Membre de l'équipe des maladies infectieuses et médecine préventive au prestigieux hôpital espagnol Virgen Del Rocio à Séville, le professeur Younes Smani est un pur produit de l'école marocaine. Il travaille au coude-à-coude avec un réputé centre d'ingénierie spatiale pour mettre au point une machine capable de désinfecter entièrement l'aéronef et surtout éliminer les virus des sièges, sans une présence humaine. Voyager dans un avion tout en étant sûr qu'il est libre de contamination semble être un rêve en cette période de crise sanitaire. Pourtant, une équipe de chercheurs espagnols, pilotée par le Marocain Younes Smani, (Meknès 1979) s'attèle à cette tâche ardue. Membre de l'équipe des maladies infectieuses et médecine préventive au prestigieux hôpital espagnol Virgen Del Rocio à Séville, le professeur Smani est un pur produit de l'école marocaine. Il travaille au coude-à-coude avec un réputé centre espagnol d'ingénierie spatiale pour mettre au point une machine capable de désinfecter entièrement l'aéronef et surtout éliminer les virus des sièges, sans une présence humaine. Younes Smani qui a dédié sa carrière professionnelle à déchiffrer le monde des virus et des microbes a été sollicité en 2016, pour créer DrugIdea, une entreprise spin-off rattachée aux laboratoires de l'Université de Séville pour développer des antiviraux et des antibactériens. Quand la crise sanitaire a éclaté, il a été appelé au front pour mener cette lutte contre ce dernier virus. «Outre notre apport au secteur de l'aéronautique, il est question aussi de mener des recherches auprès des personnes atteintes de pneumonie pour mesurer les dégâts d'une infection au Covid-19 sur ces patients et ceci dans le but de tester des médicaments initialement prescrits pour d'autres maladies et en évaluer l'efficacité contre le Covid-19», étaye-t-il. En somme, la pandémie a insufflé une nouvelle vie au monde des recherches scientifiques, admet volontiers le chercheur marocain. «Les financements pleuvent et tendent tous vers un seul objectif, celui d'éliminer le virus dans des patients ou sur des surfaces abiotiques», ajoute le biologiste marocain. De fait, l'Etat espagnol a débloqué une enveloppe budgétaire de 4 millions d'euros pour mener des recherches sur le Covid-19. À cela s'ajoute l'apport non moins important des ministères régionaux en charge de la recherche scientifique. «Les fonds ne manquent plus à présent certes. Toutefois, le temps n'est pas notre meilleur allié», affirme-t-il mais à en croire ce spécialiste, la propagation d'un virus aussi dévastateur que le Covid était une question de temps. «Dans le milieu scientifique, l'on savait qu'une pandémie dévastatrice allait se produire. Nous avions eu des alertes avec le Sars puis Ebola et ensuite la grippe A. Nous estimons que durant les prochaines années, nous allons avoir des pandémies suivant un rythme cyclique. Une chose somme toute normale au vu de la croissance de la démographie humaine, l'accélération de la mobilité, etc», souligne le chercheur marocain. Toutefois, poursuit-il, il existe d'autres facteurs d'ordre médical. Les bactéries sont devenues hyper résistantes. Plus 33.000 patients européens et 70.000 autres d'origine américaines perdent la vie à cause de la résistance aux anti-microbien, un grave problème de santé à l'échelle mondiale. «Nous vivons la même situation à présent avec le Covid-19 sauf que par exemple le taux de mortalité en Espagne à cause de cette infection est de 10,6%, le même taux de mortalité en Arabie saoudite durant l'épidémie du SARS. Reste que la propagation n'était pas aussi agressive et rapide comme c'est le cas durant cette actuelle crise», nuance le docteur en sciences des médicaments de l'université de l'Université Henri-Poincaré de Nancy. En ce qui concerne la gestion épidémiologique du Maroc, le professeur porte un regard admiratif sur les décisions prises par les autorités afin de stopper net la propagation en provenance de l'extérieur. «Comparé avec l'Espagne, le Maroc était pionnier et a su prendre les décisions au moment opportun pour éviter des pertes humaines comme celles survenues en Espagne», relève-t-il. Théorie complotiste vous dites ? «Si nous nous basons sur les données scientifiques, il est presque impossible que ce virus soit un produit des laboratoires. Un simple séquençage du génome a révélé son origine animale et l'absence de manipulation génétique. Nous sommes en train de reconstituer l'histoire de ce virus et il semblerait qu'il était là depuis un certain moment. Nous menons des études sur des patients ayant souffert d'états grippaux, accompagnés de pneumonie durant la période de l'automne», soutient le chercheur Younès Smani. Celui-ci estime que cette infection est anormale dans un cas de grippe saisonnière. À présent, il existe de forte probabilité qu'il s'agissait de cas d'infections au Covid-19 car ce pourcentage de pneumonie était anormal, tranche-t-il.