernier est plutôt très simple : «Le siège, installé à Rabat, coordonne l'ensemble des actions des représentations régionales de l'organisation. Elles coordonnent à leur tour la mise en oeuvre du programme par les collectivités locales et leurs associations nationales. Pour rappel, le siège permanent des cités et gouvernements locaux unis d'Afrique a été inauguré en 2008 à Rabat. La cérémonie inaugurale du siège permanent de cette organisation marque l'unification des associations continentales de gouvernements locaux en Afrique.